RÈGLE DU JEU (la) de Michel Leiris (résumé et analyse de l'oeuvre)
Publié le 28/10/2018
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RÈGLE DU JEU (la). Récit autobiographique de Michel Leiris (1901-1990), publié à Paris chez Gallimard en quatre volumes : Biffures (1948), Fourbis (1955), Fibrilles (1966) et Frêle Bruit (1976).
Biffures évoque les moments et épisodes de l'enfance de Leiris, qui, pour la plupart, furent associés à l'apprentissage du langage et de ses principales caractéristiques. L'enfant découvre peu à peu que les mots ne sont pas seulement «vibrations sonores » liées au bon plaisir de chacun, mais qu'ils doivent être prononcés avec précision (« ... Reusement », « Chansons », «Habillé en cour»), et l s'ouvre, grâce à la lec ture («Alphabet»), au monde merveilleux des noms. Continuant à relater les aspects essentiels de sa formation (où la musique joue un rôle important), l'écrivain mentionne par glissements associatifs les périodes de sa vie d'adulte qui s'y rattachent (« Perséphone », « Il était une fois... », « Dimanche »). Dans le dernier chapitre («Tambour trompette »), il tente d'élucider et de défi nir avec précision l'objet de a quête qu'il a entreprise : une sorte de « pierre philosophale » comme symbole probant d'une transmutation de soi. N'y pouvant parvenir et n'en ressentant plus dès lors la nécessité, il décide d'interrompre ce travail.
Fourbis, pour Leiris qui a fait le point sur les effets, plutôt négatifs, du livre précédent, représente l'espoir nouveau d'une « reprise de soi ». Par le truchement de certains lieux (Saint Pierre de la Martinique) ou de certaines circonstances (une conférence sur Max jacob), il essaie de mettre au jour les nombreuses figures, toutes les ramifications mentales de son appréhension de la mort (« Mors»). L'expérience pénible qu'il fit, enfant, de la fréquentation d'un gymnase. ainsi que sa passion d'alors pour les courses hippiques, constituent à ses yeux des éléments révélateurs, d'une part de ce qu'il appelle sa « veulerie », d'autre part de son souhait de n'assumer qu'un second rôle sur la scène de la vie, le tout mêlé à un très vif désir, parfois naïvement manifesté, de « fraternité » (« les Tablettes sportives »). Ce deuxième volume se referme sur la relation amoureuse avec Khadidia, prostituée qu'il connut, dans le Sud Oranais en 1939 1940 pendant les quelques mois de la « drôle de guenre » (« Vois ! déjà l'ange ... »). Avec elle il éprouva, sur le moment. le sentiment d'une intense communion, mais il considère avec le recul qu'elle a un peu joué pour lui le rôle d'un « ange de la mort ».
Fibrilles s'ouvre sur la nanration d'un séjour en Chine de cinq semaines, effectué en 1955, après lequel son enthousiasme initial s'eêt vite teinté de scepticisme : c'est l'occasion d'une réflexion sur son engagement politique. Brodant sur le thème du voyage, il réfléchit sur les raisons qui ont pu le pousser à se « promener» par le monde. Ce premier chapitre s'achève sur la relation d'une grave crise d'identité dont l'élément déclencheur fut une « aventure sentimentale » sans issue, vécue sur fond d'intense culpabilité et qui s'est soldée par une tentative de suicide (chap. 1 ). Il s'ensuivra une hospitalisation et une assez longue convalescence (parsemée de rêves et marquée par le souvenir de sa tante Claire), au cours de laquelle il s'efforcera de se sortir de l'impasse dépressive (2). Il se livre alors à un bilan de sa vie d’écrivain et constate l'opposition qui a toujours existé en lui entre le rationnel et l'émotionnel. Sa « règle du jeu » se résume à quelques principes moraux simples, liste de « coups défendus »
«
nir avec précision l'objet de la quête qu'il a entre
prise : une sorte de « pienre philosophale »
comme symbole probant d'une transm utation de
soi.
N'y pouvant parvenir et n'en ressentant plus
dès lors la nécessité, il décide d'interrompre ce
trav ail.
Fourbis, pour Leiris qui a fait le poin t sur les
effets, plutôt négatifs, du livre précédent.
repré
sente l'espoir noweau d'une «reprise de soi».
Pa r le truchemen t de certai ns lieux (Saint Pienre
de la Martin ique) ou de certaines circonstances
(une conférence sur Max jacob), il essaie de met
tre au jour les nom breuses figures, toutes les
ramificati ons mentales de son appréhension de
la mor t(« Mors »).
