RELIGIEUSE (la), de Denis Diderot

RELIGIEUSE (la), roman de Denis Diderot. Composé en plusieurs étapes à partir de 1760, il fut communiqué aux privilégiés, abonnés à la Correspondance littéraire et publié pour la première fois après la mort de l'auteur en 1796, en même temps que Jacques le Fataliste. La composition de l'œuvre et la présentation que souhaitait lui donner Diderot qui l'a remaniée jusqu'à là fin de sa vie restent aujourd'hui l'objet de débats. L'origine en est le drame réel d'une jeune religieuse de Longchamp, Marguerite Delamare, contrainte par sa famille à prendre le voile et luttant pour se faire relever de ses vœux. Son combat rencontra un écho favorable dans le milieu

philosophique. Sur ces événements véridiques se branche la mystification imaginée par Diderot et Mme d'Épinay, qui apitoyèrent un de leurs amis, le marquis de Croismare, avec des lettres apocryphes de la religieuse, nommée désormais Suzanne Simonin. Le récit qu'elle fait de sa vie est accompagné dans la Correspondance littéraire d'une préface qui met en scène la supercherie. Cette préface qui parle de Diderot à la troisième personne semble être de sa plume et constituer une nouvelle mystification. L'œuvre apparaît donc à la fois comme une dénonciation des couvents où se développeraient sadisme et lesbianisme, et un jeu complexe sur le réel et la fiction : roman militant des Lumières et nouveau roman avant la lettre, décrivant sa propre composition. La Religieuse a été adaptée au cinéma par Rivette, et sa projection a soulevé une polémique qui n'est pas sans rappeler celle qui avait suivi la publication du livre en 1796.