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QUINZE JOIES DE MARIAGE (les) (résumé & analyse)

Publié le 28/11/2018

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mariage

QUINZE JOIES DE MARIAGE (les) [xve siècle]. L’auteur, qui dissimula son nom dans une charade, appartiendrait à la famille de Lers. Sans doute est-il clerc : il avoue ne s’être jamais marié, puisqu’il a plu à Dieu de le mettre « en aultre servage »! (Prol., I, 112). L’allusion à la bataille de Flandres (Rosebecque, 1382) et la place que lui confèrent les Cent Nouvelles nouvelles parmi les « histoires anciennes » permettent de situer l’œuvre au début du xve siècle. Impossible de déterminer une origine géographique : l’auteur se garde de faire évoluer ses héros dans un cadre précis, car il veut prouver que le mariage conduit au malheur toujours et partout, d'où ces nombreuses formules généralisantes.

 

Les Quinze Joies reflètent une mentalité imbue du mépris de la femme. Comme dans la littérature satirique, l’épouse est coquette, légère, vaniteuse. Les mères, complices, enseignent, par exemple, à leur fille l’art de feindre d’être vierge; les commères, qui aiment bien festoyer, multiplient les parjures pour aider l’épouse à prouver son innocence, malgré les faits; la dame qui « se gouverne sagement » (VII, 162) est la plus experte dans l’art du paraître, tandis que son mari a le tort de se fier à ce qu’on lui affirme sous la foi du serment.

 

Mais, derrière cet antiféminisme, l’auteur s’attaque à l’institution conjugale. Non qu’il se rattache à la tradition monastique et rigoriste qui, depuis saint Jérôme, considérait le mariage comme le mal. Il ne condamne pas le mariage proprement dit : « Je ne veil pas dire qu’on ne face bien de soy marier» (I, 24). Les jeunes choisissent librement d’entrer dans la « nasse » (chez Jean de Meung, le mot désigne le couvent), parfois même

mariage

« contre la volonté des parents.

Ils connaissent le bonheur pendant un certain temps.

Tels « deux coulombeaux >> (XIV, 10), ils s'adonnent aux « délitz », négligeant à coup sûr le conseil de saint Jérôme : «Quiconque aime trop son épouse est adultère» (cité par G.

Duby).

Oui, l'on peut vivre heureux dans la nasse, mais un court temps seulement.

Bien vite, les embarras pécuniaires, les coutumes guerrières.

les pèlerinages sèment la discorde, et le mari, progressivement, connaît la déchéance physi­ que, la misère morale ainsi que la dilapidation de ses biens.

C'est pourquoi l'auteur, s'inspirant de ceux qui célèbrent les «Joies de Notre-Dame>>, se propose appa­ remment de décrire les «joies>>, c'est-à-dire par anti­ phrase les malheurs de l'homme dans le mariage; mais, en réalité, il s'élève contre toute « nasse>> où il serait libre d'entrer mais d'où il n'aurait pas le droit de sortir, par la faute de lois sociales et religieuses contraignantes.

Ce parti pris n'empêche pas l'auteur d'observer et de brosser quelques jolis croquis, des scènes d'intimité discrètes mais explicites (V0 Joie).

Ces références à la vie quotidienne expliquent la place attribuée aux Quinze Joies dans les origines du roman réaliste et dans la pré­ histoire de la nouvelle française en prose.

BIBLIOGRAPHIE Édition.

-Les XV loyes de mariage, publ.

par J.

Rychner.

Genève.

Droz, 1963.

Traduction.

-Quinze Joies de mariage, publ.

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Études.

-W.

SOderhjelm, la Nouvelle française au XV" sièc le.

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Copenhague, 1958: R.

Dubuis, les Cent Nou· velles nouvelles et la tradition de la nouvelle en France au Moyen Age, Pre sses univ.

Grenoble, 1973: M.

Sant ucci.

«Pour une interprétation nouvelle des Quinze loyes de mariage », dans le Récit bref au Moyen Age, Actes du colloque du centre d'études médiévales de l'université de Picardie, av ri l 1979.

Paris, Cham­ pion.

1980.

A con su lter aussi : G.

Duby .

le Chevalier, la Femme er le Prêtre, Paris.

Hachette, 1981.. »

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