RACINE : Iphigénie (Résumé et analyse)
Publié le 22/02/2012
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«
Ô toi, soleil, ô toi qui rends le jour au monde, Que ne l'as-tu laissé dans une paix profonde ! A de si noirs forfaitsprêtes-tu tes rayons,Et peux-tu sans horreur voir ce que nous voyons ?(v.
23.26)
surtout si l'on songe que l'invocation initiale était en 1664:
Ô toi, qui que tu sois, qui rends le jour au monde...
Autant dire que l'auteur d'Iphigénie enseigne à celui de La Thébaïde qu'une invocation païenne reçue ne tire pas àconséquence, bien moins qu'une tournure dont l'imprécision philosophique pourrait être fâcheusement entendue enun sens libertin.
3.
L'oracleIl existe un autre lien entre les deux pièces : l'oracle.
Dans l'un et l'autre cas, l'issue du conflit dépend d'un oracle.L'un et l'autre sont cités ; leur similitude est frappante :
Thébains, pour n'avoir plus de guerres,Il faut, par un ordre fatal,Que le dernier du sang royalPar son trépas ensanglante vos terres(v.
393-396)
Beaucoup plus précis, donc redoutable, l'oracle de 1674 (qu'on trouvera formulé, p.
25).
En premier lieu l'identité,révélée d'une manière à première vue irréfutable, de la victime (et là Racine joue la difficulté) ; en second lieu, lerecours, dans les deux cas, au verbe ensanglanter.
Ce lourd tétrasyllabe ne paraît que neuf fois dans l'ensemble destragédies de Racine ; les deux occurrences que l'on trouve dans Iphigénie sont les dernières; mystérieusementappliquées à Eriphile (l'Iphigénie à sacrifier) ; laquelle se souvient :
Et me voyant presser d'un bras ensanglanté (vers 492).
comme si cette expérience affreuse, sur laquelle on s'est aventuré à gloser dangereusement, n'avait pas surtout uncaractère prémonitoire, à la lumière des deux oracles !Mais jusque dans leur précision, les oracles ont toujours plus ou moins un 'caractère fallacieux (la Camille d'Horaceen avait instruit les spectateurs du xviie siècle).
Racine, qui s'était jusqu'alors surtout appliqué à utiliser la logiquedes passions comme ressort de sa dramaturgie, en revient donc ici à une donnée totalement illogique, dont ledénouement achèvera de montrer le caractère arbitraire : Ériphile, heureuse invention !
4.
Les protagonistesDernière modification d'importance dans l'économie de la pièce : le nombre des protagonistes.
Avec le trio, maisroyal, de Bérénice, il avait atteint un point extrême dans la paucité, la ténuité, la minceur ; ici, non plus le quatuorquasi obligé d'Alexandre, Andromaque, Britannicus, Bajazet, et (même modifié) de Mithridate, mais une inflation à six,trois hommes, trois femmes, dont le nombre semble, sous un certain angle, préfigurer Phèdre, où les rôles deThéramène et d'OEnone, par leur importance et leur étendue, sont ceux de véritables protagonistes plutôt que desimples utilités.
Mais il y avait déjà six protagonistes dans La Thébaïde ; c'est donc bien d'un tournant, presque d'unretour en arrière qu'il s'agit, avec ce retour à la Grèce.
2.
L'oeuvre : architecture, mouvements, personnages.
La tragédie peut être ramenée à deux parties essentielles d'égale longueur, puisque la division que constitue larévélation par Arcas des véritables intentions du roi se trouve à l'exact milieu de la pièce.
1.
D'un coup de théâtre à l'autre...Dans la première partie, ordres et contrordres se suivent dans la duplicité puisque Agamemnon maintientsoigneusement Clytemnestre et Iphigénie dans l'ignorance du sort de la princesse.
L'atmosphère change du tout autout lorsque Arcas, « serviteur fidèle » en premier lieu de Clytemnestre, comme Agamemnon le rappelle dès le vers125,Arcas, je t'ai choisi pour cette confidence : Il faut montrer ici ton zèle et ta prudence.
La reine, qui dans Sparte.
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