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POÈMES ANTIQUES ET MODERNES (résumé & analyse)

Publié le 07/11/2018

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POÈMES ANTIQUES ET MODERNES. Recueil poétique d'Alfred de Vigny (1797-1863), publié sous le titre Poèmes (dix poèmes, dont \"Héléna\" retranché des éditions suivantes), à Paris chez Pélicier en 1822, et sous le titre définitif Poèmes antiques et modernes (six poèmes supplémentaires, dont \"Moïse\"), chez Urbain Canel en 1826. La troisième édition, à Paris chez Charles Gasselin en 1829, regroupe ces deux recueils et ajoute \"Éloa\". La quatrième édition, à Paris chez Delloye et Lecou en 1837, y joint encore \"Paris\" (datant de 1831) et \"les Amants de Montmorency\" (première publication en 1832). Le contenu définitif est fixé dans la cinquième édition, à Paris chez Charpentier en 1841; la sixième, à Paris chez Bourdilliat en 1859, est la dernière revue par l'auteur.

La première période de la création poétique de Vigny se situe donc dans les années 1820. Voyant exceller Hugo dans l'ode et Lamartine dans l'élégie, l'auteur, qui subit, dès 1819, l'influence du vers clair et bien ciselé de Chénier et celle du vers plus foisonnant de Byron, trouve son expression personnelle dans le poème (par exemple \"Moïse\" ou \"le Cor\"), où \"une pensée philosophique est mise en scène sous une forme épique ou dramatique\" (Préface de 1829). La veine épique domine, en effet, jusque dans ce que Vigny appelle \"mystère\" (par exemple dans \"le Déluge\") et façonne entièrement un poème comme \"la Frégate la Sérieuse\", alors que la forme dramatique est exploitée dans les dialogues du \"Somnambule\" et de \"la Prison\". Certains poèmes s'inspirent ouvertement de la ballade (\"Madame de Soubise\", \"la Neige\"). Enfin, les deux derniers (\"les Amants de Montmorency\" et \"Paris\"), appelés \"Élévations\", découlent d'un projet poétique, où, partant d'une \"image terrestre\", la pensée exprimée serait déposée \"aux pieds de Dieu\" ; cette sublimation du poème philosophique n'eut pas de suite.

 

Les Poèmes antiques et modernes sont divisés en trois livres. Le « Livre mystique », contenant \"Moïse\", \"Éloa\" et \"le Déluge\", s'inspire des anciens mythes bibliques : Moïse, le chef« puis sant et solitaire » des Hébreux, implore le Sei gneur de lui donner la paix dans la mort. Le thème du Dieu lointain et implacable se retrouve dans \"Éloa\" et \"le Déluge\" : l'ange né d'une larme du Christ prend pitié de Satan, autre ange « exilé », courant ainsi à sa perte sans l'interven tion de Dieu : et le jeune couple innocent du \"Déluge\" doit mourir avec la création entière sans que le Créateur n'intervienne.

« ma nt la section «Antiq uité biblique » s'inspiren t de l'Ancien Testament ("la Fille de Jeph té", où «l e Dieu de la Vengeance » laisse accomplir le me u rtre de la fille par le père ; "le Bain", qui est le fra gmen t d'une description tout amour euse de Suzanne au bain) ou du Nou veau Testament ("la Fem me adultère" reprenant l'histoire du Christ et de la Jui ve infidèle).

Cependant, dès les qua tre poèmes de l'« Antiquité homér ique », les sujets pr ennen t une allure plus libre sous la plume de Vigny, qui y dé veloppe les thèmes de l'amour et de la femme ("le Som nambule", "la Dryade", "S ymétha", "le Bain d'une dame romaine").

Enfin, le « Livre moderne » dépla ce la scène en Europe, que ce soit celle de l'Espagne dans une nouvelle his toire de l'adul tère et de l'infidé li té ("Dolor ida"), ou encor e celle de la France du xvu• siècle avec l'histoire de la fin du mystérieux Masque de Fer ("la Prison").

"Madame de Sou bise" nous transp orte au xv1• siècle, en plein mas sacre de la Sai nt Barth élemy, où la jeune Marie Anne, qui est noble et catholique, devien t duche sse de Soubise en épo usant le duc converti et mour ant.

Voilà donc l'histoire moderne qui fait son entrée dans le recueil, préludée par "le Cor" , poème sur la mort de Roland, et prolongée par "la Neig e", scène touchan te avec deux enf ants gau lois et l'emp ereur Charlemagne, par "la Fré gate la Sérieuse", consacré à la batai lle d'Abouk i r, par "le Trappis te", sur un moine solda t qui s'e ngage pour la défense du roi Ferdinand en 18 22, enfin par "Paris", grand poème qui clôt le re cueil et ouvre de grandes pers pectives sur l'a venir .

Seuls les poèmes "le Malheur", ode lyri que juran t avec le style des autres poèmes, et "les Aman ts de Montmor ency", sur le suicide d'un couple amoureux, se détachent de l'en sem ble histor ique où préd omine nt les thèmes de la souffrance et de la mort (notam ment "la Pris on" , "le Cor", "Paris").

En dépit des modifica tions effectuées au cours des années, le recueil demeure inégal .

Vigny avait bien fait de substi­ tuer, au début du livre, "Moïse" à "H éléna" , poème long et lourd qui sacrifie à l'engouement pour la révolte des Grecs contre les Turcs (une jeune Grecque violée par les Turcs choisit la mort avec ses ravisseurs vaincus par les insurgés grecs).

Mais d'autres poèmes restaient, qui auraient pu faire un second volume moins pesant, par exemple "la Dryade", idylle dans le style de Gessner, ou "Symét ha", élégie inspirée de Millevoye et sentant encore le xvme siècle, ou encore "Madame de Sou bise", ballade bien rythmée où Vi &"ny lutte avec Hugo .

A côté de cette facilité du vers, les grandes fresques de "Mo ïse", d'" Éloa" et du "Déluge ", descriptions colorées par de longues comparaisons et soute­ nues par une action simple et forte, laissent deviner le sens que prendra l'œuvre de Vigny prosateur .

La figure de l'élu ou du génie, qui est en même temps l'exclu ou celui qui se sacrifie ou meurt innocent, prend forme avec cette « antique fatalité >> dont Vigny parle dans "le Malheu r".

Le person­ nage est, certes, Moïse, homme soli­ taire face à un Dieu incompréhensible qui règle son sort, mais aussi solidaire de son peuple qui, à sa mort, le ple ure comme un héros.

Éloa aussi, ce nouvel ange tombé, est abandonnée du Créa­ teur, tout en devenant elle-même, face à Satan, « le Dieu qui peut sauver un ange >>.

Il n'en demeure pas moins que le sort frappe durement les héros de Vigny, et le doute -qu'on retrouve dans les *Destiné es-concernant le Dieu des chrétiens est présent directement ou indirectement dans les poèmes « antiques >> aussi bien que dans les poèmes > ; la grâce man­ que aux deux innocents du "Déluge ", et le Masque de Fer prononce avant de mourir : « Il est un Dieu ? j'a i pourtant bien souffert >> ("la Prison ").

Prison­ nier, lui aussi, de son sort, Moïse ne peut espérer qu'élever, tel un poète, une «voix prophétique >>.

Que l'existence soit dominée par la souffrance, c'est ce qui ressort si bien d'" Éloa" où se conf rontent le Ciel et l' Enfer, car l'ange, en quittant les régions supérieures, va exactement s' aventurer «sur ces degrés confus dont l'enfer est la fin >>.

L'univers reli-. »

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