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Pour une politique de civilisation Edgar Morin Résumé et analyse

Publié le 19/08/2012

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La politique de civilisation surgit des menaces qui pèsent sur notre société et des besoins qui en découlent. Elle se doit de ralentir les processus socio-écolo-psycho-intellectuels qui nous conduisent au désastre par leur rapidité. En effet, le développement énergivore et productiviste tel que nous le connaissons est destructeur, et nous devons révolutionner notre mode de vie, de produire, de consommer, de penser. Les contre-courants favorables à la politique de civilisation déjà cités sont essentiels. Plus l’industrie développera des techniques dégradant l’environnement, plus le courant écologique grandira ; plus la machine artificielle sera invasive, plus la convivialité sera promue ; la façon se consommer sera revue à l’aide d’un mouvement tendant vers la recherche d’intensité de vie et de simplicité dans la qualité de vie ; plus le capitalisme sera présent, plus l’anticapitalisme se développera et le rôle de l’argent et du profit décroitra. De la même façon, on peut supposer une réponse pacifiste à l’accroissement de la violence et un ressourcement croissant (en espérant qu’il ne tombera pas dans l’extrême nationaliste) face à l’homogénéisation. Les crises suscitent les prises de conscience et les décisions salvatrices. La politique de civilisation apparait ainsi comme une voie à suivre permettant de restaurer l’espoir et reconstruire notre futur. La politique de civilisation apporte un espoir, et l’espoir aide à supporter les angoisses et l’incertitude à travers la participation dans l’action. C’est la possibilité d’un futur meilleur.

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« Une politique de civilisation est une politique multidimensionnelle car tous les problèmes humains ont une dimension politique.

Le socialisme avait déjà tenté decréer une politique de civilisation en reprenant la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » et en visant à supprimer l'exploitation, le pouvoir arbitraire, l'égocentrisme etl'incompréhension.

Il voulait solidariser la société par voie étatique mais n'a pu empêcher la désolidarisation des rapports sociaux du monde moderne.

Son projet a ététrahi et inversé par sa mauvaise utilisation.

La politique de civilisation reprend l'aspiration à la communauté et à la solidarité en prenant en compte les difficultéssocio-anthropologiques.

L'aspiration est moins naïve mais son ampleur plus impressionnante.

Les problèmes que l'on considère comme isolés doivent être traitéscomme une grande problématique de société et la civilisation doit prédominer.

Le gouvernement doit intégrer la politique de civilisation à la politique classique.

Ilfaut utiliser et développer tout les aspects positifs de la science, des technologies, de l'individualisme et du capitalisme et les mettre au service d'une améliorationgénérale.

Il faut développer l'écologie et assainir les cultures, humaniser les administrations et l'économie, pour humaniser la société.

Car les problèmes que nousrencontrons en France sont ou seront rencontrés partout où il y a « développement ». Les impératifs d'une politique de civilisation sont de solidariser, ressourcer, convivialiser et moraliser la société.

La volonté doit être de faire de la solidarité unproblème central en politique.

La solidarité anonyme fournie par l'Etat est insuffisante.

Chacun possède un potentiel de solidarité, qui est aujourd'hui atomisé etintimidé alors qu'il devrait être développé.

Edgar Morin suggère diverses actions : des « maisons solidaires » dans les quartiers, avec des centres de crise pour besoinsmoraux urgents ; des agents solidaristes dans chaque administration ; une économie solidaire avec une économie mutualiste s'appuyant sur les solidarités locales oules suscitant : formation de coopératives et d'associations sans but lucratif ; et la transformation du service militaire en service civil d'assistance-solidarité.

La sociétéd'aujourd'hui est complexe et comporte des opportunités de liberté et d'initiative qui peuvent être aussi positives que destructrices.

Elle peut générer un désordrecontreproductif et doit donc être orientée vers (et non contrainte à) la solidarité pour en favoriser la complexité. La question de la qualité de vie doit être revue.

Elle ne doit pas se traduire par le bien-être matériel mais existentiel, c'est-à-dire la communication avec autrui et lesparticipations affectives.

La politique ne peut créer le bonheur, mais se doit de supprimer les causes de malheur.

La qualité de vie ne peut être créée, mais la politiquede civilisation doit viser à approfondir la résistance de la société civile.

Si la qualité de vie écologique est aujourd'hui en train d'être adressée, il faut développer laqualité de vie conviviale.

Ainsi, il faut lutter contre l'atomisation et l'anonymisation pour favoriser les rapports à autrui.

Ce changement ne se fera pas uniquement enrésistant à l'asphyxie des contraintes mais en vivant de façon prosaïque et poétique.

Un état d'exaltation permanente n'est pas envisageable, car les activités prosaïqueset utiles nous font survivre.

Cependant aujourd'hui, l'hyper-prose prédomine.

La contre-attaque poétique doit donc être puissante et favoriserait la fraternité.

Sanspoésie, on ne vit plus, on survit.

Puisque l'emploi est déjà en diminution car les technologies remplacent le travail humain, cette notion doit être remplacée par celled'activité, c'est-à-dire d'occupation passionnante, créative, intéressante.

Morin propose de baisser la durée de travail à 30 heures, afin de favoriser les activitésciviques, culturelles, et la vie personnelle et familiale.

La vie doit avoir un temps de paresse et de méditation. La standardisation et l'anonymisation ont aussi pour effet de détruire les diversités culturelles, de déraciner les êtres.

On ressent un besoin de ressourcementidentitaire.

Chacun a besoin de retrouver sa terre ainsi que la diversité humaine de la Terre.

La France se doit se préserver sa singularité et son identité en seprotégeant des influences extérieures.

