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SEXE FAIBLE (le) d'Édouard Bourdet (résumé & analyse)

Publié le 07/11/2018

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SEXE FAIBLE (le). Comédie en trois actes et en prose d'Édouard Bourdet (1887-1945), créée à Paris au théâtre de la Michodière le 10 décembre 1929, et publiée à Paris chez Stock en 1931.

 

Représentée deux mois après le \"jeudi noir\" d'octobre 1929, la pièce n'enregistre pas encore les contrecoups de la crise économique, mais simplement ceux de la révolution soviétique, qui a déversé sur l'Occident une marée d'émigrés équivoques : \"Pour s'y reconnaître aujourd'hui, dans les Russes... C'est la bouteille à l'encre\" déplore Antoine, le maître d'hôtel. On y voit aussi les conséquences de la guerre de 1914-1918, qui a largement ouvert la société européenne à ceux et celles que la comtesse Polaki nomme amèrement les << personnes à change favorable ,, : Argentins, Américains. Conjonction parfois malheureuse, témoin Boni de Castellane, auteur désabusé, en 1924, de Comment j'ai découvert l'Amérique - en l'occurrence, son éphémère épouse, la milliardaire Anna Gould.

 

Ce sont les femmes qui doivent faire vivre les hommes, et non l'inverse : en vertu de ce prin cipe, Isabelle Leroy Gomez a entretenu son mari tant qu'elle avait de l'argent, puis l'a jeté dans les bras d'une milliardaire américaine. Aujourd'hui, alors que sa fille Lili s'échine à diriger une maison de couture (rue Cambon, comme Coco Chanel), ses trois fils, scrupuleusement oisifs, lui donnent

 

du souci. Manuel, l'aîné, accomplit avec zèle ses devoirs d'époux de femme riche, mais refuse de prêter un centime à sa mère ; Philippe, le deuxième, trompe sa femme Cristina avec une Russe désargentée, etJimmy, le troisième, encore célibataire, semble préférer la gentille et pauvre Nicole à l'Américaine Dorothy. Isabelle tente d'anranger les choses, avec l'aide d'Antoine, l'officieux maître d'hôtel du palace parisien où se déroule toute l'action (Acte 1).

 

Philippe doit trouver trente mille francs d'ici au lendemain pour sauver Lou ba, sa maîtresse, de la prison. À cette fin, alors que Jimmy a emmené Dorothy au bal après avoir piqué sa jalousie grâce à la serviable Nicole, Antoine ménage à Philippe un rendez vous avec la vieille et riche comtesse Polaki. Mais Cristina offre généreuse ment la somme, et Philippe lui ouvre son cœur : s'il l'a trompée, c'est qu'il ne peut aimer une femme riche ! Attendrie, Cristina emmène Phi lippe dans sa chambre et la comtesse, dépitée, va se coucher (Acte Il).

 

Le lendemain matin, Antoine suggère à Cris tina, à nouveau fo llement éprise de son mari, de se prétendre ruinée. Le stratagème réussit, Phi lippe lui revient et... Mme Leroy Gomez se désole. Quant à Dorothy, elle propose un contrat de mariage en or à Jimmy, lequel deman dera à Nicole de l'attendre, le temps pour lui de faire fo rtune - et de divoncer. Dernière scène : Manuelito, le fils de Manuel, exige de sa sœur cinq francs pour jouer avec elle. « Déjà sérieux comme un petit homme », commente Antoine (Acte Ill).

 

Ainsi qu'il le fera dans la Fleur des pois (1932), où l'homosexualité, promue règle officielle du << gratin >> parisien, soumet les hommes << pour femmes>> à l'exclusive qui frappe alors les invertis, Bourdet présente ici comme normal un comportement, celui de gigolo, communément jugé atypique ou scandaleux. C'est en effet le naturel avec lequel la famille Leroy-Gomez applique ses principes qui constitue le principal ressort comique de la pièce : les seules obligations de Jimmy se limitent à rencontrer sa manucure ou son tailleur ; il refuse de coucher avec Dorothy avant de l'avoir épousée, et se cache pour embrasser Nicole, son

« ( ) amante de cœur.

Mme Leroy- Gomez s' indigne d'apprendre que Philippe entretient Lou ba ( « Antoine, vous vous rendez compte de ce que vous dites ?>>), et, d'une façon générale, que ses fils aient l'intention de travai ller.

Bref, le «sexe faible » n'est plus celui qu'on croit.

Plus subtile toutefois est la satire qui consiste à installer cette faune typique des Années folles dans un palace, lieu du paraître, du clinquant et de l'éphé­ mère, où se crois ent, ballet réglé par l'inef fable Antoine, les accents anglo­ saxon, espagnol et Mittel Europa (Mar­ guerite Moreno fit dans le rôle de la comtesse Polaki une création inoublia­ ble, à grand renfort de « r » roulés :. »

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