Roman EXPÉRIMENTAL (le) d'É. Zola

Roman EXPÉRIMENTAL (le), étude théorique et critique d'É. Zola (1880). Zola y expose l'esthétique naturaliste à un moment où, malgré les critiques, elle semble triompher : le livre vient après le succès de l'Assommoir (1877) et de Nana (1879-80), deux phénomènes d'édition. De plus, Zola est devenu le chef d'une école qui a produit la même année les Soirées de Médan. Après l'illustration, voici donc la doctrine, telle du moins que la théorise Zola : ses œuvres, en effet, suscitent souvent des analyses bien différentes. La première étude, la plus importante et la plus discutée, montre la liaison entre la médecine moderne, définie par Claude Bernard dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, et le travail du romancier. Comme le savant, le romancier est un observateur et un expérimentateur, avec moins de certitude, mais avec un même désir de vérité. Il fait de la physiologie, de la psychologie et de la sociologie appliquées — en attendant de se rendre maître de tous les phénomènes pour « régler la société » et faire le bonheur de tous. Il y a là à la fois une morale et une méthode qui se donne à elle-même un style « fait de logique et de clarté ». Le reste de l'ouvrage est constitué par une « Lettre à la jeunesse » sur Hugo et Renan, par de petits essais sur le théâtre naturaliste qui reste à inventer, sur l'argent dans la littérature, sur la République de la littérature. On y trouvera aussi divers textes réunis dans deux grands articles : Du roman et De la critique. Zola essaie d'y montrer le naturalisme comme quelque chose de plus large qu'une simple mode littéraire. Qu'il s'agisse de la science, de la politique ou de la littérature, le naturalisme se manifeste dans tous les domaines et caractérise le mouvement même de l'époque.