ROUGE ET LE NOIR (Le) de Stendhal (résumé et analyse)
Publié le 02/11/2015
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ROUGE ET LE NOIR (Le). Roman de Stendhal (Henry Beyle, 1783-1842), publié en novembre 1830. Depuis 1815 et la chute de l’Empire, Beyle avait dû renoncer à sa carrière administrative, pourtant assez brillante puisqu’il était devenu auditeur au Conseil d’État et inspecteur du Mobilier et de la Couronne. Il ne devait reprendre du service Qu’après la Révolution de 1830. Pendant toute la Restauration, il ne fut qu’un dilettante, un passionné des lettres et de l’opéra : depuis neuf ans, il habitait Paris, qu’il ne pouvait plus quitter pour se rendre en Italie comme autrefois, car le gouvernement autrichien le considérait comme un indésirable. De 1815 à 1830, ses revenus ne lui suffisent pas pour vivre, il faut donc qu’il gagne quelque argent de sa plume. D’où une quantité d’ouvrages qui sont plutôt des œuvres de librairie que des œuvres originales - du moins dans les intentions de l’auteur - : Vies de Haydn, Mozart et Métastase (1814), Histoire de la Peinture en Italie (1817), Rome, Naples et Florence (1817) [*3, Vie de Rossini (1824). Il publie aussi dans le même temps deux petites brochures polémiques : Racine et Shakespeare, par lesquelles il prenait position dans la mêlée romantique. C’est vraisemblablement en 1828, d’après les indications de Stendhal lui-même, - bien qu’il prétende dans l’Aver-tissement du Rouge et le Noir avoir écrit son livre en 1827, - qu’il conçut l’idée de ce roman. Quant à l’intrigue proprement dite, elle lui fut fournie par la réalité. Stendhal était un lecteur passionné de la « Gazette des Tribunaux » : dans les numéros du 28 au 31 décembre 1827, il trouva le compte rendu d’un procès qui était alors en train de se juger, aux Assises de l’Isère, c’est-à-dire dans son pays d’origine. Voici le fait-divers qui donna lieu à ce procès : Antoine Berthet, fils de petits artisans, est distingué de bonne heure par son curé pour sa vive intelligence. Celui-ci le fait entrer au séminaire, d’où il sort bientôt pour raisons de santé. Il devient alors précepteur des enfants d’un certain M. Michoud et, peu après, l’amant de la maîtresse de maison. Un nouveau séjour dans un séminaire, le grand séminaire de Grenoble cette fois, ne dure pas plus que le premier. Berthet trouve alors une nouvelle place de précepteur chez M. de Cordon. Mais on découvre bientôt qu’il a une liaison avec la fille de la maison. Chassé, ne sachant que devenir, aigri de n’avoir pu être jusqu’à présent qu’un domestique, il jure de se venger. Et dans l’église de son village natal, tandis que son ancien bienfaiteur, le curé, officiait, il tire un coup de pistolet sur Madame Michoud. En décembre, il passe devant la cour d’Assises, est condamné à mort et exécuté le 23 février 1828. Il avait vingt-cinq ans. Telle est l’histoire qui hante Stendhal et qu’il ne modifiera presque pas en écrivant son roman. Julien, c’est ainsi qu'il l’appelle alors, semble donc avoir été ébauché en 1828-1829. Comme à son ordinaire, Stendhal laisse le manuscrit reposer, pour écrire les Promenades dans Rome. Il aurait repris le dossier de Julien en janvier 1830 ; mais il dût travailler très vite puisque, dès avril 1830, il passait un contrat avec l’éditeur Levavasseur. Le tirage commença dès le mois de mai, cependant il ne fut terminé qu’en novembre. Encore n’est-ce pas Stendhal lui-même qui relut les dernières épreuves ; nommé consul à la suite de la Révolution de juillet, à Trieste, il se préparait au départ et se désintéressait tout à fait de ce qui arriverait à son livre. Le titre qu’il avait définitivement arrêté était le Rouge et le Noir. On a beaucoup et fort savamment disserté sur la signification de ces mots. Sans doute, faut-il y voir le symbole des deux voies possibles qui eussent pu s’ouvrir devant un tempérament tel que celui de Julien Sorel : l’armée, où il eût pu réaliser ses espérances, mais qui, depuis la chute de l’Empereur, lui était fermée ; le clergé, où il lui fallait se résigner à entrer si, dans la société de la Restauration, il voulait jouer un rôle que la modestie de son origine lui eût interdit dans tout autre position. Cette interprétation s’appuie en partie sur le fait que pour Lucien Leuwen, Stendhal avait également pensé à des couleurs pour symboliser, ou bien les différentes carrières de son héros (Amarante et le Noir), ou bien l’opposition des idées politiques de ses principaux personnages (le Rouge et le Blanc). Mais une indication intéressante est fournie par M. Pierre Martino : le Rouge et le Noir serait une allusion à la roulette ; c’est, en effet, à ce
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