POÈMES de L'INFORTUNE. Poèmes de Rutebeuf (résumé et analyse de l'oeuvre)
Publié le 27/10/2018
Extrait du document
Les Poèmes de l'infortune peuvent se définir comme la longue et douloureuse complainte du jongleur. \"La Griesche d'hiver\" et \"la Griesche d'été\" déplorent les désastres qu'entraîne la pas sion du jeu de dés pour le poète comme pour tous les joueurs. \"Le Dit des Ribauds de Grève\" décrit en douze vers, le dénuement d'une foule dépenaillée et famélique. Dans l'allégorie de \"Renard le Bétourné\", Renard, bien que passant pour mort, est plein de vie et tout puissant au royaume du roi Noble, dont il a détruit les bons usages, avec l'aide du chien Roonel, du loup lsen grin et de l'âne Bernard, fermant aux jongleurs les portes de la cour, disposant des finances royales, transformant en reclus le souverain dont ses sujets se détournent. À en croire “le Mariage Rutebeuf’, le poète a sombré dans la misère en épousant une femme pauvre, vieille et laide ; il n'a plus de linge, de bois, de pain, d'amis; il redoute de rentrer chez lui les mains vides, et touche le fond du désespoir. “La Complainte Rutebeuf' (adaptée et mise en musique par Léo Ferré) évoque l'aggravation de sa pauvreté et l'enchaînement des malheurs qui ont suivi son mariage : il n'a plus rien à engager; il a perdu son œil droit ; son cheval s’eut brisé une jambe, et la nourrice menace d'abandonner son petit enfant faute d'être payée ; il n'a plus de bois pour se chauffer, ni d'argent pour s'acquitter de son loyer; malade pendant trois mois, tandis que sa femme était en couches, il a été abandonné par tous ses amis, et il ne compte plus que sur l'aide du comte de Poitiers. Dans “le Dit d'Aristote\", il prétend traduire les enseignements du philoso phe grec à Alexandre : il faut suivre le conseil des barons, mais ne pas considérer la seule naissance quand il y a mérite ; ne pas rendre une justice vénale ; donner de bonne grâce, car la générosité est le meilleur rempart pour les rois. Dans “la Paix Rutebeuf', le poète souhaite que son pro tecteur de condition moyenne ne s'élève pas trop haut, car les flatteurs s'empareront de son esprit et feront chasser de la cour l'ami d'hier. Il ne faut pas se fier à un puissant versatile. Le poète. privé d'un bon ami qu'il avait en France, perd toutes ses sources de revenus, et il est menacé de cécité.
POÈMES de L'INFORTUNE. Poèmes de Rutebeuf (mort vers 1285), composés entre 1260 et 1270.
On est frappé par le caractère disparate de l'œuvre de Rutebeuf, où il apparaît comme un poète de l'actualité qui dénonce le mal avec la passion de la vérité au cœur, témoin de son temps, enraciné dans un peuple et incarné dans une histoire concrète, ménestrel qui travaille à la commande et dont la vie a connu les vicissitudes inhérentes à cette condition. Dans leur édition, Edmond. Faral et Julia Bastin ont constitué cinq ensembles : 1. Poèmes de l'université et des ordres mendiants ; 2. Poèmes de la croisade ; 3. Poèmes de l'infortune ; 4. Pièces pieuses ; S. Pièces à rire. Cette dispersion thématique s'observe dans chaque groupe comme dans chaque poème. Si l'infortune est le thème commun de l'ensemble regroupé sous ce nom, le thème est diversement traité : \"Briche-mer\" est une épigramme contre une personne non identifiée qui a fait de fausses promesses au poète ; dans \"la Pauvreté Rutebeuf\", celui-ci implore un secours du roi Philippe III ; \"le Dit d'Aristote\" est une leçon au prince pour le mettre en garde contre l'avarice ; \"Renard le Bétourné\" (qu'on peut traduire par \"la Métamorphose de Renard\") est une allégorie animale contre Saint Louis et ses conseillers, les frères mendiants. Chaque poème est ainsi un poème de circonstance. Cette dispersion s'oppose à la clôture des poèmes courtois, modulations sur un même thème amoureux, si bien qu'à la limite nous n'avons qu'un seul et même chant dont le poète compose une nouvelle variation.
«
Les
Poèmes de l'infortune peuvent se déf inir
comme la longue et douloureu se compla i nte du
jongleur .
"La Griesche d'hiver" et "la Griesche
d'é té" déplor ent les désa stres qu'entraîn e la pas
sion du jeu de dés pour le poète comme pour
tous les joueurs.
"Le Dit des Ribauds de Grève"
décrit en dou ze vers, le dénuemen t d'une foule
dépenaillée et famélique.
Dans l'allégorie de
"Renard le Bét ourné", Renard, bien que passant
pour mort, est plein de vie et tout puissant au
roy aume du roi Noble, dont il a détruit les bons
usages, avec l'aide du chien Roonel, du loup lsen
gr in et de l'âne Berna rd, fe rmant aux jongleurs les
portes de la cour , di sposant des fina nces royales,
transf ormant en reclus le souverai n don t ses
suj ets se détournen t.
