PSYCHÉ, conte de La Fontaine
Publié le 18/03/2019
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PSYCHÉ, conte de La Fontaine, dont le titre complet est les Amours de Psyché et de Cupidon (1669), en deux livres, mêlés de prose et de vers. S'inspirant d'Apulée, mais joignant à l'histoire de Psyché une description de Versailles, le poète dit son amour pour le beau, le bon et l'agréable, à travers un dialogue platonicien entre quatre amis (Acante, Polyphile, Gélaste, Ariste, derrière lesquels les contemporains voulaient voir La Fontaine lui-même, Boileau, Molière, Pellisson). La Fontaine avait pensé croiser deux styles, l'un galant, l'autre héroïque, mais le respect des règles lui imposa l'imité de ton : « voix » moyenne qui ne trouva pas l'oreille du public.
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Le Songe de Vaux, les Amours de Psyché, récits
poétiques
Le Songe de Vaux , entreprise inachevée dont seuls
quelques fragments seront publiés en 1671, représente
néanmoins trois années du travail littéraire et poétique
de La Fontaine.
Fouquet lui commande cet ouvrage en
1659.
Lourde tâche pour le poète : il lui faut décrire un
palais en cours d'achèvement et célébrer des jardins à peine
plantés.
Calliopée, la fée de la poésie, doit pourvoir
à ce que Palatiane, Apellanire et Hortésie -les fées de
l'architecture, de la peinture et du jardinage -ne peu
vent encore offrir.
11 faut ruser, inventer un subterfuge,
un procédé littéraire pour rendre vraisemblable cette
vision anticipée :rejetant la prophétie et 1 'enchantement,
La Fontaine imagine, plus simplement, que le Sommeil,
par faveur divine, lui accorde de voir en songe Je palais
de Vaux achevé.
Sur ce parcours enchanté, La Fontaine
entend bien, une fois encore, mêler les genres et les tons.
Sous la fiction onirique devaient se succéder des pièces
et des morceaux divers :descriptions poétiques d'œuvres
d'art -l'apothéose d'Hercule, les Muses, la Nuit, pein
tes par Le Brun aux plafonds du château; évocations de
bosquets ou de fontaines, fréquentées par les Nymphes
- la cascade; réflexions poétiques ou littéraires -tel
le débat sur les mérites comparés de 1 'architecture, de la
peinture.
de la poésie ct de l'art des jardins; enfin épiso
des « plaisants» -aventures d'un cygne, aventure d'un
saumon et d'un esturgeon-, dont Je ton évoque parfois
déjà celui des Fables.
La Fontaine s'est évidemment
amusé à rhabiller au goOt du jour, ct en vers, le Songe de
Poliphile, de Francesco Colonna (1499), qu'il évoque
dans son Avertissement et qui demeurait encore la bible
des lettrés et des artistes.
Il débarrasse simplement
l'aventure onirique de son caractère mystique et initiati
que et inverse le rapport entre les mots et les choses.
Colonna décrivait les paysages ou les monuments sortis
de son imagination comme des réalités archéologiques
dont il essayait de percer les mystères et qui devaient
inspirer des générations de jardiniers et d'architectes.
La
Fontaine, lui, s'ingénie à devancer ceux-ci, à achever
poétiquement leurs œuvres entreprises pour y loger des
épisodes de fantaisie.
Premier indice, dans la carrière de
La Fontaine, de ces «détournements littéraires>> dont il
allait se faire une règle.
Dans la Préface des Amours de Psyché ( 1669), ce
«Songe de Versailles», selon le mot de P.
Clarac, La
Fontaine revendique clairement cette « manipulation lit
téraire».
L'écriture de ce roman poétique fut, si on l'en
croit, laborieuse.
Apulée, sans doute, lui fournissait la
trame du récit : Psyché, jeune et superbe mortelle, est
condamnée par les oracles à épouser un « monstre » qui
n'est autre que l'Amour, et doit subir, avant d'être
admise parmi les dieux, les épreuves imposées par la
jalousie de Vénus.
Ce qui était, dans le modèle latin, une
quête mystique et philosophique devient toutefois chez
notre poète un incomparable hymne à l'amour.
La Fon
taine, en outre, modifie hardiment certaines scènes,
ajoute des épisodes de son invention -telle la rencontre
du vieux pêcheur et de ses filles, dans la seconde partie
- et surtout expérimente un procédé de composition.
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