Devoir de Philosophie

PRINCE IGOR (Le) (résumé et analyse de l’oeuvre)

Publié le 23/09/2015

Extrait du document

PRINCE IGOR (Le)

 

 Des nombreux épisodes de la lutte qui opposèrent Russes et Polovtses, la légende a surtout retenu l’expédition malheureuse que mena, au xiie siècle, le prince Igor et qui se termina par l’invasion de la terre russe. L’œuvre célèbre que Borodine a écrite sur ce sujet s’inspire de la narration qu’à la fin du xne siècle un poète anonyme fit de ces événements authentiques et qui s’intitule : le Dit (ou Chant) de la bataille d'Igor [Slovo o polku Igoreve]. Cette narration est des plus importantes, étant le premier monument de la littérature russe écrite qui présente un réel intérêt artistique. Le manuscrit, qui fut seulement découvert en 1792 et publié, pour la première fois, en 1800 par le comte Moussine-Pouchkine, a été détruit dans l’incendie de Moscou, en 1812. Le Dit de la bataille d’Igor est, en quelque sorte, formé d’une introduction et de quatre tableaux. Le premier nous présente Igor et sa troupe qui, en dépit d’un mauvais présage (une éclipse de soleil), s’apprêtent au

 

*

 

combat. Les troupes ennemies sont d’abord vaincues, mais elles reviennent à l’attaque et, par suite de discordes entre les princes russes, remportent la victoire. Igor est fait prisonnier. Dans le second tableau, on voit le prince Svia-toslav, le père d’Igor, demander aux différents princes de s’unir pour venger la honte que connaît leur patrie. Le troisième tableau met en scène Iaroslavna, épouse d’Igor : s’adressant aux éléments déchaînés, elle implore le salut de son mari ; ce tableau, d’une intense couleur lyrique, est interrompu par le récit de l’évasion d’Igor et de son retour à Kiev. Le récit de la bataille elle-même est d’une richesse de mouvement, de couleurs et de sentiments peu commune. On y remarque en outre des tableaux étonnants de la nature : celle-ci participe directement à l’action. Les nombreuses images poétiques que l’on y rencontre indiquent une connaissance parfaite de la Russie méridionale. Si le poète est habile à décrire la vie de la haute société, avec ses guerres, ses chasses pittoresques, il n’est pas moins émouvant quand il évoque la vie du peuple, simple et malheureuse. La narration est généralement considérée comme de la prose, mais on a fait de nombreuses tentatives pour reconstituer le texte en mesure métrique, et certains de ses traducteurs en russe moderne se sont servis du vers. Récemment, Liasky est parvenu à un résultat remarquable en s’appuyant sur les exemples donnés par la poésie épique • médiévale de création individuelle. Comme pour d’autres créations épiques de cette époque, on a fait, pour le Chant d’Igor, l’hypothèse d’une origine populaire ; mais l’unité artistique de l’œuvre plaide plutôt en faveur d’une création individuelle. La polémique sur l’authenticité du poème, commencée dès l’époque de la découverte, s’est rallumée récemment, surtout sous l’impulsion de Mazon, qui voudrait y voir une contrefaçon de la fin du xviiie siècle dont la base serait un poème du xve, la Zadonchtchina (#) ; la majorité des érudits lui reconnaissent cependant tous les signes de l’authenticité. D’ailleurs il est remarquable de constater que quantité d’expressions et d’allusions contenues dans le poème ne deviennent compréhensibles qu’au fur et à

Liens utiles