Racine et Shakespeare, de Stendhal
Publié le 19/03/2019
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Racine et Shakespeare, pamphlet de Stendhal (1823). Une définition du romantisme (qu'il appelait le « romanticisme », par opposition au « romantisme », jugé par lui trop conservateur) et la défense d'un théâtre dont l'histoire nationale devait fournir les sujets. L'année suivante, Auger ayant lu à l'Académie française un manifeste contre les romantiques, Stendhal lui répliqua par un second Racine et Shakespeare (1825), où il défendait la tragédie historique en prose et libérée des règles classiques.
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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)RACINE ET SHAKESPEARE - STENDHAL
1823 et 1825
A partir de 1822, Stendhal collabore à divers périodiques anglais : le NewMonthly Magazine, le London Magazine, le Paris MonthyReview, ce dernierpublié à Paris.
Il y donne des articles littéraires qui échappent à toutecensure, puisque destinés à un public étranger, et anonymes, ce qui luipermet d'exprimer sans ambages ses opinions sur la situation morale desFrançais à l'époque de la Restauration.
Deux de ces articles (octobre 1822 etjanvier 1823) formèrent la brochure Racine et Shakespeare dans sa premièreversion.Cependant, en juillet 1823, paraissait le premier numéro de La Muse française: cette revue des romantiques bien-pensants, tout en exaltant le lyrisme à lamode, demeurait sentimentalement attachée au trône et à l'autel; ce quin'empêcha pas l'Académie, l'Université, l'Église, figées dans leurs routines, derepousser avec horreur les théories poétiques de ces nouveaux venus; etl'académicien Auger, le 24 avril 1824, se chargea de prononcer contre euxune condamnation en forme, rejetant ainsi la nouvelle école dans l'opposition.Rien ne pouvait mieux servir Stendhal, et il réédita sa brochure en 1825,augmentée d'une pseudo-correspondance entre un romantique et un classique.
Le romantisme qu'il avait découvert en rentrant d'Italie, avec son bric-à-brac moyenâgeux, ses tirades enalexandrins, son catholicisme, son vocabulaire vague à base d'idéal et d'infini, l'avait rebuté : il préférait celui qu'onprônait chez Delécluze, où l'individualisme s'habillait d'intelligence caustique, et qui était assez proche du «romanticisme » italien, parent du libéralisme politique et patriotique.
Et c'est ainsi qu'il prit vigoureusement parti pourShakespeare contre Racine, et pour Lord Byron contre Boileau : « Le romanticisme est l'art de présenter aux peuplesles oeuvres littéraires qui, dans l'état actuel de leurs habitudes et de leurs croyances, sont susceptibles de leurdonner le plus de plaisir possible.
Le classicisme, au contraire, leur présente la littérature qui donnait le plus deplaisir possible à leurs arrière-grands-pères.
»Cela revenait, en somme, à réaffirmer la doctrine de la relativité du beau, et c'est moins à Racine qu'il s'en prendqu'au pseudo-classicisme de 182o : un genre qui a produit des chefs-d'oeuvre est maintenant épuisé.On voit donc dans quelle mesure Stendhal peut être apparenté aux romantiques : il a comme eux le culte del'individu et de la passion; mais il est trop épris de vérité psychologique et sociale pour se satisfaire comme eux duvague à l'âme, de l'à-peu-près sentimental, de la déclamation lyrique, et de ces descriptions d'un monde toutextérieur qui masquent la pauvreté de leurs investigations morales.Si le pamphlet de Stendhal a, selon une expression de Sainte-Beuve, « réveillé et stimulé tant qu'il a pu le vieuxfonds français », il faut reconnaître que le théâtre n'a pas voulu suivre la voie qu'il lui indiquait, celle du drame enprose : les écrivains romantiques, d'une façon générale, sont restés fidèles à l'alexandrin, expression du « beau idéal», disaient-ils, alors que Stendhal n'y voyait qu'un « cache-misère »; et le public de l'époque a donné raison auxromantiques..
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