RACINE : Andromaque (Résumé et analyse)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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celui de la fidélité à la Loi ;Celle, odysséenne, des retours malheureux : c'est le monde des fils parjures, s'affrontant en des rivalitésamoureuses et non plus en des joutes héroïques.La première de ces traditions confère au texte son climat poétique et sa dimension prophétique ; la seconde luifournit son sujet et son intrigue.
Racine en a adapté l'esprit et la lettre : plus question désormais de Molossos, filsqu'Andromaque aurait donné à Pyrrhus, mais bien d'Astyanax conformément à l'idée communément reçue sur laveuve d'Hector.
De même, si Pyrrhus reste violent par tradition historique et logique de son rôle dans l'intrigue, ill'est avec les grâces bienséantes de la galanterie pastorale.
Il n'épouse pas Hermione après une première allianceavec Andromaque : l'action peut donc se concentrer sur le destin de son unique mariage, où elle trouve son unité.Enfin le geste meurtrier d'Oreste, accompli en fait par ses soldats, a pour seule cause l'amour, et non plus commechez Virgile la folie sanctionnant l'assassinat de Clytemnestre.
Bienséance oblige, Oreste n'est pas tout à faitrégicide, et pas encore matricide.
Racine a préféré métamorphoser sa folie en conséquence du déchirement quesubit sa passion.
2.
L'oeuvre : architecture, mouvements, personnages
Architecture
Acte I.
Dès la première scène achevée et l'exposition entièrement assumée par le dialogue entre Oreste et Pylade(I, 1), l'action débute par deux ultimatums : diplomatique (I, 2) et affectif (I, 4).Acte II.
Pyrrhus reprend la réponse négative qu'il avait opposée au premier, pour punir Andromaque de celle qu'elle afaite au second pendant l'entracte (II, 3, 4, 5).
Cette péripétie bouleverse le plan d'Oreste qui se croyait maîtred'Hermione lassée des dédains du roi (II, 1, 2).
Cet acte de renversement des alliances, durant lequel Oreste s'estcru accepté par Hermione et Pyrrhus capable d'oublier Andromaque, mène la crise à son paroxysme.Acte III.
Oreste projette d'enlever Hermione, quitte à assassiner son rival (III, 1), Hermione se croyant triomphatriceassurée affronte son soupirant (III, 2) et sa rivale (III, 4) avec une insolente étourderie qui jette Andromaque auxpieds de Pyrrhus (III, 6), lequel revient, sur sa décision et en remet pour la durée de l'entracte à venir laresponsabilité entre les mains de sa captive (III, 7).
L'action reflue vers le tombeau d'Hector (III, 8).Acte IV.
Quand débute l'acte IV, le stratagème conçu par Andromaque — accepter le mariage et se suicider dèsaprès la cérémonie qui aura engagé la foi de Pyrrhus (IV, 1) — a retourné la situation.
Hermione reprend alorsl'initiative et commande à Oreste le meurtre de l'amant infidèle (IV, 3).
Ce nouvel ultimatum, suspendu durant unedernière et vaine entrevue d'Hermione et Pyrrhus (IV, 5), engage le dénouement.Acte V.
Suspendue par les atermoiements d'Hermione (V, 1) puis les incertitudes d'Oreste (V, 2), la catastrophe voits'enchaîner le récit du meurtre par le meurtrier, le désaveu d'Hermione (V, 3), son suicide et la folie d'Oreste (V, 5).
Dramaturgie
La courbe de l'action se dessine dans un- plan que définissent deux axes.
En « ordonnée », Andromaque hésiteentre la fidélité due à l'époux et celle due à son fils, dilemme qui s'inscrit dans l'univers intangible des valeurs, sur laverticale allant du touchant au sublime.
En « abscisse », l'interdépendance des passions non réciproques précipiteles faits en répercutant les conséquences de la moindre décision sur l'horizontale de l'intrigue qui marche vers sondénouement fatal.
Personnages
La personnalité des acteurs découle de ces données.Andromaque, prêtresse de la fidélité, deux fois veuve, captive hantée par le souvenir des disparus, est en mêmetemps mère, vibrante d'affection, suppliante et brisée.
Or, loin de s'exclure, ces deux aspects qui donnent aupersonnage son relief, et une dynamique à son action, trouvent leur synthèse dans le martyre consenti que subit sadignité et qui transcende la fidélité funèbre et la maternité déchirée en figure chrétienne de Pietà.Tout à l'opposé, Hermione a l'incandescence et l'instabilité de la flamme qui la dévore.
Son orgueil blessé et sonattente trahie métamorphosent son amour en une fureur dont la victime semble bien être, par-delà les innocentsbroyés et le coupable visé, sa personne même que le dilemme de l'amour et de la haine prive de raisons et defaculté de survivre.Pyrrhus est le héros tragique voulu par Aristote, ni tout à fait bon, ni tout à fait méchant, noeud de tensionscontradictoires.
Féroce mais galant, guerrier brutal mais faible et naïf comme un enfant quand la lutte se déploie surle terrain du coeur, impérieux mais incertain, coupable repentant et lucide sans pour autant corriger sa conduite.Oreste se croit le héros tragique de la poésie antique.
Résigné après tant d'illusions et de défaites intérieures àlaisser le champ libre à sa passion, il maudit le Ciel du fatal enchaînement qui, de la duplicité diplomatique; et par unprojet d'enlèvement, l'assassinat d'un rival trop heureux et la malédiction de celle qu'il aimait, le mène à causerindirectement le suicide d'Hermione qui lui coûte la raison.
Fatalité désastreuse, ou désastre du fatalisme, Orestepose la question du destin humain..
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