Il ne faut cependant pas tomber dans un extrême de nationalisme clos, mais prendre la juste mesure entre ouverture et fermeturequ'est le patriotisme.

La France doit rester fidèle à ses principes, à l'intégration d'immigrés, à l'idée universelle des droits de l'homme, à sa volonté d'intégration àl'Europe.

Le patriotisme français et l'intégration à l'Europe doivent être liés, car l'Europe est une réponse associative à la crise planétaire.

Le ressourcement identitairedoit aussi passer par la solidarité, principe énoncé dans la trinité républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité ».

La France doit se ressourcer, oui, mais dans l'ouvertureet la communication, et se situer dans l'Europe afin de lui proposer cette politique de civilisation régénératrice. Ces impératifs peuvent trouver une expression territoriale et économique.

Il faut lutter contre la déshumanisation des villes et campagnes, rendre la qualité de vieéconomiquement vitale et rentable au même niveau que l'écologie.

Il faut envisager des emplois pour réduire la mécanisation, la perte de convivialité et régénérerbourgs et villages ainsi que transformer les agglomérations en cités.

Les contre-tendances qui ont été vues se développent et s'amplifient : on ravive le biologique,l'artisanal et le besoin s'accroit pour ces produits.

On assiste à un début d'exode urbain.

Pour encourager la régénération des campagnes, des aides et protectionsdoivent être fournies pour l'exode urbain et la reprise de petits commerces.

Il faut aider au développement de gites ruraux, du tourisme agro-gastronomique, à lacréation de parc naturels qui rétroagiraient sur cette politique.

De plus, une nouvelle politique agricole doit être créée, au service de la production de qualité et de lasanté publique.

Stimulée par la conscience de la nocivité de l'industrialisation des cultures et de l'élevage, elle impose des normes de qualité dans les secteursalimentaires.

La qualité et le goût doivent supplanter la quantité, et nous devons éliminer les moyens chimiques au profit des moyens biologiques.

La politique decivilisation, elle, doit favoriser l'éducation des consommateurs, et les aider dans des choix qui stimuleraient une éthique de la consommation. Quand se pose la question de l'emploi, les actions doivent être dirigées pour la régénération du tissu social et non contre le chômage et l'exclusion.

Puisque lesemplois des secteurs soumis à la compétition internationale sont réduits, il faut en créer de nouveaux qui seraient nécessaires à la politique de civilisation : desemplois ruraux et éco-emplois (restauration des coopératives biologiques, développement d'une industrie céréalière au service des populations en famine,développement des institutions d'aide à domicile en milieu rural…), des emplois de solidarité (conseillers-assistants pour problèmes administratifs, assistance à lapetite enfance, aux solitaires, juridique, etc., métiers de solidarité pour la vieillesse…), des emplois de convivialité (création de centres d'aide à la sérénité, aided'installation pour les café-concert, karaokés, bains, saunas, etc., métiers d'humanisation des transports en commun…). Ceci doit être complémenté par la favorisation des initiatives privées, à travers des « Etats généraux de civilisation » qui les rassembleraient.

L'Etat doit fournir aideet cadre aux associations et non les diriger.

Il faut organiser la mise en réseau, l'échange de l'information et la réflexion pour permettre aux initiatives individuelles demettre en lumière des questions de civilisation.

La politique de civilisation doit stimuler et laisser la place aux initiatives individuelles, et les positionner comme uncomplément et non un obstacle pour une économie efficace et organisée.

Aider les pulsions créatives à trouver leur plein emploi, voilà comment traiter à la fois lechômage et les problèmes de notre société.

Morin propose de surcroit un « New Deal » de civilisation : un plan de grands travaux pour la piétonisation des centresville avec ceintures de parking, généralisation des tramways, bus électriques, et itinéraires vélocipédiques.

Il pourrait être financé par les municipalités, régions,l'Etat, et par un fonds européen spécial.

Cet investissement serait justifié par les économies générées dans un domaine qui semble pourtant éloigné : la santé publique.En effet, la vie urbaine provoque bronchites, asthme, maladies cardio-vasculaires, insomnies, stress… Dès lors, il faudrait créer un système comptable capable de prendre en compte les conséquences écologiques et sanitaires des maux de notre civilisation.

Il serait plusfacile de percevoir que les investissements seraient ainsi rentabilisés par un retour à la qualité de vie.

En effet, le prix humain et culturel auquel nous payons nosmaux de civilisation n'est pas négligeable.

Il faudrait donc considérer la création d'un fonds de civilisation afin de financer les grands travaux, les services deproximité, de convivialité, de solidarité… De plus, il faut considérer cette politique de civilisation non comme un concurrent mais comme un complément audéveloppement des entreprises compétitives.

Ce développement réduira les emplois au profit de l'automatisation informatisée, mais nécessitera également la créationde services dirigés par du travail humain, le maintien des services d'intérêt public, et les bénéfices pourraient servir au développement d'une économie plus humaine. Cette politique de civilisation ne vaut pas que pour la France, mais pour l'Europe et pour le monde.

Si aucun pays n'instaure cette réforme, le rôle de la France seraitde la proposer, et de la commencer.

L'exemple serait d'autant plus marquant que la France, pays du bien-vivre, souffre le plus du mal-être actuel.

Cependant, laFrance aurait besoin d'un soutien européen, qui consoliderait d'autant plus la communauté européenne.

La politique de civilisation européenne contribuerait à lacréation d'une conscience d'un destin commun.

De plus, l'Europe doit être vue à la fois comme celle des patries et comme une Europe supranationale.

Les problèmesdoivent être traités en commun.. »

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