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Siècle de LOUIS XIV (le) de Voltaire (résumé et analyse de l'oeuvre)

Publié le 27/10/2018

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Siècle de LOUIS XIV (le). Essai historique de François Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), publié à Berlin chez Henning en 1751.

 

C'est en mai 1732 que Voltaire songe à écrire une histoire du règne de Louis XIV. Il rassemble des documents, mais ne s'attelle à l'ouvrage qu'en juin 1735 à Cirey. En décembre, il en est à la bataille de Hochstedt. Il communique un manuscrit à Frédéric de Prusse en 1738, envisage une publication en Hollande. À titre d'essai, il intercale deux chapitres dans un Recueil de pièces fugitives en 1739. La police en opère la saisie, le conseil d'État en ordonne la suppression. Il a défini son propos, qu'il expose dans une lettre à l'abbé Dubos : faire « l'histoire de l'esprit humain, puisée dans le siècle le plus glorieux à l'esprit humain ». Il écrit des

Anecdotes en 1746, emporte tous les matériaux qu'il a accumulés lorsqu'il part pour Berlin en juin 1750. Il y travaille « soir et matin » et, en mai 1751, il a achevé ce « grand bâtiment ». Le Siècle sera publié à Berlin, chez le libraire du roi, Henning, et sous la direction d'un conseiller aulique, M. de Francheville. Voltaire fut mécontent de cette édition, où il avait imposé une nouvelle orthographe. Il s'efforce d'obtenir au moins une permission tacite pour une publication en France. Il envoie maintes corrections, demande même en avril 1752 qu'on empêche l'édition Henning d'entrer en France. Ses efforts sont inutiles. Une nouvelle édition, plus ample que la première, commencée en avril 1752, est confiée à Walther à Dresde. La Beaumelle, avec lequel Voltaire s'est brouillé, publie une édition accompagnée de notes critiques. Dès 1753 paraît le Supplément au « Siècle de Louis XIV», où Voltaire répond à son détracteur. De nouvelles éditions avec des additions importantes, surtout en ce qui concerne les affaires religieuses, paraissent en 1756, puis en 1768.

 

D'emblée, Voltaire annonce son intention de peindre « non les actions d'un seul homme, mais l'esprit des hommes dans le siècle le plus éclairé qui fut jamais » (chap. 1 ). Puis, en guise de préliminaires, il évoque la minorité de Louis XIV, la Fronde, l'état de la France jusqu'à la mort de Mazarin en 1661 (2-6).

 

Les débuts du règne sont marqués par des problèmes de prestige. À la mort de Philippe IV d'Espagne, Louis XIV réclame le Brabant et la Franche Comté qu'il va conquérir. La paix d'Aix la Chapelle en 1668 l'amène à se contenter d'avantages limités (8 9). La guerre de Hollande se clôt en 1678 par la paix de Nimègue. La France a soutenu une guerre générale : belle campagne de Turenne, demière bataille de Condé à Seneffe ( 1 0 13). Le déclin de la prépon dérance française commence avec la guerre qui se tenmine en 1697 par la paix de Ryswick ( 14 17), puis continue avec la guerre de la Succession d'Espagne ( 18 24). En 1709, le territoire français

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« est envahi (défaite de Malp laquet) ; en 1712 , le ma réchal de Villars remporte une brillante vic toire à Denain.

Après la paix d'Utrecht ( 1713 ), Voltaire trace un tableau de l'Eur ope jusqu'à la mort de Louis XIV.

Quatre chapitres sont consa crés à des « parti cularités et anecdotes » : magni fi cence de la vie de cour , his toire du Masq ue de Fer, disgrâce de Fouque t.

passion du roi pour Mlle de La Vallière, politique de mécéna t, triom­ phe de Mme de Mon tespan, mort d'Henr iette d' Angle terre, histoire de la mar quise de Brinvil li ers, suppli ce de la Voisin, destinée singulière de Mme de Main tenon, deuils à la cour et portrai t du roi (25 28).

Suit un aperçu de la poli tique in tér ieur e : gouve rnemen t, police, commerce, lois, armée, finances, qui rend homma ge aux mérites de Colbert (29 30).

La vraie gloir e du « Siècle de Louis XIV » écla te dans les quatre chapi tres consacrés aux scien ces et aux arts (3 134 ), qui évoquent les déco uvertes, les grandes œuvres littéraires, musi cales, artistiques de ce règne.

Le tableau s'assom brit avec les qua tre chapi tres suivants, qui traitent des dispu tes ecclési asti que s, du calvi nisme, du jansénisme, du quié tisme et, déplor ent la révoca tion de l'édi t de Nantes, les horr eurs des dragon nades et de la guer re des cami sards (35 38).

L'ouvr age se clôt avec les intrigues des mission nair es jésui tes en Chin e, où ils se sont rendus odieux (39).

La « Liste raisonnée des enfants de Lo uis XIV ».

celle des « Souv erains contempo ra ins » et des grandes personnali tés du xvue siè cle, le «C atalogue de la plu part des écriv ains fra nçais », cel ui des artistes célèbres, constituent des append ices import ants.

Au début de son ouvrage, Voltaire définit les > comme des > , Il distingue quatre siècles, tous dominés par des personnalités d'enver­ gure : Philippe et Alexandre, César et Auguste, les Médicis, Louis XIV.

S'il n'a pa s inventé ce concept de >, il lui a donné un poid s tel qu'il a mar qué la vision du xvue siècle fran­ çais.

La grandeur du souverain ne se dissocie pas de celle de son temps : Vol­ taire a élargi son point de vue depuis l'H istoire de Charles XII (1731) , conçue comme une biographie dramatique.

Le po rtrait du roi trouve place dans un siècle qui témoigne des progrès de la raison et où s'est fait .

On doit à cette orientation les parties les plus neuves : les chapitres sur les sciences et les arts, les catalogues des écrivains et des artistes.

On lui doit aussi un élargissement des persp ecti­ ves, sensible dans bien des pages, même celles qui sont événementielles.

Voltaire ne néglige pas le rôle détermi­ nant des individus, mais il s'efforce de saisir des collec tivités humaines, de faire revivre la cour, le monde ecclé­ siasti que, d'analyser les succès de l'ad ministra tion, les développements des manufactures, de la marine, du comme rce.

Ces vues philosophi ques coexistent avec des histoires de négo­ ciations, de guerres, des récits de bataille qui occupent plus de la moitié de l'ouvrage.

Doué d'un sens aigu des réalités, Voltaire sait bien qu'il est impossible de faire l'histoire de l'esprit humain sans tenir compte des événe­ ments politi ques.

Il aborde l'histoire de ce règne en homme de lettres et pense q u'il faut ''une exposition, un nœud et un dénouement dans une histoire comme dans une tragédie >>.

La gran­ deur, puis les défaites de Louis XIV, donnent au récit un rythme dramati­ q ue.

Voltaire, qui a je té l'anathème sur les détails, cette , est pourtant animé par la passion du détail vrai - à condi­ tion qu'i l soit significatif.

Il se doc u­ mente avec soin, obtient communica­ tion d'écrits manuscrits, sollicite les témoignages afin de rectifier des erreurs.

À ce sens de l'en quête se ratta­ che sa volonté démystificatrice : elle fait merv eille dans le célèbre passage du Rhin (167 2), célébré comme un prodige et qu'il réduit à de plus justes proportions.

Là où l'opinion commune. »

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