SAINT-MARTIN Louis-Claude de (vie et oeuvre)

SAINT-MARTIN Louis-Claude de (1743-1803). Deux rencontres dominent la vie de cet homme que rien ne semblait appeler à de hautes destinées spirituelles. Sous-lieutenant en garnison à Bordeaux, il fit la connaissance de Martinès de Pasqually qui l’initia à sa théosophie judéo-chrétienne de l’Émanation, de la Chute et de la Réintégration et le reçut dans l’ordre qu’il avait fondé des Elus cohens (ou coëns). Il démissionna de l’armée et devint son secrétaire. Durant un séjour à Lyon, chez un autre élu cohen, Willermoz, il rédigea Des erreurs et de la vérité, ou les Hommes rappelés aux principes de la science (1775), prolongé par le Tableau naturel des rapports qui unissent Dieu, l’homme et l’univers (1782) : ensemble des analogies horizontales qui relient les choses entre elles et des analogies verticales qui font de l’homme l’image de Dieu. Mais la seconde rencontre décisive pour Saint-Martin, toute spirituelle, fut celle des œuvres du mystique allemand Jakob Boehme (1575-1624) qu’il lut dans leur version originale, durant un séjour à Strasbourg dans les années 1788-1791. Il se détacha des activités sectaires et magiques qui occupaient nombre d’« illuminés » de l’époque, pour approfondir la « voie intérieure ». Parallèlement à ses ouvrages théoriques, Ecce homo (1792), la Lettre à un ami ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la Révolution française (1795) qui interprète la Révolution comme un châtiment rédempteur, destiné à régénérer la monarchie, le Nouvel Homme (1796), De l’esprit des choses (1800) et le Ministère de l’homme-esprit (1802), il composa des œuvres où l’inspiration théosophique prend une forme plus directement poétique :