ROMAN INACHEVÉ (Le) (résumé) de Louis Aragon

ROMAN INACHEVÉ (Le). Long poème de l'écrivain français Louis Aragon (né en 1897), publié en 1956. A première vue on pourrait juger qu’il ne fait que reprendre et développer la trame du poème précédent : les Yeux et la Mémoire, publié en 1954. Ce dernier, tout entier en vers comptés et rimés (alexandrins, octosyllabes, vers de quatre syllabes, strophes de trois alexandrins et un octosyllabe), apparaît déjà comme une autobiographie poétique, où la jeunesse de l’auteur est évoquée en raccourci, mais de manière significative (à propos du surréalisme : « Je jure qu’au départ c’était comme une eau pure »), où son évolution politique, son adhésion au communisme (« Vois-tu j’ai tout de même pris la grande route », dit-il au jeune homme qu’il fut) tiennent la première place; et tout naturellement, les événements du temps de la rédaction du poème entrent dans l’œuvre, l’interrompant comme la guerre du Guaté-mala (« Le 19 juin 1954 »), ou lui donnant sa conclusion poétique et politique comme les accords de Genève de juillet 1954 (« Chant de la paix »). Et non moins naturellement s’introduit ici la perspective de l’avenir, comme une réflexion profondément politique, que le poète rattache aux réflexions qu’a fait naître en lui le roman d’Eisa Triolet : le Cheval roux (*), publié l’année précédente. (« Rêver de l’avenir est chose singulière. / Ceux qui n’y rêvent pas sont des briseurs de grève / ils sont les ennemis de l’avenir nombreux. ») Mais dans ce poème profondément « pensé » et, dans le meilleur sens, « objectif », se font entendre des notes qui présagent une musique différente autour de thèmes analogues : « Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit / Ces moments de bonheur, ces midis d’incendie », ou encore : « Un poème écrit à la troisième per-