SPINOZA, ETHIQUE, TROISIEME PARTIE, « De l'origine et de la nature des affections »
Publié le 04/10/2010
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- Il est né le 24 novembre 1632 à Amsterdam, dans les Provinces-Unies (actuellement royaume des Pays-Bas ou Hollande). Il est mort à La Haye, le 21 février 1677.
- Il est né dans une famille juive appartenant à la communauté portugaise d’Amsterdam, communauté juive qui descendait de ces juifs chassés d’Espagne en 1492 par l’Inquisition, puis du Portugal en 1496. Sa famille est donc issue de toute une tradition de juifs qui se sont réfugiés en Hollande pour fuir les persécutions des chrétiens.
- Spinoza commence par étudier dans les écoles juives, il apprend l’hébreu, puis le latin. Il fréquente des juifs libéraux et se détache progressivement de l’orthodoxie juive. Il commence à s’éloigner de sa communauté, sans pour autant devenir chrétien. Devenu suspect aux chefs de la Synagogue, il est excommunié par sa communauté, soucieuse de maintenir la cohésion de la communauté juive, en 1656, à l’âge de 24 ans. Rappelons que l’excommunication est une sanction par laquelle l’autorité ecclésiastique sépare un individu de la communauté des fidèles.
- Cette excommunication s’est faite selon un rite d’expulsion violente, le herem, qui signifie la malédiction. Un juif fanatique tente même de l’assassiner en 1656. Spinoza rédigera un plaidoyer . Il choisit une rose épineuse, ainsi que l’inscription latine Caute (« méfie-toi «), comme symbole pour le sceau cachetant ses lettres. La rose épineuse évoque le nom même de Spinoza et la Sulamite (la Sulamite est le qualificatif de la bien-aimée du Cantique des Cantiques), - rose parmi les ronces, symbole de beauté heureuse et de perfection dans les religions juive et chrétienne.
- Chassé de la communuaté juive, Spinoza s’installe près de Leyde, à Rijnsburg. Il va assurer sa subsistance en polissant des verres de lunettes.
- En 1670, il s’installe à La Haye et publie Le traité théologico-politique, ouvrage explosif, considéré comme hérétique aux yeux de l’orthodoxie juive et chrétienne, en un siècle autoritaire, dans une Europe monarchiste et chrétienne.
- Dans ce livre, Spinoza défend la liberté de penser contre l’intolérance des théologiens. Pour garantir la liberté de penser, Spinoza réclame la subordination de l’autorité religieuse au pouvoir civil. Il expose également une méthode critique pour étudier les textes sacrés et nie les miracles. Spinoza propose de considérer les écritures comme un texte et non pas comme l’expression d’une inspiration transcendante et divine.
- En 1673, une chaire de philosophie lui est proposée à Heidelberg. Spinoza refuse cette chaire, craignant de ne pouvoir s’exprimer librement. Il meurt en février 1677. Son oeuvre principale, L’Ethique, est publiée l’année de sa mort.
- Comme le signale Gilles Deleuze dans Spinoza philosophie pratique, «nul philosophe ne fut plus digne, mais nul aussi ne fut plus injurié et haï «. Il fut accusé de matérialisme, d’immoralisme et d’athéisme. Qu’est-ce qui, au fond, dérangeait chez Spinoza ? Sans doute quatre points importants :
1. La négation d’un Dieu moral, personnel, créateur et transcendant.
2. La dévalorisation de la conscience, bien avant Nietzsche et Freud : la conscience est naturellement le lieu d’une illusion ; elle recueille des effets mais elle ignore les causes.
3. La critique de l’objectivité des valeurs et la dévalorisation des valeurs du bien et du mal au profit du « bon « et du « mauvais «.
4. Critique de l’ascétisme, dévalorisation des passions tristes : il n’y a pas de vice ou de péché dans la nature. Spinoza ne cesse de dénoncer trois sortes de personnages : l’esclave (l’homme aux passions tristes), le tyran (l’homme qui exploite ces passions tristes), le prêtre (l’homme qui s’attriste sur la condition humaine et les passions de l’homme en général).
- La philosophie spinoziste, comme nous allons le voir, est une philosophie de la vie qui dénonce tout ce qui nous sépare de la vie, notamment ces valeurs transcendantes comme le bien, le mal, le mérite, le péché, le rachat qui sont tournées contre la vie et qui sont liées aux conditions et aux illusions de notre conscience. Toute l’oeuvre de Spinoza insiste sur le fait que ce qui empoisonne la vie, c’est la haine et la culpabilité.
