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(résumé & analyse) Eugénie Grandet de Balzac

Publié le 15/11/2018

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Eugénie Grandet

Publiée en décembre 1833, Eugénie Grandet, la deuxième et la plus importante des « Scènes de la vie de province», mêle inextricablement l’histoire d’un destin de femme au XIXe siècle, la description d’une monomanie et l’évocation du milieu où l’un et l’autre se développent.

Synopsis. — « Physionomies bourgeoises. » Saumur.

Description de la rue. puis de la maison de M. Grandet dont la carrière est évoquée. Autour du vieillard, économe jusqu'à l'avarice : une ville de province, une famille (sa femme, sa fille Eugénie), une servante (la grande Nanon). Novembre 1819 anniversaire d'Eugénie. Deux familles, les Cruchot et les des Grassins, défendent chacune leur prétendant à la main de la jeune fille Arrivée du cousin de Paris, Charles.

« Le cousin de Paris. » Charles est envoyé à Saumur par son père qu’une faillite récente pousse à mettre fin à ses jours. Eugénie, séduite par la jeunesse et les manières raffinées de son cousin, s'active auprès de lui. Le soir, tandis que Grandet s'enferme amoureusement avec son or. Charles laisse échapper son étonnement devant l'aspect misérable de la maison.

« Amours de province» Grandet décourage rapidement les espoirs qui se lèvent chez Eugénie : une union avec le fils d’un homme déshonoré est exclue.

«Promesses d'avare, serments d'amour» Après avoir vu son père quitter mystérieusement la maison, Eugénie apprend, en lisant deux lettres que Charles vient d’écrire, la misère du jeune homme. Elle lui donne ses pièces d'or. Charles, en retour, lui confie un coffret ayant appartenu à sa mère.

« Chagrins de famille. » Jour de l'an : fureur de Grandet à qui Eugénie n'a pu montrer son or. Il enferme sa fille dans sa chambre, au désespoir de Grandet qui doit s'aliter. Octobre 1822 : mort de Grandet. Eugénie renonce à sa succession : son père est comblé. 1827 : Grandet, dont l’obsession de l'or a grandi jusqu’à l'exaltation, meurt après avoir initié Eugénie aux affaires.

«Ainsi va le monde. » Charles, revenu en France après avoir réalisé une fortune douteuse, annonce par lettre à Eugénie qu’il s'apprête à épouser Mlle d’Aubrion Eugénie règle les dettes du père de Charles, puis, indifférente, épouse Cruchot.

Eugénie, veuve à trente trois ans, revient dans la mélancolique maison de Saumur. Vivant frugalement, elle fait le bien autour d'elle.

De l’avare, tel que la tradition en a fixé le type, M. Grandet possède tous les traits. Appliquant les princi-pes d’une épargne serrée, il voit dans la faillite « l’action a plus déshonorante entre toutes celles qui peuvent déshonorer l’homme », et concentre toute son énergie dans a passion qui est le principe de sa vie : « la vue de l’or, la possession de l'or». Grandet, qui semble << économiser tout, même le mouvement », qui aime sa fille parce qu'elle est son «héritière», est dévoré par l'or qu'il vient, seul, dans son cabinet, « choyer, caresser, couver, cuver, cercler ». Sa passion envahit non seulement sa vie mais celle des autres : Nanon, par exemple, est devenue aussi avare que son maître, et, à la fin du roman, Eugénie respectera les mêmes principes d'épargne que Grandet. Ce dernier, cependant, satisfait sa manie en exploitant les possibilités que son époque lui offre : l'augmentation de son capital passe par une série de placements et de spéculations qu'ignorait Harpagon.

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« la possession de l'or>>.

Grandet, qui semble >, qui aime sa fille parce qu'elle est son «héritière», est dévoré par l'or qu'il vient, seul, dans son cabinet, « choyer, caresser, couver, cuver, cercler».

Sa passion envahit non seulement sa vie mais celle des autres : Nanon, par exemple, est devenue aussi avare que son maître, et, à la fin du roman, Eugénie respectera les mêmes principes d'épargne que Grandet.

