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Soeren KIERKEGAARD 1813-1855 Le Concept d'angoisse

Publié le 24/09/2016

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kierkegaard

Commentaire La question centrale que travaille Kierkegaard, à travers Le Concept d'angoisse, mais plus généralement à travers toute son oeuvre, c'est la subjectivité. Au-delà du contexte religieux, contexte dans lequel s'est inscrite sa propre existence, la question du subjectif, c'est-à-dire celle de la place de l'individu en tant que sujet singulier, reste un point de départ pour de nombreuses philosophies ultérieures. Comment la subjectivité peut-elle se dissoudre dans l'histoire ? Comment peut-elle être niée par les institutions ? Ces questions restent d'actualité. Ce n'est pas étonnant qu'à côté d'un philosophe chrétien comme Gabriel Marcel, qui devait trouver tout naturellement les fondements de son existentialisme dans Kierkegaard, des philosophes se démarquant complètement de la religion comme Sartre, Heidegger, Jaspers, Lukacs aient ressenti le besoin de travailler la pensée de Kierkegaard. Il y a, chez Kierkegaard, une irréductibilité de la singularité. Sans nier l'humanité, la généalogie à partir d'Adam, Kierkegaard montre bien que l'homme rejoue toujours sa liberté dans le saut qui le fait passer de l'innocence au péché. Sa réhabilitation du subjectif a été telle qu'elle a fait naître tout un mouvement philosophique où la subjectivité a pu apparaître comme impudique à tel point qu'elle a suscité par réaction une séduction des systèmes réintroduisant l'universel (néo-hégélianisme, marxisme...). Kierkegaard invente aussi une forme nouvelle de la philosophie que l'on pourrait qualifier de violente. Kierkegaard philosophe avec un marteau. Il provoque un scandale permanent, il s'oppose à tout. Son ton annonce Nietzsche ou le Marx de L'Idéologie allemande. Cette dureté surgit en lui lorsqu'il refuse l'éthique. Sa polémique avec la philosophie spéculative semble supposer une « subjectivité comme tendue sur elle-même, l'existence comme un souci qu'un être prend de sa propre existence et comme un tourment pour soi » (E. Levinas, Kierkegaard vivant, p. 233). L'éthique, pour Kierkegaard, signifie le général. La singularité de l'individu se perdrait pour lui sous la règle valable pour tous. La généralité ne peut ni contenir, ni exprimer le secret du moi. Peut-être l'éthique n'est-elle pas cela ? Peut-être Kierkegaard ne voit-il pas la question du rapport à l'autre, la responsabilité unique qui se pose à l'individu lorsqu'il peut apporter à l'autre quelque chose que personne d'autre ne peut lui apporter ? Mais peut-être est-ce le terrain de ce que Kierkegaard nomme la « seconde éthique » ? Le christianisme à réinventer En fait, Kierkegaard s'affronte à l'institution religieuse qui a oublié sa prophétie. Le christianisme, au moment où il entre dans la vie, était devenu une « manière de se tenir dans la vie à l'usage de tout le monde » (Beauffret, p. 257). Pour Kierkegaard, le christianisme redevient « l'enjeu d'une réinvention passionnée, passionnelle » (idem). A la manière de Pascal, par rapport à Descartes, Kierkegaard réinvente le christianisme contre le destin que lui a fait Hegel. De ce point de vue-là, également, Kierkegaard a influencé l'évolution du rapport au religieux.

kierkegaard

« L'affaire du Corsaire C'est à ce moment que survient l'affaire du Corsaire.

Cette feuille, d'après les autorités, corrompt la population en se moquant des « hommes respectables et pacifiques qui servent l'Etat en s'acquittant honnêtement chacun à sa tache ».

Kierkegaard craint, parce que cette feuille a fait son éloge par ailleurs, que l'on puisse croire qu'il est l'auteur de telles moqueries.

Il exige de se faire insulter par Le Corsaire.

