ROI DES AULNES (le). Roman de Michel Tournier (résumé et analyse de l'oeuvre)
Publié le 27/10/2018
Extrait du document
ROI DES AULNES (le). Roman de Michel Tournier (né en 1924), publié à Paris chez Gallimard en 1970. Prix Goncourt.
De toute l'œuvre de Tournier, ce roman est celui qui exprime le mieux l'union de la « Germanistik », héritée de sa famille et de ses études, avec sa mythologie personnelle.
1. « Écrits sinistres d'Abel Tiffauges ». Dans une sorte de joumal (du 3 janvier 1938 au 4 septembre 1939), Abel Tiffauges évoque les brima des et humiliations reçues au collège Saint Chris tophe et l'étrange protection dont il bénéficie de la part du fils du concierge, Nestor ; son métier de garagiste place de la Porte-des Temes ; ses amours malheureuses avec Rachel ; son goût pour les enfants et la fausse accusation de viol portée contre lui par la petite Martine, etc. Il laisse entendre surtout, parmi ses très nombreux ses réflexions sur le monde, combien il se sent monstrueux, un « ogre » de plus en plus voué à la « phorie » [en grec, l'action de porter], détenteur d'une « force ténébreuse » qui le lie au des tin du monde et lui sauve la vie par deux fois.
II. « Les Pigeons du Rhin ». Mobilisé à Nancy, il devient colombophile militaire avant d'être fait prisonnier en juin 1940.
III. « Hyperborée ». Il se retrouve au camp du Moorhof, dans une Prusse Orientale avec laquelle il se sent d'étranges affinités, et réussit à se façonner un petit espace de liberté relative.
IV. « L'Ogre de Rominten ». À l'automne, il est transféré au service du pavillon de chasse de Goring, le jogerhof, et devient valet de chasse du grand veneur du IIIe Reich. En avril, il demande à être affecté à la forteresse de Kaltenbom, une « napola », prytanée pour 400 adolescents de douze à dix huit ans (les Jungmannen).
V. « L'Ogre de Kaltenbom ». Il s'occupe d'abord du ravitaillement, fréquente le laboratoire du raciologue SS Blättchen, puis devient recruteur de jeunes enfants pour la napola et après le départ de Blättchen, maître du laboratoire. Il constate, dans ses « Écrits sinistres » dont il reprend la rédaction, que, depuis sa mobilisa tion, les signes les plus divers n'ont cessé de se multiplier autour de lui. Maintenant il se sent véritablement devenu ogre.
«
ses
réflexions sur le monde, combien il se sent
mons trueux, un « ogre » de plus en plus voué à
la « phor ie » [en grec, l'action de porter], déten
teur d'une « force ténébr euse » qui le lie au des
tin du monde et lui sauve la vie par deux fois.
Il.
« Les Pigeons du Rhin ».
Mobil isé à Nancy,
il devient colombophile militaire avant d'être fait
prisonnier en juin 1940.
Ill.
« Hyperborée ».
Il se retrouve au camp du
Mo orh of, dans une Prusse Ori entale avec
laquelle il se sent d'étranges affinités, et réussi t à
se faço nner un petit espace de liberté relative.
IV.
« L'Ogre de Rominten ».
À l'autom ne, il est
tran sféré au service du pavillon de chasse de
Gori ng, le jogerhof, et devient valet de chasse du
·grand veneur du me Reich.
En avri l, il demande à
être affecté à la forteresse de Kaltenbom, une
« napola », pry tanée pour 400 adolescents de
douze à dix huit ans (les jung mannen).
V.
«L'Ogre de Kalte nbom ».
Il s'occupe
d'abor d du ravit aillem ent, fréquen te le labor a
to ire du racio logue SS Blatt chen, puis devient
recruteur de jeunes enfants pour la napola et
après le départ de Blatt chen, maître du labora
toi re.
