POÈMES ANTIQUES ET MODERNES Alfred-Victor de Vigny (résumé)
Publié le 14/09/2015
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C’est l’unique recueil poétique qu’Alfred-Victor de Vigny (1797-1863) publia de son vivant. Des pièces qui le composent, — les premières écrites par Vigny, - certaines (dont « La Dryade », « Symétha », « La Fille de Jephté ») parurent, en 1822, sous le titre : Poèmes. Après une nouvelle publication en 1826, Vigny en donnait une réédition en 1829 : au premier recueil avaient été ajoutés les poèmes célèbres : « Le Déluge », « Moïse », « Le Cor ». Le succès, l’intérêt même furent très lents à venir et Vigny s’attristait de voir le public préférer son Cinq-Mars à ses Poèmes. Bien des raisons inclinèrent Vigny à chercher dans l’Antiquité, et surtout dans la Bible, la forme de son expression poétique. La mode de l’époque, tout d’abord : comme beaucoup des jeunes gens qui avaient grandi sous l’Empire, le Génie du christianisme avait été pour lui un livre de chevet, et, du Génie, il était passé à la Bible, dont il avait fait son incessante méditation. Chateaubriand l’avait aussi mené vers Milton et son Dieu austère, terrible, celui de la Bible bien plus que de l'Évangile. Quant à l’antiquité païenne, elle avait obsédé les hommes de la génération précédente, sous la Révolution ; et l’œuvre de Chénier, qui venait d’être publiée, la parait des prestiges d’un nouveau lyrisme qui enthousiasma Vigny. Mais la prédilection pour l’Antiquité a chez Vigny des causes plus profondes : poète, il est malheureusement dépourvu des dons du visuel qui crée naturellement des images ; il ne vit point comme
les autres romantiques dans une continuelle émotion lyrique. Les Légendes suppléent donc à ces défaillances, elles lui fournissent l’univers qu’il ne sait pas tirer de lui-même. Pourtant, et bien qu’il montre un grand souci de la couleur locale, bien qu’il vérifie l’exactitude historique des beaux mots qu’il a d’abord choisis pour leur sonorité pittoresque et exotique, il ne demande finalement à la Bible qu’un cadre. Il retient tout l’extérieur, mais c’est son âme qu’il met à la place des âmes antiques : Moïse, la fille de Jephté, Éloa ne sont pour lui que des figures éternelles où il s’exprime lui-même, et lui seul. Ainsi, sous des dehors antiques, ses personnages sont bien modernes. Le pessimisme de son Moïse n’a rien à voir avec le chef des Hébreux ; la pitié d’Éloa pour Satan était inconnue du monde chrétien. Aussi bien la nature que les héros d’histoire ou de légende, tout est symbole pour Vigny : c’est tout le sens de son art. Ce qu’il veut d’abord dans ces Poèmes, c’est livrer sa pensée, une philosophie, et il n’use de toutes les ressources du lyrisme qu’en vue de ce but unique.
Le « Livte mystique » est considéré comme la plus parfaite expression de son génie poétique : avec son « Moïse », écrit à trente ans, il est déjà à la hauteur des Destinées. C’est qu’aussitôt, dans la Bible, telle qu’il l’interprète, il a trouvé le moyen d’exprimer son pessimisme, son expérience de la solitude de l’homme à qui ne parlent plus ni la Nature, ni les Hommes,
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