Ce dernier, cependant, satisfait sa manie en exploitant les possibilités que son époque lui offre : r augmentation de son capital passe par une série de placements et de spéculations qu'ignorait Harpagon.

Puissant et dominateur (il tient du «tigre» et du «boa >>, alors que sa femme n'est qu'un «insecte>>), Grandet exerce sur son entourage un pouvoir quelque peu magnétique.

A force d'économies de bouts de chan­ delles, mais aussi de roueries, d'obstination et de pas­ sion, il a réuni une fortune de dix-sept millions (chiffre gigantesque à l'époque), qui lui donne une dimension fantastique.

Personnage de l'ombre, d'ailleurs, il garde son or dans une cachette ignorée de tous, il ne laisse personne deviner la nature de ses entreprises avant qu'il ne les ait menées à bien, il prend le temps de calculer ses coups et sait manœuvrer plus habilement qu'un autre.

Grandet est un Vautrin de province dont la volonté de puissance se coule dans la passion de 1 'or.

Il est fondamental que cette passion s'exprime en pro­ vince.

>, écrit Bal­ zac dans un épilogue qu'il supprimera après la première édition.

D'autre part, Saumur est Je type de «certaines villes de province>> .

Entre avarice et province, un lien très étroit existe, dont Balzac tente de percer la nécessité et le mystère.

« Si tout arrive à Paris, tout se passe en province : là, ni relief ni saillie ( ...

); là, des mystères habilement dissimulés ( ...

); là, d'énormes valeurs prêtées par le cal­ cul et l'analyse aux actions les plus indifférentes.

On y vit en public » (Préface).

Cette vie publique détermine, en effet, le mystère.

Puisqu'>, il faut savoir, comme Grandet, agir dans l'ombre et le silence pour réussir.

Lieu du clair-obscur, la province se concentre dans la maison Grandet, le seul décor du roman, fixé immuablement par le passé.

Les descriptions, ici, par leur longueur et leur minutie mêmes, permettent de faire sentir au lecteur le poids du temps.

Elles illustrent, dans leur forme comme dans leur fond, la lenteur, l'attente, l'ennui dont est faite la vie de province, où chacun s'engourdit et s'enlise.

Entre décor et personnage, il y a donc plus qu'un lien de contiguïté; le logis des Grandet ne se contente pas d'expliquer Eugénie, ilia représente dans l'ordre de l'es­ pace, il en est à la fois la métonymie et la métaphore : > ), au veu­ vage à 1 'âge de trente-trois ans, à ce désert enfin qui s'ouvre devant elle: « Eugénie marche au ciel accompa­ gnée d'un cortège de bienfaits».

La charité ne peut ici masquer l'échec de la vie terrestre : faite pour être « magnifiquement épouse et mère », Eugénie n'a « ni mari, ni enfants, ni famille >>.

Présenté souvent comme l'exemple même du roman réaliste, Eugénie Grandet propose la vision pessimiste d'un monde déshumanisé, étouffant, où, de même que la narration le cède dans le roman à la description, les signes l'emportent sur les hommes.

Avec ses personna­ ges sans avenir autre que celui de la répétition et de l'échec, ses décors sans âme, sans amour, où les êtres s'animalisent et se réifient, l'univers d'Eugén ie Grandet apparaît rétrospectivement beaucoup plus inquiétant que celui de la pègre parisienne, par exemple, où les indivi­ dus -qui tendent ici à disparaître au profit de l'or et.

plus généralement, des choses comme telles -ont encore un rôle à jouer.

BIBLIOGRAPHLE Eugénie Grandet, Garnier-Flam on, 1964, édition de Pierre Citron; Eugénie Grandet, Sansoni.

Florence.

1959, édition de Roger Pierrot; Eugénie Grandet, Classiques Garnier, 1965, édition de P.-G.

Castex.

A consulter.

-Introduction de Nicole Mozet dans le tome Ill de l'édition de la Pléiade, p.

991-1023.. »

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