PROFITENDIEU Bernard. Personnage du roman d’André Gide, les Faux-Monnayeurs
Publié le 26/10/2017
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PROFITENDIEU Bernard. Personnage du roman d’André Gide, les Faux-Monnayeurs (1925). On sait, grâce au Journal des Faux-Monnayeurs (1926), que, primitivement, Lafcadio, le héros des Caves du Vatican (1914), devait réapparaître dans le « premier roman » de Gide, auprès d’Edouard, à la place qu’occupent, tour à tour et bien différemment, Bernard Profiten-dieu et Olivier Molinier. Cette éviction de Lafcadio, sans doute une nécessité interne la motivait-elle : moduler de « sotie » en roman, c’est passer de la sphère close de l’instant où la jeunesse est quasiment divinisée et se pense étemelle, à l’ordre du temps quotidien où nulle victoire n’est jamais acquise et où, pour s’épargner de devenir complètement étranger à soi, il importe de se disposer à changer — à vieillir. L’itinéraire de Bernard Profitendieu est, à cet égard, exemplaire. Au départ, tout ou presque tout en lui cite Lafcadio : son orgueil, sa joie agressive à prendre acte de sa bâtardise, à s’exclure des cellules et des filières de la société ; cette façon qu’il a de se traiter sur le mode du défi et, surtout, ce trait si «lafca-dien » : la foi en la bonne étoile ou, plus exactement, la volonté de chance, le goût du bonheur et la tentation d’y voir le rayonnement obligé de la suprême valeur. Mais, quelques libertés qu’il prenne à l’égard de la morale commune (dans le vol, l’indiscrétion, la révolte), jamais sa conduite n’est ambiguë comme peut l’être celle de Lafcadio dansant en funambule sur l’extrême de la crête qui sépare le Souverain Bien du Souverain Mal. Bernard est proprement et par vocation « quelqu’un de bien ». Dénonçant la vanité des liens familiaux avec un cynisme trop agressif popr être tout à fait sincère, il se réfugie auprès d’Edouard mais n’accepte son mécénat que comme un sursis, comme faire de l’élan qu’il lui faut prendre pour dominer sa vie. JEt c’est bien là ce qui, secrètement, rebute Edouard : cette faculté qu’a Bernard de se penser en fonction de l’avenir, de se situer exactement sur la carte à peine ébauchée de sa propre existence
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