Soirées de Saint-Pétersbourg (les) ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence de Joseph de Maistre
Publié le 27/10/2018
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Soirées de Saint-Pétersbourg (les) ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence. Ouvrage philosophique et politique de Joseph de Maistre (1753-1821), publié à Paris à la Librairie grecque, latine et française en 1821.
Ambassadeur de Piémont-Sardaigne auprès de la cour de Russie de 1803 à 1817, le théoricien contre-révolutionnaire des Considérations sur la France (1797), qui vient de couronner sa doctrine par le principe d'une théocratie papale et une vibrante apologie de l'ultramontanisme (Du pape, 1819), livre ici une sorte de testament philosophico-politique, qui ne connaîtra qu'une publication posthume. Restés célèbres par leur glorification du bourreau, ces Entretiens, publiés avec un « Éclaircissement sur les sacrifices », rassemblent en formules saisissantes l'essentiel de la pensée de Joseph de Maistre.
Les onze entretiens se déroulent pendant les longs crépuscules de l'été 1809, dans une petite maison de campagne sur les bords de la Néva entre un comte (l'auteur), un sénateur russe et un chevalier français. Réfutant les principes fondateurs de la philosophie des Lumières, la discussion porte sur la définition du pouvoir. La Provi dence dirige les hommes en dépit d'eux mêmes. Toute l'Hirtoire se résume en une suite d'événements qui ne trouvent leur sens qu'à la lumière de la Révélation (« Cet ordre de choses est juste par des raisons que nous ignorons »), et s'épuise en un permanent sacrifice où l'humanité expie le péché originel, « dégradation primitive ». Guer res (« Les fonctions du soldat sont terribles, mais il faut qu'elles tiennent à une grande loi du monde spirituel »), calamités (« Tout homme, en qualité d'homme, est sujet à tous les malheurs de l'humanité »), mort de l'innocent, tout doit se comprendre comme un rachat et une purification.
«
(1 79 7), qui vient de couronner sa
do ctrine par le principe d'une théocra
tie papale et une vibrante apologie de
l'u ltramonta nisme (Du pape, 1819),
livre ici une sorte de testament philo
sophico-p olitique, qui ne conn aîtra
qu'une publication posthu me.
Restés
célèbres par leur glorification du bour
reau, ces Entretiens, publiés avec un
« Écl aircissement sur les sacrifices »,
ras semblent en formules saisissantes
l' esse ntiel de la pensée de joseph de
Ma istre.
Les onze entretiens se déroulen t pend ant les
lon gs cré puscules de l'été 1809, dans une petite
maison de cam pagne sur les bords de la Néva
entre un comte (l'aut eur), un sénateur russe et
un chev alier français.
Réfutant les prin cipes fonda
teurs de la phi losop hie des Lumièr es, la discus
sion porte sur la définition du pouv oir.
La Provi
dence dirige les hommes en dépi t d'eu x mêmes.
Toute l'Histoire se rés ume en une suite d'événe
men ts qui ne tro uvent leur sens qu'à la lumi ère
de la Révélation («Cet ordre de choses est juste
par des raisons que nous ignorons»), et s'épuise
en un perm anent sacrifice où l'huma nité expie le
péché originel, « dégradation primitive ».
Guer
res ( « Les foncti ons du solda t sont terribles, mais
il faut qu'elles tiennent à une grande loi du
monde spirituel »), calam ités(« Tout homme, en
quali té d'homme, est sujet à tous les malheurs
de l'huma nité»), mort de l'innocent, tout doit se
compr endre comme un rachat et une purifica
tion.
La peine de mort et l'office du bourreau
valent non seulemen t comme châtiment d'un
cr ime particuli er, mais surtout comme celui d'un
forfait plus général et plus abom inable : la non
reconnais sance de la puissance divine.
La circula
tion du sang versé témoigne de la gestation d'une
théocratie, gouvernemen t parfait selon la loi de
Dieu.
Essentiellement tragique, l'Histoire mani
feste une tension entre la tenta tion du mal et le
travail mystérieux de la Pro vidence, douloureux
trajet vers la réd emp tion.
Le monde s'avère un
immense autel constam ment souillé de sang
sacrifi ciel.
La pensée de Maistre est une apolo
gie du mal nécessaire, conçu comme
manifestati on divine du châtiment.
Celui-ci n'est plus arbitraire.
S'il reste terrifiant,
il est justifié, et compréhen
sib le, à condition de s'en remettre à
une Providence omniscie nte.
Le pou
voir se révèle intrinsèquement répres
sif, et le bourreau est bien un exécuteur
des « hautes » œuvres.
La puissance
divine définit la répartition et l'éq uili
bre du bonheur et du malheur.
À Dieu,
l'on ne peut qu' adresser une seule
prière : que sa volonté soit faite, et elle
est alors efficace comme cause
seconde.
Lisible dans le sang dont le
pe rpétuel épanchement rythme l'His
toire, le christianisme est mystique
ment fondé sur le sacrifice sanglant du
Christ .
La Passion fut régénération,
«s alut par le sang ».
Sang et sens : là
est la clé du monde.
L'horreur s'avère
instance de vérité.
Paradoxales ou rageuses, élégantes
ou impitoyablement raisonneuses, les
propositions maistriennes tiennent du
sophisme provocateur, de l 'arti cle de
foi et de la démonstration imparable.
Si, selon le mot de Cioran, « la justifi
cation de la Providence, c'est le don
quichottisme de la théolog ie», Maistre
est le chantre du Dieu terrible, et ses
âpres accents exhortent l'homme à
aimer ce qu'il ne comprend pas et qu'il
doit servir aveuglément, puisqu'aussi
bien il n'y peut rien changer, sauf
à désesp érément s'illusionner.
Une
« loi éternelle » con fère la liberté à
l' homme : «A yant été créé libre, il est
mû librement.
» La créature humaine
ne peut pourtant exercer cette liberté
ontologique que dans sa seule sphère,
sans pouvoir déranger les plans géné
raux de la Prov idence .
On devine la fascination que purent
exercer une telle vision traduite dans
un style éclatant, de telles perspectives
cosmiques, de tels anathèmes.
Pour un
Baudelaire qui avoua sa dette, combien
d'écr ivains la turent, alors qu'ils
fécondèrent leur imaginaire de ces ful
gurances ?.
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