SOUVENIRS SUR TOLSTOÏ Maxime Gorki (Résumé et analyse)

Souvenirs de l’écrivain russe Maxime Gorki (Alexeï Maxiniovitch Pechkov, 1868-1936), faisant partie d’un recueil qui comprend par ailleurs des notes sur Andréev et Tchékhov. Les souvenirs sur Tolstoï sont de loin les plus intéressants, tant à cause de la personnalité dont l’auteur nous entretient que par la qualité du témoignage qui y est porté. Gorki rencontra Tolstoï en 1900, alors que ce dernier venait d’atteindre les soixante-dix ans. Retiré ensuite à Capri, c’est là qu’il apprit en 1910 la fuite tragique du vieil écrivain et que, sur le coup de l’émotion, il écrivit la plus grande partie de ces Souvenirs. Pages brèves, mais si riches qu’on les peut considérer comme un des modèles du genre. Pour être vrai dans son portrait, Gorki possédait deux avantages : d’abord la sympathie, la vénération pour son modèle. L’admirable et majestueuse vision du patriarche sur une plage de Crimée montre bien quel enchantement Tolstoï exerça sur l’auteur. Mais d’autre part, Gorki est rien moins qu’un fanatique du maître : s’il aime, il reste lucide ; il n’œuvre point pour perpétuer la religion d’une secte et, s’il respecte le génie de Tolstoï, sa pensée lui est à peu près insupportable. Comment, en effet, le révolutionnaire se fut-il accommodé de cette doctrine du non-agir, de ce fatalisme et de cet humanitarisme à saveur mystique qui représentent à ses yeux une des principales tares de la Russie d’alors ? Tolstoï, heureusement, paraît s’être facilement accommodé des réticences de son cadet : devant Gorki il ne jouera point son grand rôle de prêtre de l’Humanité et il lui fera grâce de ses homélies.