Celui -ci, sous la plume de Moller, lui donne satisfaction : il se moque des fiançailles « dialectiques » de Kierkegaard, lui reprochant d'avoir jeté en pâture au public, dans « Coupable-Non coupable ? », sa relation avec Régine, et ironise sur le goût morbide de celui qui considérait sa vie comme une « salle de dissection » et lui-même comme un « cadavre ». Kierkegaard ne supporte pas cette attaque.

Il réagit immédiatement.

Une nouvelle vie commence alors pour Kierkegaard qui ne peut plus se promener en ville, comme il aimait à le faire, sans être la risée de la population.

Il cherche à nouveau refuge à Berlin, mais, à son retour, il ne parvient plus à s'adapter à la vie de Copenhague.

Il est persuadé que les hommes, devenus « masses », se soumettent à la bestialité.

Il voit dans l'épreuve qui lui est imposée le châtiment de ses péchés.

Il écrit alors des ouvrages autour de la question chrétienne.

Le christianisme lui apparaît comme un appel à la pénitence, s'adressant à chaque individu pour qu'il renonce au monde du péché et reçoive le pardon.

Ses écrits seront ignorés par l'Église.

L'évêque de Copenhague, Mynster, un ami de son père, qui garde une grande estime pour l'oeuvre de Kierkegaard, refuse de le recevoir.

Kierkegaard le prend comme cible, tout en ménageant ses attaques à son endroit. A la mort de Mynster, Kierkegaard publie une série d'articles dans L'Instant, son journal, contre l'Église qui préfère la gloire du monde au martyre, sans même prendre conscience de la distance qui la sépare de son idéal. « Dans ces numéros, la dissociation du devenir-chrétien et du christianisme, le statut de l'Église luthérienne et le pouvoir des prêtres sont dénoncés sur un ton d'une extrême virulence, rejoignant certains aspects des critiques athées de la religion : le plus vil mensonge de la part des prêtres, qui y ont trouvé leur compte, est de présenter un christianisme édulcoré et inoffensif devenu incapable d'engager personnellement l'existence » (O.

Cauly, p.

23-24). Kierkegaard meurt le 11 novembre 1855, au moment où il prépare le dixième numéro de L'Instant qui ne peut paraître. Résumé Le Concept d'angoisse a la forme d'un traité.

Il se donne pour objet, sous l'angle psychologique, l'étude des conditions de possibilité, en l'homme, d'un péché.

Le concept de péché avait déjà été posé par Kierkegaard dans les Miettes philosophiques (1844). Tout problème scientifique a besoin de trouver sa place dans le cadre général de la science.

De quelle science relève le péché ? Par opposition à la philosophie classique « dont l'essence est l'immanence ou, comme disaient les Grecs, la réminiscence », Kierkegaard fait appel à l'idée d'une « secunda philosophia » dont l'essence serait « la transcendance ou la répétition ».

En effet, « le péché n'appartient en propre à aucune science ».

Si la dogmatique pose le concept, il reste à penser la manière dont l'individu va vivre le péché.

Ce vécu ne peut être pris en compte que par une éthique qui puisse imposer à l'Individu sa tâche.

La dogmatique expose l'idée de péché, la psychologie en étudie la réalité vécue.

Le psychologue n'a pas à penser la possibilité du péché, mais sa réalité : « Dès le péché posé, l'éthique intervient sur-le -champ et le suit pas à pas.

De savoir comment il est né, elle n'a cure, sa seule certitude, c'est que le péché est entré dans le monde comme péché.

Mais encore moins que de ses origines, l'éthique s'occupe de l'évolution sourde du possible du péché.

» « Au fond, le concept du péché n'a sa place dans aucune connaissance, seule la seconde éthique peut traiter ses manifestations mais non ses origines.

Dès qu'une autre science veut l'exposer, le concept s'obscurcit.

» I.

L'angoisse, condition préalable d'un péché originel (héréditaire en danois), et moyen rétrograde d'en expliquer l'origine L'individu participe du genre humain.

Il en est intimement solidaire, de même que le genre humain est entièrement solidaire de tout individu : « La perfection personnelle consiste à participer sans réserve à la totalité.

Nul individu n'est indifférent à l'histoire du genre humain, pas plus que celui-ci ne l'est à celle de l'individu.

». »

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