INTRODUCTION I) LA VIE ET L’OEUVRE DE SPINOZA (1632-1677) II) PRESENTATION DE L’ETHIQUE : LA SIGNIFICATION DE L’OEUVRE III) LA TROISIEME PARTIE DE L’Ethique, PRESENTATION ETUDE DE LA TROISIEME PARTIE DE L’ETHIQUE : « De l’origine et de la nature des affections « PREAMBULE - NOTIONS ET PRINCIPES DE BASE – DEFINITIONS ET POSTULATS I) LES BASES NATURELLES DE L’AFFECTIVITE (PROPOSITIONS 1 A 11) A) ACTIVITE ET PASSIVITE (PROPOSITIONS 1 A 3) B) LE CONATUS (PROPOSITIONS 4 A 8) C) LES AFFECTS PRIMAIRES (PROPOSITIONS 9 A 11) CHAPITRE II) LE LABYRINTHE DE LA VIE AFFECTIVE : LES MANIFESTATIONS SECONDAIRES DE L’AFFECTIVITE ET LA FORMATION DE LA RELATION D’OBJET (PROPOSITIONS 12 A 20) CATALOGUE RAISONNE DES AFFECTS CONCLUSION GENERALE
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yeux de l'orthodoxie juive et chrétienne, en un siècle autoritaire, dans une Europe monarchiste et chrétienne. - Dans ce livre , Spinoza défend la liberté de penser contre l'intolérance des théologiens.
Pour garantir la liberté de penser, Spinoza réclame la subordination de l'autorité religieuse au pouvoir civil.
Il expose également une méthode critique pourétudier les textes sacrés et nie les miracles.
Spinoza propose de considérer les écritures comme un texte et non pas commel'expression d'une inspiration transcendante et divine. - En 1673, une chaire de philosophie lui est proposée à Heidelberg.
Spinoza refuse cette chaire, craignant de ne pouvoirs'exprimer librement.
Il meurt en février 1677.
Son oeuvre principale, L'Ethique , est publiée l'année de sa mort. - Comme le signale Gilles Deleuze dans Spinoza philosophie pratique , «nul philosophe ne fut plus digne, mais nul aussi ne fut plus injurié et haï ».
Il fut accusé de matérialisme, d'immoralisme et d'athéisme.
Qu'est-ce qui, au fond, dérangeait chezSpinoza ? Sans doute quatre points importants : 1.
La négation d'un Dieu moral, personnel, créateur et transcendant. 2.
La dévalorisation de la conscience, bien avant Nietzsche et Freud : la conscience est naturellement le lieu d'une illusion ; ellerecueille des effets mais elle ignore les causes. 3.
La critique de l'objectivité des valeurs et la dévalorisation des valeurs du bien et du mal au profit du « bon » et du« mauvais ». 4.
Critique de l'ascétisme, dévalorisation des passions tristes : il n'y a pas de vice ou de péché dans la nature.
Spinoza ne cessede dénoncer trois sortes de personnages : l'esclave (l'homme aux passions tristes), le tyran (l'homme qui exploite ces passions tristes), le prêtre (l'homme qui s'attriste sur la condition humaine et les passions de l'homme en général). - La philosophie spinoziste, comme nous allons le voir, est une philosophie de la vie qui dénonce tout ce qui nous sépare de la vie, notamment ces valeurs transcendantes comme le bien, le mal, le mérite, le péché, le rachat qui sont tournées contre lavie et qui sont liées aux conditions et aux illusions de notre conscience.
Toute l'oeuvre de Spinoza insiste sur le fait que ce quiempoisonne la vie, c'est la haine et la culpabilité .
II) PRESENTATION DE L'ETHIQUE : LA SIGNIFICATION DE L'OEUVRE
1) Le projet général - Spinoza se demande quelle est la signification et le but de l'existence .
Considérant la vanité des objets auxquels aspirent communément les hommes (le plaisir, la richesse, les honneurs), n'y a-t-il pas un Bien solide , capable de combler l'âme, de l'emplir à lui seul d'une joie stable ? Spinoza se demande par quelle méthode on peut parvenir à la connaissance d'un tel Bien. - Le spinozisme est une éthique : recherche des principes permettant d'orienter la vie et l'action vers la joie extrême.
Cette éthique est une philosophie du bonheur (un eudémonisme), opposée aux religions monothéistes et dualistes du péché et del'ascétisme.
Le vrai bien est épanouissement et jouissance de la joie. - Cette philosophie a une signification et un enjeu existentiels : il s'agit pour Spinoza de conduire son lecteur, c'est-à-dire toutindividu, vers le salut et la liberté, si l'on entend par salut et liberté la délivrance par rapport à la servitude des passions. 2) La structure de l'Ethique - L'Ethique est un traité en forme géométrique , qui, partant d'un petit groupe de définitions et axiomes, explique la nature de Dieu et de l'âme humaine et recherche par là même les voies de la libération de l'homme soumis au chaos de la vieaffective.
L'outil de cette libération est l'intellect qui concentre la puissance propre de l'homme.
La marche à suivres'impose : connaître les causes de la servitude de l'homme et en déduire les moyens de la combattre . - Mais la véritable connaissance doit obéir aux règles de l'ordre géométrique selon lequel l'Éthique est démontrée.
Ainsi unréseau complexe de définitions, axiomes, propositions accompagnées de leur démonstration et de commentaires – les scolies– nous conduira sur le chemin de la béatitude qui réside dans l'amour intellectuel de Dieu ; ce chemin est difficile, mais“ comment pourrait-il se faire, si le salut se trouvait sous la main et que l'on pût le découvrir sans grand labeur, difficile autant.
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