Il cons tate, dans ses « Écrits sinistres » don t
l reprend la rédacti on, que, depuis sa mobilis a
tion, les signes les plus divers n'ont cessé de se
mu ltiplier autour de lui.
Main tenant il se sent véri
tablem ent devenu ogre.
VI.
« L'Astro phore ».
Abel Tiff auges, hanté par
le légendaire roi des Aulnes, a choisi définitive
ment la Prusse O rientale.
Lors de l'attaq ue de la
fo rteresse de Kalte nbom par les Russes, Abel
s'enf uit, portant sur ses épaules Éphr aim, un enfant
juif qu'il a recu eilli, et dispa rart dans la vase des
marécages en voyant « une étoile d'or à six bran
ches qui tou mait lentement dans le ciel noir ».
Le livre est à deux voix : celle d'un
narrateur omniscient (II, III, IV), celle
du héros à la première personne (1), qui
finiss ent par alterner (V, VI), de même
qu'Abel Tiffauges a deux écritures :
l'une adroite, sociale et masquée ;
l'a utre, celle des >
(avec un jeu évident sur la polysémie
de l'adjec tif), «déformée par toutes les
gaucheries du génie, pleine d'éclairs et
de cris >>.
Ces deux voix tissent progres
sivement tout un réseau de signes de
plus en plus clairs, dont le lecteur per
çoit, d'abord confusément, qu'il forme
un ensemble allégorique : celui-ci ne se
l aisse décrypter que pour mieux se
crypter à un autre niveau.
Tournier ne
cache d'ailleurs pas son goût pour la
« mise en abyme >> po lysémique des
lectures possibles de ses mythes.
Ainsi,
les nombreux passages des criptifs
(en France : l'affaire Weidmann, les
armées, etc.
; en Allemagne : le camp
de prisonniers, Gôring, le nazisme, la
Pr usse-O rientale, etc.), les dévelop
pements didactiques (sur les pigeons,
les chevaux, les cerfs, l'aigle du
me Reich ...
), s'ils remplissent une
fonction d'ancrage référentiel et socio
logique, ont pour intérêt majeur d'être
autant de signes à partir desquels Abel
Tiffauges construit son parcours initia
tiq ue.
Car, en définitive, seule la quête
du héros (fonctionnant comme une
s orte de lecture d'un destin préétabli)
con stitue le principe unificateur d'un
ensemble aussi disparate d'aventures
picaresques, de sociétés, de temps et
de lieux ...
Philippe de Monès montre que le
roman « est à lire comme une partition
musicale, écrite sur des portées de cinq
lignes, mais sur lesquelles l'auteur par
délicatesse n'aurait pas placé de clé ; de
telle sorte que chacun puisse avoir la
liberté de l'entendre à sa façon >>.
En
1977 , dans le Vent Paraclet, Tournier
confirme : «L e dessein général, l'ambi
tion originelle ,, vient de l'Ar t de la
fugue de ].
S.
Bach où «le vieux maître
pose les quatre mesures de son sujet,
courte et déc hirante mélodie dont la
simplicité diamantine va mystérieuse
ment s'épanouir en corne d'abondance
[ ...
].
Partant du thème phorique [ ...
]j'ai
essayé d'édifier une architecture roma
nesque par un déploiement purement
technique empruntant ses figures suc
ces sive s à une logique profonde >>.
Cette « phorie ,, naît de la légende de
saint Christophe, se nourrit de l'Atlas
mythologique et de l'Adam biblique
(porte-f emme, porte-enfant), du jeu.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Michel Tournier: Le Roi des Aulnes (Résumé)
- Le Roi des Aulnes de Tournier (Résumé & Analyse)
- VENDREDI OU LES LIMBES DU PACIFIQUE Michel Tournier (résumé & analyse)
- VOLEUR (le). Roman de Georges Darien (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- RÈGLE DU JEU (la) de Michel Leiris (résumé et analyse de l'oeuvre)