PORT-ROYAL de Montherlant (résumé & analyse)
Publié le 08/11/2018
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PORT-ROYAL. Drame en un acte et en prose d'Henry Marie-Joseph Millon de Montherlant (1896-1972), publié à Paris chez Gallimard en 1954, et créé à Paris à la Comédie-Française la même année.
Un premier Port-Royal fut écrit par Montherlant entre 1940 et 1942; mais, à en croire la Préface de l'auteur, « il parut que sa mise en scène ne serait pas acceptée par l'Occupant ». Après relecture et impression défavorable quelques années plus tard, le dramaturge écrivit un second Port-Royal, « inspiré d'un autre épisode de l'histoire du monastère et entièrement différent du premier ». Obsédé de son propre aveu par le jansénisme et stimulé par une formule de Sainte-Beuve dans son propre Port-Royal (1840-1859) - « Port-Royal ne fut qu'un retour et un redoublement de foi à la divinité de Jésus-Christ » -, Montherlant achoppa sur de nombreuses difficultés dramaturgiques, hésitant par exemple entre un découpage en tableaux et le choix d'un seul épisode significatif. Le parti pris final combine ces deux options : l'acteur a condensé en une journée les deux journées historiques des 21 et 26 août 1664, et rassemblé l'action dans un parloir afin d'éviter la« dispersion en tableaux ». Ces libertés à l'égard de l'Histoire n'empêchent pas les multiples emprunts aux témoignages des protagonistes, notamment aux lettres de mère Agnès et à la Relation de captivité de sœur Angélique de Saint-Jean.
«
ques,
hésitant par exemple entre un
découpage en tableaux et le choix d'un
seul épisode significatif.
Le parti pris
final combine ces deux options :
l' acteur a condensé en une journée les
deux journées historiques des 21 et
26 août 1664, et rassemblé l'action
dans un parloir afin d'éviter la« disper
sion en table aux ».
Ces libertés à
l'égard de l'Histoire n'empêchent pas
les multiples emprunts aux témoigna
ges des protagonistes, notamment aux
lettres de mère Agnès et à la Relation de
captivité de sœur Angélique de Saint
Jean.
Accueilli par une critique unanime
ment favorable, Port-Royal fut l'un des
derniers grands succès scéniques de
Mon therlant.
La scène se passe au mo nastère de Port Royal,
en août 1664.
Les religieus es refusent, pour la
plupa rt, de se soum ettre à l'a rchevêque de Paris,
et de signer le formulair e exigé par Louis XIV.
La
jeune sœur Gabrielle, appelée au par loir par son
père, résiste à toutes les pressions de ce dernier :
« Non, je ne signerai pas un formulaire qui
condam ne toutes les idées sur lesquelle s ce
mon astère a été réformé, c'est à dire en quelqu e
sorte fondé.
Ni notre mère Agnès ne veut qu'on
le signe, qui est le reste vénéré du tem ps de
M.
de Saint Cyran, ni M.
Arnau ld, que nous sui
vons en tout, ni ma sœur Angélique de Saint
Jean, qui est moins sa nièce que sa fille devant
l'espr it.» Les religieus es vivent sous la mena ce
d'un redoublement des inte rroga toires et des
persécu tions.
Sœur Angéliqu e, sous pr ieure du
mo nastère, s'entretient avec la jeune sœur Fran
çoise, qui se plain t de voir la préocc upation de
l'« unique nécessaire » distraite au profrt: des
« bulles », « fo rmu laires », « libel les ».
« pam
phle ts » et « censur es».
Sœur Angélique lui
ré pond qu'il n'est pas possi ble de se soustraire à
la pre ssion des « affair es du tem ps ».
et que la
com munauté a le dev oir de main tenir ses droits
et de s'opposer à l'in jus tice.
Entre mère Agnès,
ancienne abbesse du mon astère ; sœur Angéli
que lui fait part de son effroi devant ces circons
tances dramati ques, et de l'état de «tremble
men t » et d'« abandonnemen t » où se trouve
son âme.
Arrive
l'archevêque de Paris, qui somme les
re ligie uses de se soume ttre et de signer le formu
lair e.
Le refus de la com munauté entraîne la
déport ation de douze religieus es, « les plus
re belle s», dans d'autres maisons.
Les exempts de
police se chargen t de l'exécuti on de la me sure.
Sœur Françoise, qui n'est pas du nombr e des par
tantes, défend devant l'archevêque les principes
de la commu nauté contre les compr omissions du
monde : celui ci s'enferre quelqu e peu dans les
ra isons qu'il lui oppose.
Sœur Françoise fait ses
adieux à sœur Angélique, qui semble plongée
dans une étrange prostration.
Entrent, à la fin, les douz e nou vell es religieuses
qui rem placent les dépo rtées, et la nou velle mèr e
commise au gouv ernemen t du mona stère.
«P ort-Royal, écrit Montherlant dans
sa Préface, achève cette "trilogie
catholiq ue" qui comprend avec lui le
Maître de San tiago et La ville dont le
prince est un enfant».
Une indéniable
communauté d'espr it relie en effet le
ja nsénisme de Port-Royal au catholi
cisme farouche du maître de l'Or dre
de Santiago .
Les deux drames histori
ques s'articulent autour du refus
qu'un groupe ou un individu oppose
aux sollicitations harcelantes du
monde : «V ous voulez le nom bre,
nous voulons la pureté », lance sœur
Françoise à l'archevêque, dans un élan
qui fait écho à l'intransigeance de Don
Alvaro .
La structure de Port-Royal n'en
est pas moins spécifique, du fait de la
dimension collective des refus.
Tandis
que le Maître de Santia go (1947 ) divi
sait la matière de l'int rigue en trois
vaines tentatives de persuasion, Port
Royal déroule un long continuum dra
matique où se déploient les diff érentes
modalités et nuances du « sérieux »
chrétien .
Sœ ur Angélique, sœur Fran
çoise et mère Agnès constituent à cet
égard les trois grandes figures du refus,
opposées à l'oppor tunisme tranquille
de sœur Flavie («Je suis entre les
mains de mes Supérieurs : ils me
manient comme un cadavre »).
In car
nation de la sérénité confiante, mère.
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