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SÉNÈQUE Trois Traités à Sérénus (De la constance du sage, De la tranquillité de l'âme, De la retraite) Lettres à Lucilius

Publié le 01/05/2014

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Par l'amitié. L'ami vivant saura trancher. Car si le sage est exemplaire, c'est d'abord qu'il s'expose à autrui, et pour lui : 4, Si les premiers rangs de l'État te sont soustraits par la fortune, reste debout et aide les autres de tes cris ; si l'on t'étrangle, aide les autres de ton silence'. ,› Au besoin, sa douleur même peut être exemplaire. Par son suicide, qui imita ceux de Socrate et de Caton en renchérissant encore sur eux (il dut s'y reprendre à trois fois), Sénèque pousse à son terme la rigueur de l'exemple ; en jouant ce rôle qu'on ne tient qu'une fois, et qui exige pour cette raison d'être sans cesse médité, il prouve la sagesse en même temps qu'il l'atteint, la fait sienne et la lègue. A moins qu'il ne s'agisse d'une sortie de cabotin acculé, avide de se faire un nom et d'authentifier à moindres frais sa signature — telle semble bien être l'opinion de

« 726 GRADUS PHILOSOPHIQUE conseiller après son avènement, et renoncer enfin à infléchir le cours des choses après s'être vu contraint, pour éviter une guerre civile, de recommander à l'em­ pereur de faire égorger sa mère.

Des circonstances personnelles de sa vie, on ne sait guère que ce qu'il nous rapporte - la santé fragile de la jeunesse, le régime végétarien et la tentation du suicide auquel il renonça par égard pour son vieux père, Sénèque le Rhéteur; quelques rares noms propres (on ne trouve dans toute son œuvre que trois mentions de son frère aîné, et une seule allusion certaine à sa femme, Pom­ péia Paulina).

Quant à son œuvre d'homme d'État, un éminent historien contemporain a pu écrire que, sans le témoignage de Tacite (toujours lui), nous n'en sau­ rions à peu près rien.

Que connaissons-nous donc de lui? Le rôle qu'il voulut se donner - celui d'un maître et d'un médecin de l'âme, qui ne se lasse pas d'exhorter à la vertu, c'est-à-dire à la vraie vie, qui ne peut être qu'intime.

Un rôle dont il voulut se montrer digne, aspirant à la sagesse à défaut de pouvoir se dire sage, afin de se donner en exemple à autrui, au besoin Jusqu'au sacrifice, au risque aussi de l'ambiguïté.

Peut-être ne connaissons-nous rien de Sénèque que cet idéal auquel il s'est conformè - son identité sublime : celle en effet d'un artiste dans l'arène dont le corps exposé, armé devant la mort d'un certain souci d'élégance, doit son nom propre aux regards qu'il fascine.

La plupart des principaux traitès de Sénèque se pré­ sentent sous forme épistolaire.

Leur dédicace se pro­ longe en adresse, et la solution aux problèmes qu'il y aborde est avant tout la réponse à un individu.

Aussi Sénèque offre-t-il une introduction des plus agréables à la pensée stoïcienne, dont les aspects techniques ne se dégagent que peu à peu.

Si thèorie il y a, elle est mise au service d'un souci persuasif.

L'écriture de Sénèque vise d'abord des personnes sans culture phi­ losophique approfondie, qu'il importe de trans­ former - hommes engagés dans la vie publique ou. »

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