ROUTE DES FLANDRES (La) Claude Simon (résumé & analyse)
Publié le 18/11/2018
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ROUTE DES FLANDRES (La) Claude Simon. Roman, 1960.
Ce roman relate la défaite de l’armée française en juin 1940. Très vite le chaos de l’Histoire se communique au récit. L’identité du narrateur, Georges, semble se dissoudre au fil des pages et bientôt on ne sait plus qui parle et qui pense dans cette histoire. Les êtres et les choses, vaincus, s’entassent dans un désordre cocasse et l’écriture, elle-même emportée par un mouvement torrentiel, ne progresse que par glissements successifs, associations d’idées ou associations verbales qui font rebondir avec humour l’histoire dans un sens ou un autre.
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Claude Simon rapporte dans La Route des Flandres (1960) les perceptions et les souvenirs qui se bousculent dans la conscience d'un homme, pris dans la grande déroute de 1940.
Le narrateur, en effet, a fui pendant des jours, à cheval, avec quatre autres cavaliers.
Il vient de voir repasserdans sa mémoire le moment où le capitaine de leur petite unité a été tué par un tireur embusqué.
Mais laconfusion de sa conscience est telle qu'il ne sait plus ce qu'il a « vraiment vu ».
Ce passage constitue la conclusion du livre.
Mais l'ai-je vraiment vu ou cru le voir ou tout simplement imaginé après coup ou encore rêvé, peut-être dormais-je,n'avais-je jamais cessé de dormir les yeux grands ouverts en plein jour, bercé par le martèlement monotone dessabots des cinq chevaux piétinant leurs ombres ne marchant pas exactement à la même cadence de sorte quec'était comme un crépitement alternant se rattrapant se superposant se confondant par moments comme s'il n'yavait plus qu'un seul cheval, puis se dissociant de nouveau se désagrégeant recommençant semblait-il à se couriraprès et cela ainsi de suite, la guerre pour ainsi dire étale pour ainsi dire paisible autour de nous, le canonsporadique frappant dans les vergers déserts avec un bruit sourd monumental et creux comme une porte en train debattre, agitée par le vent dans une maison vide, le paysage tout entier inhabité vide sous le ciel immobile, le mondearrêté figé s'effritant se dépiautant s'écroulant peu à peu par morceaux comme une bâtisse abandonnée, inutilisable,livrée à l'incohérent, nonchalant, impersonnel et destructeur travail du temps
Introduction.
Claude Simon, dont l'ensemble de l'oeuvre a été récemment couronnée par le prix Nobel de littérature, appartient aumouvement littéraire du Nouveau Roman.
Pour de nombreux auteurs du XXe siècle, le langage devient le sujetessentiel du livre, il n'est plus l'outil d'une description psychologique ou de la narration d'un événement.
Claude Simon s'efforce par exemple de restituer le courant de conscience et ce qu'il appelle lui-même « le foisonnant et rigoureux désordre de la mémoire ».
Son ouvrage le plus connu, La Route des Flandres, prend pour prétexte la mort d'un capitaine pendant la drôle de guerre de 1939-1940.
Cet épisode obsède la mémoire défaillante d'unnarrateur, cousin du capitaine et cavalier dans son escadron.
Dans ces lignes qui achèvent le roman, nous analyserons comment la vision d'un monde mutilé par la guerre faitécho à la perception bouleversée du sujet racontant et comment le langage se renouvelle pour traduire le non-sens de la guerre et de l'existence.
I.
La présence de la guerre.
A.
Le vocabulaire de la guerre.
Les hommes.
Peu évoqués, ils sont presque absents de ce passage : le capitaine est mort, les trois autres cavaliers sontinexistants, seule la voix du narrateur se fait entendre, mais de façon — oh combien ténue — (il doute de sesperceptions visuelles, auditives.
Il ignore s'il dort ou veille, il est entièrement soumis aux montures.) L'être humainest absent de ce paysage, vaincu dans ce combat inégal avec le temps destructeur (« l'incohérent, nonchalant, impersonnel et destructeur travail du temps » qui est la dernière phrase du livre).
Le vocabulaire de la guerre :
« la guerre » ;
« le canon sporadique frappant dans les vergers déserts »;
« le paysage tout entier inhabité ».
Les événements :
la mort du capitaine qui est le point de départ du livre et l'amorce de ce dernier passage (« Mais l'ai-je vraiment vu »), vécue comme une obsession, ce qui explique la présence d'un pronom personnel qui ne reprend pas un terme clairement énoncé auparavant » ;
la fuite des cavaliers (motif caractéristique de cette « drôle de guerre ») « bercé par le martèlement monotone des sabots des cinq chevaux piétinant leurs ombres ».
B.
La perception de la guerre..
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