Résumé du livre « Congo, Mythes et réalités » pour le cours d'histoire politique contemporaine de la Belgique
Publié le 23/08/2012
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Second trait de la politique belge : l'effacement de l'Etat devant les missions même au point de vue de l'organisation générale de l'enseignement, l'influence de différents facteurs ont joué conjointement : 1. l'administration coloniale a toujours eut un caractère catholique très prononcé. 2. le fait aussi que l'on éprouvait de la peine au Congo à se défaire de certaines traditions métropolitaines : en Belgique, dans les rapports entre l'Etat et l'enseignement libre, le principe intangible a toujours été celui du respect de la pleine liberté d'action des établissements catholiques, même lorsqu'ils bénéficiaient de subsides ; on a très naturellement transporté cette conception au Congo. Surtout l'Etat n'a pas jugé nécessaire d'intervenir, car on a considéré pendant longtemps que les efforts des missions étaient pleinement satisfaisants. Ce point est capital ! là où l'on parle aujourd'hui de faillite, on a très longtemps, dans les commentaires les plus autorisés, parlé de réussite admirable. On constatait que les missions réussissaient à scolariser une proportion de plus en plus considérable de la jeunesse congolaise, une proportion dépassant celle de la plupart des pays d'Afrique. Pour les autorités, si l'on forme trop rapidement des intellectuels, alors que la masse demeure encore en grande partie illettrée, on risque de faire naître des situations malsaines : ces intellectuels, peu nombreux, qu'un fossé profond séparera du plus grand nombre, auront tendance à constituer une caste privilégiée, qui pourrait devenir facilement une caste d'exploiteurs. Au moment de l'indépendance du Congo, on a dit que la politique belge s'était eu fond résumée dans la formule « pas d'élites, pas d'ennuis «. Cette formule a été forgée seulement en 1960, mais elle a eu immédiatement un succès considérable. Chacun des deux termes employés dans la formule, en fait, s'éloigne de la réalité « pas d'élites « : ceci donnerait à penser que les Belges, sachant qu'ils pouvaient former des élites, ont préféré s'en abstenir. Or ce qui a été au contraire l'élément psychologique le plus caractéristique, dans l'attitude des Belges, c'est précisément leur conviction qu'il ne serait pas possible, avant un temps assez long, de former de vraies élites, authentiques. « pas d'ennuis « : ces mots semblent signifier presque nécessairement « pas d'ennuis politiques «. Or à l'époque où ils dénonçaient les dangers de l'instruction « livresque «, les coloniaux Belges ne songeait que fort peu à l'aspect politique du problème. L'ordre colonial paraissait à ce point stable, assuré, un véritable roc, que l'on ne pouvait évoquer les périls politiques que sous la forme d'une hypothèse presque irréelle.
«
cependant le voile, pour lui se déchire : jamais, il le comprend, il ne réussira à mettre la Belgique en mouvement.
L'indifférence et l'opposition sont trop fortes.
S'ilveut donner corps à son rêve colonial, il faut qu'il agisse lui même, en dehors de l'Etat.
Pour Formose et pour la Chine, il reconnaît : « Directement, la Belgique nepeut rien tenter en Chine et au Japon à cause de son propre gouvernement, des dispositions de l'esprit public, et à cause de la jalousie des grandes puissances ».« Mon rêve est de créer une société belge universelle ayant son siège à Bruxelles et qui deviendrait petit à petit pour la Chine ce que la Compagnie des Indes deLondres est devenue pour l'immense empire indoustanique ».
Le tournant est pris : Le Roi a opté pour l'action indépendante, « mes idées sont complètementindépendantes de toute intervention du gouvernement belge ».
Le Roi se convainc que lui-même et sa société seront bien mieux en mesure que n'importe quel Etat detirer d'un territoire d'outre-mer les bénéfices qu'il est possible d'en tirer.
« A part la Hollande, il n'y à guère de gouvernements qui sachent faire produire descolonies ».
Nouveau type d'action donc, mais les régions dans lesquelles elles se déroulent, elles n'ont pas changer : on reste toujours dans le monde qui entoure Java.
