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Romans de Zola : La Curée (1872) - Analyse et résumé

Publié le 15/03/2015

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Aristide, troisième fils de Pierre et de Félicité Rougon, en chien de meute malhabile, n' a pas « senti le vent « : en affichant des opinions républicaines lors du coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte, il a compromis ses chances de mordre aux jouissances de « la curée «. Monté à Paris avec sa femme Angèle, il obtient néanmoins de son frère Eugène, devenu ministre d'État, une embauche à la Ville de Paris dont il surprend les projets immobi­liers : Napoléon III a confié au nouveau préfet de la Seine, le Baron Hauss­mann, la tâche de restructurer la capitale. Haussmann a prévu de tailler dans le vif du tissu urbain, d'éventrer Paris d'est en ouest et du nord au sud, dessi­nant ainsi la « grande croisée « qui désenclavera le centre historique de Paris. À ce premier réseau, s'articuleront des boulevards rayonnant du centre à la périphérie. Un troisième réseau ouvrira Paris sur les communes annexées, au-delà du mur des fermiers généraux.

Pour réaliser ces plans ambitieux, il faudra exproprier et indemniser les pro­priétaires. La mort d'Angèle donne à Aristide l'occasion de le devenir : il apprend qu'une jeune bourgeoise de vieille famille, Renée Béraud du Châ­tel, enceinte d'un homme marié, cherche à « acheter « un époux. La dot comprend des immeubles expropriables. Pour le spéculateur, c'est la for­tune ! Aussitôt que la décence le permet, Aristide, qui a pris le nom de « Saccard, parce qu'il y a de l'argent dans ce nom-là «, épouse la jeune femme. Sans rien lui révéler des projets d'Haussmann, il lui achète une mai­son promise à la pioche des démolisseurs par l'intermédiaire d'un prête-nom et fait artificiellement gonfler la valeur des indemnités d'expropriation par des ventes fictives. Il se sert ensuite de Renée comme d'une mise de fonds : comment les banquiers refuseraient-ils d'ouvrir leur bourse à un homme qui fait ruisseler l'or et les diamants sur les épaules de sa femme ? Véritable al­chimiste de l'haussmannisation, il dore le plomb de ses mains de l'or qu'il extorque à ses dupes.

La raison et les sens étourdis par le tourbillon de la vie mondaine où l'en­traîne son mari, Renée cède à sa passion pour Maxime, le fils de celui-ci : les promenades en calèche au bois de Boulogne, les effluves brûlants de la serre, les bals masqués dans le demi-monde et les dîners intimes au Café Riche ont jeté les jeunes gens aux bras l'un de l'autre. Ils promènent leurs amours dans le cadre factice et pittoresque que les ingénieurs de l'hauss-mannisation ont dessiné pour la fête impériale.

Témoin de l'inceste, Saccard se tait pourtant, soucieux d'entraîner sa femme dans la spirale infernale de la dette pour lui extorquer ses terrains de Cha­ronne. Quand Maxime l'abandonne pour épouser Louise de Mareuil, une jeune poitrinaire richissime, Renée, revivant le tragique destin de la Phèdre antique dans le Paris frivole d'Offenbach, meurt d'une méningite, le cerveau détraqué par la fièvre de cette « époque de folie et de honte «...

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« F C H E S Œ U V R E S ...

1 -LA CURÉE : LE SENS D'UN TITRE « C'était l'heure de la curée ardente» La Fortune des Rougon s'achevait sur le triomphe des bonapartistes de Plassans après le coup d'État du 2 décembre 1851 : Silvère Macquart, le jeune idéaliste, était exécuté en présence de son oncle Aristide Rougon, peu soucieux de protéger un neveu encombrant, tandis que Félicité et Pierre Rougon, les parents d'Aristide, savouraient leur victoire au cours d'un formidable festin.

Déjà, ils allaient recevoir le prix de leur complicité.

Car l'heure est à la curée, au dépeçage de la Répu­ blique par les comparses de Louis Napoléon Bonaparte.

Brodée sur l'une des toilettes de Renée, la curée est l'emblème de cette« époque de folie et de honte».

Paris, une proie géante Converti de dernière heure au coup d'État, Aristide Rougon, qui a pris le nom de Saccard, nom de sac et de corde où l'on entend sonner les écus, participe à la grande chasse impériale après avoir longtemps rongé son frein dans les bureaux de !'Hôtel de Ville.

Et c'est avec un enthousiasme de Rastignac crapuleux qu'il s'empare de Paris : du haut de la butte Montmartre, il découpe dans le vif de sa proie géante le tracé des nouvelles artères dont il a surpris les plans : « De sa main tendue, ouverte et tranchante comme un coutelas, il[ ...

] sépar[e] la ville en quatre parts, crevant Paris d'un bout à !'autre.

» C'est que le baron Haussmann, jugeant qu'il était plus facile« d'entamer le pâté par le milieu que par la croûte», a prévu d'éventrer Paris.

Les ouvriers, anesthésiés par les grands travaux, repoussés vers les faubourgs, domptés par« d'admirables voies stratégiques mett[an]t les forts au cœur des vieux quartiers», deviendront in­ offensifs.

L'Empire pourra alors offrir au monde le spectacle de son opulence, faire danser l'or et l'argent dans la grande valse de la corruption et de la spéculation immobilière .

...

Il -l' ALCHIMIE DE L'HAUSSMANNISATION Transformer le plomb en or Transformer le plomb en or, tel est le grand œuvre de l'alchimiste, telle est l'ambition de Saccard.

D'emblée, c'est à travers la métaphore de la fusion métal­ lique qu'il imagine son triomphe:« Plus d'un quartier va fondre, prophétise l'em­ ployé de !'Hôtel de Ville, et il restera de l'or aux doigts des gens qui chaufferont la cuve.

» Mais la pierre philosophale est indispensable à la conversion alchimique ; Saccard la découvre en épousant Renée, la belle écervelée qu'il va« tord[re] dans les flammes de sa forge, se servant d'elle, ainsi que d'un métal précieux, pour dorer le fer de ses mains».

En exhibant au bal des Tuileries les diamants que Sac­ card a rachetés à Laure d' Aurigny, une cocotte criblée de dettes, elle draine vers lui le crédit.

Paris fournaise Saccard jette donc Renée « dans la fournaise » pour entrer lui-même « dans la forge géante [où] les marteaux batt[ent] l'or sur l'enclume».

La fournaise, c'est bien sûr Paris, le Paris mondain de la tête impériale, le Paris dont les « vitrines flambent», dont l'asphalte« chauffe les talons», c'est« l'ardent foyer» où la lu-. »

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