À en croire "le Mariage
Rut ebeuf', le poète a sombré dans la mis ère en
épou sant une femme pauvre, vieille et laide ; il
n'a plus de linge, de bois, de pain, d'amis ; il
redoute de rentrer chez lui les mains vides, et
to uche le fond du désespoir .
"L a Co mplain te
Rut ebeuf' (adaptée et mise en musique par Léo
Ferré) évoque l'aggrava tion de sa pauvr eté et
l'encha înemen t des malheurs qui ont suivi son
maria ge : il n 'a p lus rien à engag er; il a per du son
œil droit ; son cheval s'est brisé une jambe, et la
nour rice mena ce d'abandonner son petit enfant
faute d'être payée ; il n'a plus de bois pour se
chauff er, ni d'ar gent pour s'acquitter de son
loyer ; mala de penda nt trois mois, tandis que sa
fe mme était en couches, il a été abandonné par
tous ses amis, et il ne comp te plus que sur l'aide
du comte de Poitiers.
Dans "le Dit d'Aris tote", il
prétend traduire les enseignemen ts du philoso
phe grec à Alexandre : il faut suivre le conseil des
bar ons, mais ne pas considér er la seule naissance
quand il y a mérite ; ne pas rendre une justice
vé nale ; donner de bonne grâce, car la générosité
est le mei lleur remp art pour les rois.
Dans "la
Paix Rutebeuf', le poète souhaite que son pro
tecte ur de condi tion moyenne ne s'élè ve pas
trop haut, car les flatte urs s'empareron t de son
espr it et feron t chasser de la cour l'ami d'hier .
Il
ne faut pas se fier à un puis sant versa tile.
Le
poète.
privé d'un bon ami qu'il avait en France,
per d toutes ses sour ces de reve nus, et il est
mena cé de cécité.
"La Pauvreté Rutebeuf' est
une requête au roi Philip pe Ill : sans protecteurs,
Rutebeuf est en proie à la mi sère au poin t d'ê tre
dépourvu de tout : « lie credo » [la prière et le
créd it] lui « est diveeiz » [refusé).
"La Mort Rute
beuf', qu'il vaudr ait mie ux appeler "la Repen
tance Rutebeuf', est peut être le mo t de la fin
pour le poète qui, renon çant à l'ironie et aux jeux gratuits
de la poésie, a décidé de « servir Dieu
parfaite ment », à sa manièr e, dans un poème de
ton grave, appliqué à répéter les vérités essentiel
les, utiles à tous les homme s, qu'il a fini par
déc ouvrir : ne penser qu'à Dieu et à sa bonté,
ne plus mentir à soi même ni aux autres, se rap
peler que la riche sse n'est d'aucun sec ours contre
la mo rt, qu'il faut retrouver la santé de l'âme et
changer de vie.
"Brichem er" est une épigram me
hum oristi que contre un perso nnage qui lui a fait
de vaines promesses.
Les Poèmes de l'inf ortune sont à rap
procher des confessions souvent amè
res des clercs vagants ou goliards (Car
mina burana), des réflexions désabusées
de Colin Muset redoutant les sarcas
mes de sa femme lorsqu'il rentre la
bourse mal garnie, des facéties et des
pleurs de Villon.
Rutebeuf utilise les
cadres formels de son époque, adieu,
congé, testament, confession, prière,
requête -poèmes tournés facilement
v ers l'extérieur et la satire du monde ,
qui laissent peu de place à l'intro spec
tion, sans que, d'ailleurs, on puisse
faire la part du témoign age authenti
que et de l'invention littéraire.
Loin
d'of frir jamais un portrait composé, le
poète se dissimule derrière quelques
types : le « povre fol», le mari accablé,
le clerc tourmenté, le martyr de Dieu et
surtout le jongleur malheureux ; il dis
paraît derrière la multiplicité des rôles
po étiques qu'il emprunte à un réper
toire connu.
Jongleur malheureux, Rutebeuf l'est
d'a bord par sa propre faute .
Homme
sans métier manuel, il vit aux crochets
de hauts personnages à la générosité
inconstante, et sa mauvaise conscience
est d'autant plus grande que sa vie est
en contradiction avec l'ensei gnement
de ses maîtres parisiens comme Guil
laume de Saint-Am our.
Il a le senti
ment d'appartenir à ce groupe de
déclassés qui ont fait des études « par
pris et por honeur conquerre >>, et qui,
faute d'o btenir un emploi, grossissent
les rangs des chômeurs et des errants.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- POÈMES SATURNIENS. Recueil poétique de Paul Verlaine (résumé et analyse de l'oeuvre)
- Odes et Iambes. Poèmes d'André Chénier (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- Tapisseries (les). Poèmes de Charles Péguy (résumé et analyse de l'oeuvre)
- Miracle de Théophile de Rutebeuf (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- POÈMES ANTIQUES. Recueil poétique de Charles Leconte (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)