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ROMAN DE LA ROSE (le) (résumé & analyse)

Publié le 07/11/2018

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Pour retracer l'itinéraire sentimental du rêveur, de l'éveil du désir au choix de son objet, puis au commencement de sa quête, Guillaume a repris à la littérature didactique et morale un cadre narratif dont la fortune sera considérable : le songe. Ainsi est cautionné -\"songe n'est pas mensonge\" - le caractère novateur de ce récit centré sur un \"je\" qui fut le protagoniste du songe, qui a vécu dans la \"réalité\" (mais cette \"réalité\" n'est jamais racontée) ce que prédisait le songe. Instance énonciative, il relate et rime, à l'intention d'un public qu'il entend séduire, ce songe qui fait encore parfois partie de son présent vif. Abolissant les contraintes du vraisemblable et perturbant les lois qui régissent l'espace et le temps humains, la fiction du songe permet également de donner corps et mouvement, dans l'espace courtois du verger, aux entités abstraites de la lyrique courtoise et d'en projeter les motifs clés dans le temps du récit. À la << reverdie ,, initiale, qui sert de cadre à l'éveil des sens du rêveur, succède la description statique des \"vices\", cloués aux murs, tandis que les \"vertus\" dépeintes en mouvement, entraînent un temps le jeune homme dans les tours et détours des \"caroles\" Pour chaque figure, la description tente le passage de l'apparence à l'essence, en évitant au mieux les pièges de la tautologie : Pauvreté est assez pauvrement présentée comme une pauvresse en haillons, mais comment figurer le grand âge de Vieillesse mieux que par une longue digression (lieu commun remontant aux Confessions de saint Augustin) sur la fuite irréparable du temps?
ROMAN DE LA ROSE (le). Roman en vers commencé par Guillaume de Lorris (xiiie siècle), continué et achevé par Jean de Meung, pseudonyme de Jean Clopinel ou Chopinel (vers 1240-avant 1305).
 
La première partie, l'œuvre de Guillaume de Lorris (octosyllabes 1 à 4 028), a été composée autour de 12251230. Jean de Meung, dont nous avons également conservé des traductions d'œuvres latines et d'un texte « moderne >> (la Vie et les Épîtres de Pierre Abélard et d'Héloïse, sa femme), a rédigé sa continuation (octosyllabes 4 029 à 21 750) entre 1268 et 1282. C'est lui qui nous apprend, aux vers 10 496-10 572 du Roman, qu'il a continué le texte de Guillaume, sur qui nous
 
n'avons aucune autre source de renseignement.
 
L'originalité du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris ne tient pas au choix du sujet : le récit d'une quête amoureuse que le héros ne peut mener à bien. Elle est dans l'appropriation par la fiction romanesque des ressources conjointes du songe et de l'écriture allégorique, et dans la création d'un roman à la première personne, qui se veut aussi un «art d'amour », et qui s'inspire des motifs et du rituel érotique de la poésie lyrique courtoise.
 
Le Roman de la Rose, 1 [Guillaume de Lorris]. Prologue : le narrateur va conter, en l'honneur de celle qu'il aime, et qui peut à juste titre être appelée « Rose », un songe vrai - l l'a fait il y a environ cinq ans - et avéré : tout ce qui lui est arrivé « covertement » [sous le couvert du songe] s'est ensuite réalisé « apertement » [réel lement], dans les cinq ans qui séparent le songe de sa mise par écrit. Le récit s'appelle le Roman de la Rose où «l'art d'Amers est tote enclose » [tout entier contenu] (v. 1 44).
 
Rêvant qu'il s'éveille et va se promener dans la campagne un beau matin de mai, le rêveur est arrêté par le mur d'un verger (le verger d'Amour), sur lequel sont représentées dix « images » incarnant les fo rces hostiles à l'amour courtois. Introduit par Oiseuse, il évolue au milieu des « vertus » courtoises, menées par Déduit, Liesse et Amour, avant de découvrir la fontaine où est mort Narcisse. Tout en y contemplant le reflet du verger, le rêveur y distingue un bouton de rose. Le dieu Amour aussitôt le transperce de ses flèches, et lui donne peu après ses commandements. Le rêveur, devenu l'amant, tente de s'approcher du buisson de roses, conforté par Bel-Accueil. Mais la rose est gardée par Danger, qui met en fuite Bel Accueil. Désespéré, le héros subit les conseils de Raison, écoute plus volon tiers ceux d'Ami, et parvient, grâce à l'aide de Vénus, à donner un baiser à la rose. Ce qui déclenche une riposte de Jalousie et de ses suppôts (Honte, Male Bouche, etc.). Jalousie construit un formidable château où est enfermé Bel Accueil sous la surveillance d'une vieille fe mme. Le récit s'interrompt sur les plaintes de l'amant qui se compare au paysan qui a perdu sa récolte (v. 45 4 028).

« Pour retracer l'itinéraire sentimental du rêveur, de l'éveil du désir au choix de son objet, puis au commencement de sa quête, Guillaume a repris à la lit­ térature didactique et morale un cadre narratif dont la fortune sera considéra­ ble : le songe.

Ainsi est cautionné - «s onge n'est pas mensonge >> - le ca ractère novateur de ce récit centré sur un « je >> qui fut le protagoniste du songe, qui a vécu dans la «réalité >> (mais cette n'e st jamais racontée) ce que prédisa it le songe .

Ins­ tance énonciative, il rela te et rime, à l' intention d'un public qu'il entend séd uire, ce songe qui fait encore parfois pa rtie de son présent vif.

Abolis sant les contraintes du vraisemblable et pertur­ ba nt les lois qui régissent l'espace et le temps humains, la fiction du songe permet également de donner corps et mouvement, dans l'espace courtois du verger, aux entités abstraites de la lyri­ que courtoise et d'en projeter les motifs clés dans le temps du récit.

À la de la fontaine de Narcisse, métamorphosée par Guil­ laume en fontaine d'Amour, ouvre enfin une autre quête.

Dans les deux > qui se trouvent au fo nd de la fontaine se reflète et s' ordonne, sous les yeux du rêveur, l'u nivers du verger.

Ce miroir impar­ fait, dédoublé, ne permet cependa nt d'en saisir qu'une moitié à la fois.

Pas plus qu'il ne mène à bien la conquête/ cueillette de la rose, la fusion de deux en un, le rêveur ne parvient, à la fon­ taine d'Amour, à une vision une et par-. »

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