L'expérience pénible qu'il fit,
enf ant, de la fréquentation d'un gymnase.
ainsi
que sa passion d'alors pour les courses hippiq ues,
constituent à ses yeux des élém ents révélateurs,
d'une part de ce qu'il appelle sa « veulerie »,
d' autre part de son souha it de n'ass umer qu'un
second rôle sur la scène de la vie, le tout mêlé à
un très vif désir , parfois nà1\lement manifesté, de
« fra ternité » ( « les Tab lettes sporti ves » ).
Ce
deuxième volume se referme sur la relation
amour euse avec Khadidia, prostituée qu'il connu t,
dans le Sud Oranais en 1939 1940 pend ant les
quelques mois de la « dr ôle de guenre » («Vois !
déjà l'ange ...
»).
Avec elle il éprou va, sur le
momen t.
le sen timen t d'une intense communion,
ma is il considèr e avec le recul qu'elle a un peu
joué pour lui le rôle d'un « ange de la mort».
Fibrilles s'ouvre sur la nanration d'un séjour en
Chine de cinq semaines, effectué en 1955, après
lequel son ent housiasme initial s'est vite teinté de
scepti cisme : c'est l'occasion d'une réflexion sur
son engagement politique.
Brodant sur le thème
du voyage, il réfl échi t sur les raisons qui ont pu
le pousser à se « promen er» par le mon de.
Ce
prem ier chapi tre s'achève sur la relation d'une
grave crise d'iden tité dont l'élémen t déclencheur
fut une « aventure sentimentale » sans issue,
vécue sur fond d'intense culpabilité et qui s'est
soldée par une tentative de suicide ( chap.
1 ).
Il
s'ensuivra une hospi talisation et une assez longue
co nvalescence (parsemée de rêves et ma rqué e
par le souv enir de sa tante Claire), au cours de
la quelle il s'ef forcera de se sortir de l'impasse
dépre ssive (2).
Il se livre alors à un bilan de sa vie
d'écrivain et con state l'opposition qui a tou jours
exi sté en lui entre le rationnel et l'émo tionnel.
Sa
« règle du jeu » se résume à quelques principes
mor aux simples, liste de « coups défendus » pour
préserver l'authenticité du dire (3).
Consi
dé rant l'art et la poésie comme ses « ressources
dernièr es », il croit pouvoir, dans ce volume,
mettre un poin t final à son autobio graphie , en
notant que vaine fut sa recherche d'un ordre
auquel se conformer, mais que c'est peut-être
cette exploration même qui lui a permis de vivre
( 4).
Fausse sortie cependant, puisque paraîtra dix
ans plus tard un quatrième volume .
Frêle Bruit.
recueil de nombr eux fragmen ts,
accorde une large place à la difficul té de vieillir , à
la douleur de dev oir admettre le len t décl in de
soi.
Leiris passe en revue d'un regard teinté de
nostalgie l'ensemble des lieux, sites, objets et des
êtres qu'il a aimés et qui composen t sa « vitrine »
personnelle.
Dans la tension entre les deux pôles
import ants de sa vie que furent l'aspirat ion à
l'action et la poésie, il avoue, dans les réflexions
que lui inspir ent deux séjours à Cuba (en 1967
et 1968), sa préférence pour cette dernièr e.
Parce qu'il a souvent trouvé en elle le refuge dont
il avait besoin ( « Mal ikoko roi nègre ») et à cause
de son attir ance pour une certaine forme de
merveilleux, qui «allège et arme contre la crainte
de la mort ».
En espérant que l'écriture va «des
serrer l'étreinte>> d'une angoisse trop
souvent présente, Leiris se lance dans
une entreprise dont il ignore les pro
portions imposantes qu'elle finira par
prendre.
Pour enrayer ce sentiment de
«vide contre quoi si souvent [il se sent]
acculé», il se propose d'extraire du
chaos de sa vie des figures identifiables,
qui lui permettront de remonter à la
source de son malaise : dans le mot
«fourbi», il faut entendre à la fois la
confusion, mais aussi l'affûtage des
moyens de défense.
Il dispose, pour ce
faire, d'une somme importante de
fiches, sur lesquelles il a noté les
innombrables épisodes de son exis
tence qui deviendront le matériau de
base du monumental colmatage
auquel il aspire.
Le langage, « moyen
de révélation », doit l'aider à composer
l' arrangement dont il attend un soula
gement durable, à mieux supporter ce
constat qu'il n'aura de cesse de vérifier.
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