RACINE : ANDROMAQUE (résumé & analyse)

Il n’y a pas d’incidents extérieurs, sans doute, mais il y a beaucoup d’incidents dans les résolutions, beaucoup de matière sentimentale.

Analyse. Acte Ier. — Oreste arrive à la cour de Pyrrhus où il retrouve son ami Pylade. Il vient, comme ambassadeur des Grecs, pour réclamer le fils d’Hector qui vit à la cour de Pyrrhus avec sa mère, Andromaque. Mais il vient aussi en homme amoureux d’Hermione qui l’a délaissé pour se fiancer à Pyrrhus. Il a appris, en effet, que Pyrrhus oublie Hermione pour Andromaque. Pyrrhus ne consent pas à livrer Astyanax, mais déclare à Andromaque qu’elle doit l’épouser sans délai. Andromaque veut rester fidèle au souvenir d’Hector et refuse.

ACTE II. Tandis qu'Hermione irritée des dédains de Pyrrhus promet à Oreste de le sttivre, Pyrrhus, malgré des hésitations, annonce que, las de l’indifférence d’Andromaque, il épousera Hermione.

AcTE III. Désespoir d’Oreste. Joie d’Hermione. Andromaque se jette aux pieds d’Hermione pour la conjurer de protéger son fils. Hermione la repousse cruellement. Andromaque se décide alors à supplier Pyrrhus, qui revient sur sa décision d’épouser Hermione, mais somme Andromaque de choisir définitivement entre son fils et lui.

AcTE IV. Andromaque décide d’épouser Pyrrhus, mais de se tuer au temple après le mariage. Hermione, emportée par la fureur, ordonne à Oreste de préparer le meurtre de Pyrrhus et répond aux excuses de Pyrrhus par d’âpres reproches et des menaces.

AcTE V. — Tandis qu’Hermione se débat entre son amour et sa colère, Oreste vient lui annoncer la mort de Pyrrhus. Désespoir d’Hermione qui reproche à Oreste de lui avoir obéi et s’enfuit pour se tuer sur le corps de Pyrrhus. Oreste devient fou.

Ce n’est pas là une histoire toute simple. Il y a bien des rencontres sinon d’événements, du moins de sentiments. On a dit que Racine n’avait pas inventé cet imbroglio d’amour. Il est dans la Diana de l’Espagnol Montemayor, où, plus ingénieusement encore — trop ingénieusement —, Selvagie aime Alanéo qui ne l’aime pas, mais aime Isménie qui aime Montan qui aime ... Selvagie. La Diana était alors illustre ; Racine, assurément, l’avait lue. Mais ces complications sentimentales étaient alors le thème banal des romans et des tragi-comédies, et c’était à qui démêlerait les nuances de l’amour aimé, de l’amour supporté, de l’amour importun et les contre-coups de la rancune, de la jalousie et de la haine. La situation d’Andromaque est une situation romanesque, à la mode des romans du temps.

I. LES INFLUENCES

Avant Andromaque — Racine disciple de Corneille et de Quinault. — Rien ou à peu près rien ne pouvait faire prévoir, avant 1667, que Racine fût capable d’écrire Andromaque. Il était homme de lettres, \"bel esprit\". Il avait écrit des odes et poèmes appréciés ; il était pensionné par le roi. Il était surtout l’auteur de deux tragédies. Mais il y avait dans ces deux tragédie s beaucoup de Corneille et de Quinault, très peu de Racine.

La Thébaïde, c’est, à la mode de Corneille et du temps, le spectacle de grandes catastrophes. Au dénouement, les deux frères Etéocle et Polynice s’entre-tuent ; Hémon, amant d’Anti-gone, est tué ; Jocaste, mère des frères ennemis; Antigone, leur sœur ; Créon, amoureux d’Antigone, se tuent. C’est ensuite le spectacle de « grandes âmes », entendons d’âmes cornéliennes entêtées dans l’ambition et le crime comme dans l’héroïsme : Hémon : Un si noble trépas flatte trop mon courage.

Créon : Le remords n’est pas ce qui me touche,

Et je n’ai pas un cœur que le crime effarouche.

Il y a par surcroît des discussions politiques exactement cornél iennes :

L’intérêt de l’État est de n’avoir qu’un roi; des dialogues galants où il y a un peu de Corneille, et beaucoup de Quinault ; des répliques de vers à vers (stichomythiques) qui semblent tirées d’une tragédie cornélienne.

Il reste également du Corneille dans Alexandre. Porus est exactement cornélien, dans sa fierté :

La gloire est le seul bien qui nous puisse tenter, et dans ses discussions politiques et guerrières avec Taxile. La reine Ariane aime le \"généreux\" Porus, dédaigne le lâche et traître Taxile et, lorsque Porus est défait glorieusement, elle