PLATON : LA REPUBLIQUE (Résumé & Analyse)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
tyrannie, où le tyran est dominé par les passions.
Démocratie et tyrannie, particulièrement significatives, sont à mille lieues de la justice qui est harmonie.
Si la démocratie a pour mot d'ordre la liberté, cette dernière devient rapidement licence : chacun, en ce régime, mène le genre de vie qui lui plaît. Gouvernement du bon plaisir, de l'égalité licencieuse, la démocratie incarne l'État anarchique, où nulle loi n'est respectée, où chacun tend à dominer l'autre et se complaît dans le désir présent. Chacun fait ce qu'il veut, sans qu'aucune éducation soit requise, livré ainsi au désir du moment, ignorant règles et contraintes.
Ainsi l'ivresse de liberté se transmute-t-elle en désordre et en crainte omniprésente.
« Le père s'accoutume à traiter son fils en égal et à craindre ses enfants [...] Le fils s'égale à son père et n'a plus ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu'il veut être libre [...] Dans un pareil État, le maître craint et flatte les élèves, et les élèves se moquent de leurs maîtres » (Platon, La République, livre VIII, Belles Lettres, p.
35).
La tyrannie, ultime stade, fait passer le peuple de l'anarchie à l'escla vage : un seul exerce alors la domination sur l'homme.
Si l'homme démocratique se complaît dans des désirs multiformes, le tyran établit, au sein de l'État, un excès de servitude.
Mais comment le tyran est-il possible ? La tyrannie suppose une falsification de la parole, un exercice du pouvoir politique à travers le discours faux et menteur.
Peut-on conjurer la décadence et résoudre le problème politique ? La cité idéale implique une hiérarchie et un ordre, un équilibre authentique.
La classe des philosophes est destinée à commander : les philosophes seront placés à la tête de l'État, car ils expriment la raison, connaissent la justice en soi et représentent l'Esprit.
Perfectionnés par une formation
de 50 ans dans toutes les sphères, éduqués par la musique et la gymnastique, mais aussi par la mathématique et ladialectique, ils sont aptes à gouverner la cité, tout en ayant le droit, à 50 ans, de retourner à leurs études.
Si lesphilosophes gouvernent, les gardiens veillent à la défense de l'État et les artisans et paysans (les producteurs) obéissent.
La justice règne quand les trois ordres remplissent leurs fonctions et qu'est sauvegardée l'unité de lacité, guérie par le « philosophe-roi », qui connaît le juste en soi et préserve ainsi la communauté de la décadence.
Mais quelles sont les conditions de réalisation de la cité juste ? Tout d'abord, l'égalité de fonction de l'homme et dela femme : les filles recevront la même éducation que les garçons et l'on pourra recruter le personnelgouvernemental parmi les jeunes filles.
Les deux sexes sont donc appelés à recevoir la même instruction et à remplirles mêmes fonctions.
Communisme des biens et communauté des femmes et des enfants présideront à l'organisation de la vie desgardiens.
Ces derniers n'auront pas de terre, même en commun.
Telle est la cité rationnelle : non seulement lesfemmes n'y sont pas exclues du travail politique, mais le « communisme » s'impose. 4
Que penser de la cité platonicienne ? La description de l'État dans La République ne nous engage-t-elle pas dans des déviations inquiétantes ? Ne sommes-nous pas en présence d'une aberration intellectuelle monstrueuse ? Telleest, par exemple, le jugement de Karl Popper, qui saisit dans la pensée de Platon des ferments « totalitaires ».
Si Platon tempère son communisme dans Les Lois, sa dernière oeuvre, néanmoins il développe, dans ce dialogue, comme dans La République, des vues politiques intransigeantes fondées sur l'Absolu.
Les voyages sont strictement limités et toute une législation vise les incroyants.
Même si Platon imagine un compromis entre les exigences del'idéal et la réalité humaine concrète, il demeure intolérant et, dans une large mesure, utopiste.
N'est-il pas lefondateur de l'utopie sociale et politique ?.
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