Poésies de RUTEBEUF (Résumé & Analyse)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document


«
r
RUTEBEUF
Parmi les poètes du xme siècle, il convient de
réserver une place éminente
à Rutebeuf dont
l'œuvre, par la multiplicité de ses formes et de
ses intentions, reflète admirablement la comple
xité
d'une époque riche en accomplissements
et en découvertes.
Auteur de fabliaux, de poèmes
que nous dirions
«engagés», qui traitent avec
passion des affaires universitaires et religieuses,
homme de théâtre, Rutebeuf est surtout, avec
Jean Bodel et Colin Muset, le créateur d'une
poésie« personnelle » qui, renonçant aux mirages
de
1 'idéalisme aristocratique, exp ri me directe
ment, mais avec beaucoup
d'art, la précarité d'une
vie d'homme.
De l'homme, de sa personnalité et de sa vie,
on ne sait que ce
qu'on peut déduire avec pru
dence de
la cinquantaine d'œuvres qui nous est
parvenue
et qui fut probablement composée
entre
1250 et 1285.
Rutebeuf a vécu à Paris et
connaissait bien le
monde universitaire.
Son
existence devait être celle, fantaisite et aléatoire,
d'un jongleur professionnel, pratiquant un peu
tous les genres
pour plaire et monnayant son
talent sans
pour autant consentir à des infidélités
morales de mercenaire ( 1).
Le poète « engagé »
Une grave crise secoua les universités au
xme siècle.
Une âpre lutte opposait les maîtres
« séculiers » aux « réguliers » des ordres men
diants -Dominicains et Franciscains -qui
tentaient de
s'implanter dans J'enseignement
avec
la bénédiction du pape.
La querelle la plus
vive éclata à Paris entre 1252 et 1259,
quand un
maître séculier, Guillaume de Saint-Amour,
après
qu'il eut, dans un traité, violemment pris
à partie les frères mendiants, fut
condamné par
le pape et banni.
1.
Nous ne retenons ici que l'œuvre proprement poé tique de Rutebeuf; d'autres aspects de l'écrivain appa raîtront dans les pages consacrées aux fabliaux et à la
naissance du théâtre en France.
Rutebeuf entra dans cette querelle aux côtés
des amis de Guillaume.
Dans ses poèmes concer
nant l'Université de Paris ou dirigés contre les
moines
(Discorde de l'université et des Jacobins;
Les ordres de
Paris, par exemple), le poète met
sa verve satirique
au service d'un «clan», et il
devait y trouver son avantage, mais il exprime
aussi ses sentiments personnels.
La véhémence
qui le
porte à flétrir la cupidité, l'hypocrisie
et la lâcheté
n'est certes pas empruntée, c'est
la passion du pauvre hère et du chrétien sin~ère
qui sait que la société trahit les idéaux évangé
liques et que cette trahison est la source de toutes
les misères humaines.
Ah! Jésus-Christ.
..
La loi que tu nous as apprise
Est si vaincue et entreprise ...
( 1
)
1.
«Ah! Jésus-Christ...
La loi que tu nous as apprise est tellement bafouée, tellement affaiblie ...
» (Le dit de Sainte Église).
Début du manuscrit de la célèbre complainte Rutebeuf qui devint récemment un succès de Joan Bae.l sur une musique de Léo Ferre (B.N.
Paris).
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