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POIL DE CAROTTE. Roman de Jules Renard (résumé et analyse de l'oeuvre)

Publié le 27/10/2018

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POIL DE CAROTTE. Roman de Jules Renard (1864-1910), publié à Paris chez Flammarion en 1894. Le récit se
compose de 43 « pointes sèches » (dont 9 avaient paru dans Sourires pincés chez Lemerre en 1890), suivies de l'« Album de Poil de Carotte ». Renard adaptera certaines séquences pour la scène sous forme d'une comédie en un acte et en prose, créée triomphalement à Paris au théâtre Antoine le 2 mars 1900. Une édition définitive, augmentée de cinq nouveaux récits et illustrée par Félix Valotton, sera publiée chez Flammarion en 1902.
 
Le livre est composé de quarante huit courtes séquences montées les unes à la suite des autres sans souci de continuité nanrative (« On pounrait indifféremment le réduire ou le prolonger», écrit Renard dans son joumal) auxquelles succède le bref « Album de Poil de Carotte ».
 
Poil de Carotte, petit dernier de la famille Lepic, ainsi surnommé à cause de la couleur de sa chevelure, est le souffre douleur de sa famille, et tout particulièrement de sa mère. Son grand frère Félix, indolent et insolent, sa sœur Ernes tine, effacée, son père indifférent ou qui feint de ne pas comprendre : tous entrent dans le jeu de Mme Lepic, visant à faire passer, par des vexa tions incessantes et des humiliations perpétuelles, Poil de Carotte pour un enfant veule et cruel. Certaines séquences peuvent être regroupées, formant ainsi des noyaux thématiques : les nuits de Poil de Carotte, ses cruautés (« les Perdrix »), ses distractions, le calvaire des repas, l'histoire de la bonne Honorine, la pension Saint Marc, le séjour chez le parrain, les scènes de chasse avec son père, etc. L'usage du présent et la sobriété de la phrase donnent toute leur efficacité à ces scènes de la vie de famille.


« a de se] venger >>.

Le nom des Lepic est alors inventé pour rendre compte de cette dureté d'une mère, dont pourtant il s'étonne «de ne l'avoir pas à douze ans, menée par le bout du nez >> (jour­ nal, 1903) .

Quant à Poil de Carotte, il emprunte indéniablement de nom­ breux traits de sa personnalité à Jules Renard, roux lui aussi et qui s'identifie à son personna ge jusqu' aux ultimes phrases de son Journal : «J e veux me lever, cette nuit.

Lourdeur.

[ ...

] Un filet coule le long de ma jambe .

[ ...

] Ça sèchera dans les draps comme quand ' j' étais Poil de Carotte .>> Les romans eux-mêmes s'inscrivent d'ailleurs dans ce proj et de fiction autobiographique : «j 'aurais ainsi Poil de Carot te ou l' enfance, les Cloportes, adolescence, et l' É cornifleur, vingtième année.

En faire une satire intime >> (jo urnal, 1892) .

Pourtant, malgré l'accueil très favo­ rable de la critique, Jules Renard reste insatisfait : > En effet, les courtes séquences narratives dont se compose l'ouvrage ont été écrites pour la plupart entre 18 90 et 1894 et publiées dans divers jo urnaux avant d'être rassemblées.

Mais le procédé de montage mis au point dans l'É cornifleur (1892), doublé de l'invention technique du >, permit alors d'obtenir un effet d'immé diateté dont l'auteur était bien consc ient : Poil de Carotte > (journal, 1899).

Le retentisse­ ment du livre est d'autant plus grand que l'auteur s'y contente toujours de montrer sans vouloir démon trer, et qu'à la différence de la pièce de théâ­ tre, moins réussie, le récit ne nous donne pas les clés du com portement des personnage s.

Les brimades subies par Poil de Carotte nous semblent d' autant plus injustifiables que les rai- sons nous en demeurent cachées.

La cruauté de l'en fant envers les animaux qu'il aime est avant tout un désir de se conf ormer à la réputation de férocité qu'on lui fait et d'end urcir un cœur un peu trop sensible.

Si cette Une bonne partie de l'œuvre sou­ vent amère de l'écrivain paraît issue de la volonté d'élucider les mystè res de Poil de Carotte, qui tourmentent Renard jusque dans l'âge ad ulte.

Ainsi de cette note du manuscrit ayant appartenu à Sacha Guitry : > De ce jour s'est sans doute constitué un rapport exceptionnellement fort entre la mère et son fils, fondé sur le sado­ masochisme -dont l'indice dans Poil de Caro tte est l'inhibition totale de l' enfant face aux cruautés de Mme Lepic, son incapacité à se révo l­ ter.

Bien des années plus tard, Renard parvient à la verbaliser dans ce récit de cauchemar, inséré dans le Journal, et où, face à la passivité du père, les rap­ ports mère-e nfant dévoilent une vio­ lence incestueuse dont la froideur de Mme Lepic et l'ang oisse paralysante de Poil de Carotte n'étaient que la partie émergée :. »

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