RAOUL DE CAMBRAI (résumé & analyse)

RAOUL DE CAMBRAI (seconde moitié du XIIe siècle). Chanson de geste, remaniement certain d’un texte plus ancien, Raoul de Cambrai ne nous est parvenu que sur un seul manuscrit, du type dit « manuscrit de jongleur » (peu soigné et de petit format). Les 5 555 premiers vers sont rimés, les quelque 3 000 suivants assonancés. Telle qu’elle se présente, cette chanson pose de délicats problèmes de composition. Avant de les aborder, retraçons brièvement sa matière. Raoul, à la mort de son père, est dépossédé par le roi Louis, son oncle, de son fief de Cambrai au profit de Giboïn. En compensation, on lui promet de lui attribuer, adulte, le fief du premier comte qui mourra. Ainsi Raoul prendra-t-il la succession du comte Herbert de Vermandois, dont les jeunes fils sont à leur tour lésés. Une guerre s’engage entre Raoul et ces derniers. Or leur neveu, Bernier, était l’écuyer de Raoul : drame féodal et humain autour duquel se concentre l’action. La démesure du héros le pousse aux pires impiétés et au crime : l’incendie du bourg d'Origny et de son monastère, où la mère de Bernier périt dans les flammes. Bernier, frappé par Raoul, se trouve enfin délié de l'hommage et peut poursuivre sa vengeance : il tue finalement son ancien seigneur dans la bataille. La mort de Raoul, en pleine solitude morale, marque la fin d’une première partie — et, peut-être, d'un état antérieur de la chanson.