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SAGESSE. Recueil poétique de Paul Verlaine (résumé & analyse)

Publié le 07/11/2018

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SAGESSE. Recueil poétique de Paul Verlaine (1844-1896), publié à compte d'auteur à Paris à la Société générale de librairie catholique en 1880 (sous la date de 1881); réédition revue et corrigée à Paris chez Léon Vanier en 1889.

 

Le recueil, qui comprend des poèmes écrits entre 1873 et 1880, ne trouve que tardivement son principe d'unité et son titre. Verlaine avait en effet tout d'abord songé à regrouper dans un volume unique les poèmes écrits durant son séjour en prison (de juillet 1873 à janvier 1875) consécutif à la dispute survenue en Belgique avec son ami Rimbaud, qu'il avait légèrement blessé d'un coup de feu. Le recueil se serait intitulé Cellulairement. La disparité des textes conçus en prison conduit toutefois le poète à renoncer à son projet et à disperser les poèmes

 

dans divers livres, parmi lesquels Sagesse. Durant sa détention, Verlaine connaît, en 1874, un véritable élan mystique dont Sagesse se fait l'écho. Converti, le poète joint une Préface, datée du 30 juillet 1880, à la première édition du recueil. Il y présente l'ouvrage comme un <> inspiré par le « devoir religieux » et une « espérance française ». L'œuvre, en général dédaignée par la critique et l'ensemble du monde littéraire - sauf Mallarmé -, ne reçut pas davantage les suffrages du parti catholique qu'espérait l'auteur.

 

Sagesse comporte trois parties, chiffre symboli que renvoyant sans doute à la Trinité, qui contiennent respectivement vingt quatre, neuf et vingt et un poèmes, tous dépourvus de titre.

 

Les poèmes de la première partie concernent, dans l'ensemble, le passé : celui du poète surtout, mais aussi parfois celui de la religion catholique (1, 9 et 1 0). Ils tracent un parcours qui mène au moment de la conversion, mise en scène dans la deuxième partie. Ce parcours est jalonné de multiples combats livrés contre la tentation. Les deux premiers textes ont, à cet égard, valeur de programme : le premier montre le poète blessé puis sauvé par un « bon chevalier» (1, 1) ; dans le deuxième, la prosopopée de la Prière se ter mine par cette injonction adressée au poète : «Toi, sois sage » (1. 2).

 

La deuxième partie constitue à la fois le centre et le sommet, tant thématique que dramatique,

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« du recueil.

Elle s'ouvre sur un poème qui rap port e l'ins tant de la con version et la ferve ur d'un acte de foi : «Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amo ur» (Il, 1 ).

Dans les trois prem iers textes, le poète s'adresse à des figures sacrées (Dieu dans Il, 1 et 3, Marie dans Il, 2) et reçoit une ré ponse dans le quatrième poème, formé d'une lon gue suc cession de son nets que Verlaine divise en neuf parties mais qui compor te, formelle ment, di x pièces.

Ce grand poème présente un dialo gue entre Dieu et le poète, le principe de numé rota tion des textes choisi par l'auteur corr espon da nt à la répartition de la par ole entre les deux in te rlocuteurs.

Dieu guide le poète sur la vo ie de l'amour et la dernièr e sec tion, composée d'un simple hémistiche, détac he l'instant où l'expé rience mystique atteint son paroxysme et où la con version s'est opérée : « - Pauvre âme, c'est cela !» (Il, 9), dit Dieu au poète.

Dans la troisième partie du recueil, le poète est donc « Déso rmais le sage [ ...

) » : « Le Sage peu t, dor énavant, 1 Assis ter aux scènes du monde » (Ill, 1 ).

Certains poèmes de cette sec tion, plus anciens, échappent toutef ois à ce prin­ cipe de cohér ence et rap pellen t, par la métri que ou les images, l'es thé tique verlainienne anté ri eur e, plus moderne et audacieuse, celle des *Poèmes saturniens, des Fétes galantes ( 1869) et, surt out, des Romances sans paroles ( 18 74).

Le titre du recueil désigne une vertu atteinte au terme d'un cheminement dont la conversion est le point culmi­ nant.

Le mot de « sagesse » met cepen­ dant l'accent sur l'éthique plus que sur la religion, sur une morale du quoti­ dien, parfois formulée d'une façon quasi enfantine : (1, 2), plus que sur un élan mystique.

Fulgu­ rant , ce dernier est aussi fugace et se cir­ conscrit à la série des sonnets (II, 4) .

La rencontre et l'éc hange direct avec Dieu ne durent guère, et le poète semble en quête de figures susceptibles de relayer cette instance privilégiée.

C'est ainsi que l'ardeur mystique s'assagit et s'affa­ dit, se soldant par un ralliement au parti catholique et monarchique, avec l' ad resse aux > (1, 15).

Dans tous les cas, le passé est renié : > (1, 7), objets d'ana­ thème, d'exhortation à l'amendement et de résolution à la pénitence.

Principe éthique, la sagesse est aussi principe esthétique : > (Il, 4, 4), ou les coupes asymétriques : >,. »

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