Quelques dates et quelques faits :
• 1869-1870 et 1873 à 1875 : tentative d'acquisition des Philippines.• Juillet 1875 : le Roi annonce à l'Angleterre qu'il est décidé, sauf objection anglaise, à coloniser la Nouvelle-Guinée, terre presque inconnue, l'Angleterre ledécourage.• Automne de 1875 : le Roi se tourne vers le Tonkin, il cherche à obtenir une concession pour une société belge, il soumet sa proposition à plusieurs dirigeantsfrançais, le projet sera poursuivi pendant plusieurs années.• 1876 : le Roi s'intéresse de nouveau à Bornéo, mais cette fois à une partie de l'île demeurée politiquement libre, le ministre britannique des colonies le dissuadefortement de se lancer dans une telle aventure.
[pic]C'est devant l'échec de ses tentatives en Extrême-Orient que le Roi, en fin de compte va tenter sa chance en Afrique.
Mais il n'a pas pour autant renoncé àl'Extrême-Orient, tout en étant installé au Congo, il reviendra à la Chine, aux Philippines, à Bornéo, aux îles du Pacifique.[pic]Le souvenir de Java va marquer en fait profondément 2 traits essentiels de la politique du Roi au Congo :• L'établissement du régime domanial.• L'utilisation des bénéfices tirés de l'Afrique.Il s'agit là de 2 clés de voûte de la politique de Léopold II, c'est à ce moment du développement de son œuvre que le modèle hollandais a eu en fait pour lui le plusd'importance.Il y avait dans le régime instauré par Léopold II un trait fondamental, qui était peut-être le plus hardi de tous, dont il avait trouvé le modèle à Java : l'Etat se faisait legrand maître d'œuvre de la récolte et de la vente des produits (c'est ce qu'on appela le système van den Bosch).
Les bénéfices au Congo ne furent pas immédiats, loinde là ; c'est à partir de 1895 précisément que les récoltes de caoutchouc vont profondément modifier la situation.
Le caoutchouc va être une véritable manne, LéopoldII maître absolu du Congo, disposera alors d'un excédent qui se chiffrera en millions.
Que faire de ces sommes considérables ? Léopold II n'a aucun doute, ellesdoivent servir avant tout à la Belgique, à son pays pour lequel il a travaillé, et qui est déjà virtuellement, à ses yeux, la métropole du Congo.
Sa grande pensée estd'embellir son pays, en se servant d'un instrument qu'il a créé tout spécialement à cet effet, la Fondation de la Couronne, il se lance dans les travaux publics et lesconstructions monumentales : Arcades du 50aire, musé de Tervuren, agrandissement du château de Laeken, Tour japonaise…Il agissait à l'encontre de toute ladoctrine coloniale moderne, qui en était venue à proclamer de manière unanime, à la fin du XIXe siècle, que les finances coloniales devaient être administréesexclusivement dans l'intérêt des colonies elles-mêmes.
|Chapitre II : Léopold II et la fondation de l'Etat indépendant du Congo |
La création du Congo est l'aventure personnelle d'un homme, sans lui on ne voit pas comment le Congo serait apparu sur la carte de l'Afrique : on n'aperçoit pas, à cetEtat qu'il fonde à la fin du XIXe siècle, de quelconques soubassements, une quelconque base autochtone.
Sans lui il n'y aurait eut aucune initiative belge en Afrique,au début le Roi eut toutes les peines du monde à trouver dans les milieux économiques belges quelques souscripteurs, de plus aux environs de 1860, le vent,spécialement chez les économistes, souffle nettement à l'anticolonialisme.
Eliminons le facteur objectif qui pèsera sur la politique d'autres pays, et qui est le problèmede l'émigration, en Belgique, il ne compte pas, « le Belge n'émigre point ».
Est ce la situation économique générale du pays qui exige des initiatives coloniales ?Léopold II le pense avec ferveur, ce qu'il faut souligner est qu'il est le seul , pratiquement à défendre cette analyse.
Dans les milieux dirigeants belges, on considèreque le développement économique de la Belgique est parfaitement satisfaisant, et que les « aventures » d'outre-mer seraient plus dangereuses qu'utiles.Tout part donc d'un homme, de lui seul- et tout part, chez cet homme de ses idées : de sa foi coloniale, absolue, inébranlable.
