Rousseau Les quatre premiers livres des Confessions
Publié le 08/01/2020
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4 - Originalité de l'œuvre
a - Dans l'ensemble de l'œuvre de Rousseau
Par rapport aux autres œuvres d’inspiration autobiographique, les Confessions sont la plus variée et sans doute la plus complète parce que, si elle obéit bien à un dessein apologétique*, cette œuvre-là donne toute sa place au récit de la vie, réelle, rêvée, imaginaire, tout à la fois. Elle contient des anecdotes, des descriptions de paysages, des portraits. Elle saisit au plus près la palpitation d’une vie difficile, mais ardente, sensible, intense. Surtout, elle s’efforce d’en donner une vue globale, autant qu’il est possible à un homme de le faire. Moins âpre, moins éloquente aussi que d’autres œuvres de Rousseau, elle est toute proche de celle qu’il a sans doute le plus aimée : Julie ou la Nouvelle Héloïse.
laquais au service du comte de Gouvon; il s’éprend de sa petite-fille, Mile de Breil. Episode de la devise («Tel Sert qui ne tue pas») et du verre renversé. Dans cette maison où il est bien traité, Rousseau apprend l’italien et un peu de latin avec l’abbé de Gouvon, fils du comte. Malheureusement, il retrouve Bâcle, un de ses camarades d’apprentissage à Genève et repart avec lui. Finalement, il s’arrête à nouveau chez M\"” de Warens à Chambéry et passe auprès d’elle quelques mois délicieux. Mais elle songe à lui trouver une situation et veut le faire prêtre. Malheureux, chez les Lazaristes où on l’a envoyé, il revient chez sa protectrice et y rencontre un musicien français, M. Le Maître, qui lui donne le goût de la musique. Nouveau hasard : un soir un aventurier un peu musicien lui aussi, Venture, frappe à la porte : il s’en entiche. Mm' de Warens l’éloigne en lui demandant d’accompagner M. Le Maître à Lyon. Ce dernier est victime d’une crise d’épilepsie qui effraie le jeune homme qui s’enfuit et revient chez M“e de Warens... qui est partie à Paris.
Livre IV
Seul à Annecy, Rousseau retrouve Venture. Vie oisive. Un beau matin d’été, il va voir se lever le soleil dans la campagne et rencontre deux jolies filles qu’il connaît, Mlle Galley et M11' de Graffenried. Elles l’invitent à passer la journée avec elles dans le château de Tonne. Episode des cerises. Chargé de reconduire l’ancienne servante de Mme de Warens à Fribourg, Rousseau passe par Genève puis par Nion (Nyon), où son père s’était retiré. Au retour, il tente de gagner sa vie comme maître de musique à Lausanne, où il se couvre de ridicule en composant et en faisant jouer un morceau de sa composition alors qu’il ne connaît pas la musique. Il passe quelque temps à Lausanne, finissant par apprendre la musique en l’enseignant. H y rencontre un étrange personnage, un prélat grec chargé de faire une quête à travers l’Europe pour le rétablissement du Saint Sépulcre. Il devient son interprète, mais très vite on découvre l’imposture. A la suite de quelques enchaînements favorables, Rousseau se rend à Paris, qu’il déteste aussitôt, puis repart à Lyon où il lui arrive plusieurs mésaventures humiliantes mais où il exerce pour la première fois le métier de copiste de musique, qui sera le sien à plusieurs moments de sa vie. Enfin, à Chambéry, il retrouve Mme de Warens qui lui a trouvé un petit emploi dans les services du roi Victor Amédée de Sardaigne.
b - Composition
Le choix de faire lire les quatre premiers livres des Confessions n’est pas sans pertinence : à la fin du livre IV en effet, Rousseau indique lui-même qu’il en a fini avec «ces longs détails de [sa] première jeunesse». Nous sommes en 1732 : il a juste vingt ans.
«
ROUSSEAU, LES QUATRE, PREMIERS LIVRES DES CONFESSIONS
la célèbre définition proposée par Philippe Lejeune (dans Le Pacte autobiographi
que) leur convient parfaitement: les Confessions sont bien le «récit rétrospectif
en prose» que Rousseau «fait de sa propre existence» en mettant «l'accent sur sa
vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité».
Il y a ici identité
entre le narrateur, le personnage principal et l'auteur, le pacte autobiographique
affirmant dans le texte cette identité.
Le fameux «Préambule» des Confessions
témoigne de la volonté del' auteur d'honorer sa signature et de «dire la vérité» :
au pacte autobiographique s'ajoute ainsi le pacte référentiel, puisque l'autobio
graphie est bien un texte référentiel, qui prétend apporter des informations sur
une réalité extérieure à l' œuvre, et qui peut donc être soumis à une épreuve de
vérification.
Le titre choisi par Rousseau est pris à l' œuvre de saint Augustin, qui avait
appelé Confessions le récit de sa conversion à la foi chrétienne.
Mais les deux
entreprises sont en réalité très différentes : le «je» d'Augustin est celui d'un
moraliste et d'un croyant, qui fait passer son expérience personnelle après un
discours général sur les hommes, l'histoire, le sens de la vie humaine.
Pour Rous
seau, au contraire, ce qui compte avant tout, c'est la recherche de sa singularité et
de sa différence: «Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus; j'ose croire
n'être fait comme aucun de ceux qui existent.» («Préambule»)
c -Liens avec les autres œuvres de Rousseau
Ils sont très nombreux et très riches.
Les liens les plus étroits existent d'abord à
l'intérieur de l'ensemble autobiographique, puisque les Confessions n'en consti
tuent qu'une partie : -
-les Lettres à M.
le président de Malesherbes sont la première esquisse d'un
autoportrait; Rousseau s'y interroge sur l'origine de sa mélancolie, pointe un
événement qui a bouleversé sa vie («l'illumination de Vincennes» au cours de
laquelle il découvre que la civilisation s'oppose à la vertu et que les Lumières
conduisent à la décadence) et s'y peint en amoureux de la vie simple à la cam
pagne, loin du luxe, et en homme sincère, épris de liberté et de solitude;
-les Dialogues, sous-titrés Rousseau juge de Jean-Jacques, témoignent de la
souffrance de Rousseau, qui se sent l'objet d'un «complot», traqué par des
ennemis innombrables.
Il tente de s'y justifier, de répondre aux calomnies par
l'image d'un hpmme simple, vivant selon les leçons de la nature;
-les Rêveries du promeneur solitaire, conçues comme un appendice des
Confessions, évoquent en dix promenades divers moments de la vie de Rous
seau.
C'est une œuvre plus apaisée, où le bonheur est goûté et où la communi
cation semble réalisée entre le promeneur et ceux qui voudront bien le lire.
105.
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