Il y a peu de cas dans l'histoire, où uneœuvre s'est bâtie ainsi entièrement à partir d'une idée.
L'Association Internationale du Congo, l'AIC est un être purement fictif : ce n'est qu'un nom, derrière lequel iln'y a que le seul Léopold IIQuels sont les atouts de Léopold II ? voyons ceux qui ont été les siens dès le début de son aventure africaine : (ils s'élèvent aux nombre de 5)
1.
Sa personnalité même, son caractère.
Il a la foi, pour lui, un domaine d'outre-mer, par définition, doit être profitable.
De plus il a la plume abondante, forte etélégante, c'est un charmeur, qui sait convaincre et séduire, il a aussi par ailleurs un formidable talent d'adaptation, est ce un gagnant ? NON, il n'a gagné qu'auCongo, partout ailleurs dans le monde, ses efforts poussés de tous côtés-et notamment son formidable effort poursuivi durant de très longues années, et à très grandprix, en direction du Nil- ont échoué.2.
Il tire de sa qualité de souverain, le prestige et les avantages.
Il est non seulement monarque, mais aussi un monarque unanimement respecté.
Partout il est traitéavec respect.
Il peut négocier directement, avec aisance, avec les chefs d'Etat et de gouvernement étrangers.
Les années 1876-1885 fût une période où la Belgiqueentretient des relations sans nuages avec les grandes puissances, ce fut pour Léopold II une coïncidence heureuse.
Léopold II (et ceci est un paradoxe) tire desavantages considérables de sa qualité de souverain, mais ne subit aucun des inconvénients qui pourraient en découler.
Si aux yeux de tous, en effet, le créateur duCongo est le roi des Belges, juridiquement, il agit, non comme roi, mais comme personne privée.
Comme roi des Belges, Léopold II est ligoté par les règlesconstitutionnelles, qu'il respecte d'ailleurs scrupuleusement.3.
Le Roi dispose de collaborateurs de 1er ordre.
Exemple : Lambermont (rôle majeur), Emile Banning.
A l'étranger, toujours au point de vue des contactsinternationaux, le Roi se sert souvent des diplomates belges.
En Afrique il y a Stanley, Léopold II a manifesté une singulière intelligence, en comprenant que, pouravoir le Congo, il fallait avoir Stanley, que Stanley était le seul qui pût mener à bien l'entreprise dont il rêvait.
Cela dit en l'enrôlant il prenait un risque : il y avait detrès grosses ombres sur la réputation de Stanley, et spécialement l'ombre de la brutalité.
Stanley ne dispose que d'une liberté d'action limitée.
Le Roi, de Bruxelles, luienvoie sans cesse des instructions détaillées.
En gros pour cet atout Léopold II à été remarquablement servi.4.
Léopold II a un moyen d'action puissant : sa fortune personnelle.
Cette fortune était très considérable.
On ne la connaît pas dans le détail, mais il paraît bien qu'ellea été à un moment donné fort supérieure à 50 millions de francs-or.
C'est cette fortune qui lui permit de financer son entreprise africaine.
Léopold II va tout payer auCongo, et seul, au moyen de sa cassette personnelle.
A la fin de 1885, le Roi aura ainsi dépensé en tout environ 11millions et demi de francs.
De plus il a préféréemprunter plutôt que de devoir vendre des propriétés foncières ou des valeurs de portefeuille.
Le Congo a néanmoins ébréché sa fortune.
De là l'acharnement qu'ilmettre à réclamer à la France une indemnité pour l'abandon du Niari-Kwilou, région que le Roi considérait comme particulièrement riche.
L'impression très forte quise dégage de la période de création du Congo est que le Roi dépense sans compter, le premier impératif étant de réussir.
Le Roi paie tout ce qui est nécessaire ausuccès de sa politique.
C'est un élément incontestable de sa supériorité.5.
La réputation de philanthropie (amour de l'humanité) du Roi.
C'est un élément absolu capital, cette réputation du Roi date de ses premières initiatives africaines.
Ilse présente comme un souverain généreux, désintéressé, qui, à ses frais, ouvre l'Afrique centrale à la civilisation.
Il développe sans cesse le thème de l' « œuvre.
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