Pierre CORNEILLE : Horace

« Corneille Horace est joué en 1640.

La situation historique y est bien pr ése nt e.

En effet, en Fran ce, /' indép en­ dan ce est en jeu face à l'imp érialism e des Habsb ourg.

C'est l'oc casi o n pour Louis Xlii et Ri ch e­ lieu d 'imposer au pays une soumission totale au salut natio­ nal.

Nous trouvons dans Horac e l'éc ho d e ce tte doc trin e de la rai son d 'État.

Le livre Une famille brisée par la guerre T 'Albaine Sabine est mariée au noble Romain Horace ; L Camille , sœ ur d'Horace, est , quant à elle , fiancée à Curiace , frère de Sabine.

Mais Albe et Rome sont en guerre ; les deux familles voient donc leur aff~ction menacée par des circonstances politique s.

En outre , il est décrété que six guer­ rier s, trois Albains et troi s Romains , en un seul combat , décide­ ront de la victoire ; Rome choisit Horace et ses deux frères pour champions ; Albe choisit Curiace et ses deux frères .

Camille et Sabine essaieront en vain d' éviter le combat.

Curiace se laisse fléchir , mais Horace , rappelé à son devoir par son père, le vieil Horace , et par la volonté des dieux , fait preuve d'une intraitable fermeté.

Le combat s'engage ; Albe semble te nir la victoire ; les deux frères d'Horace meurent .

Quant à Horace , il a fui pour diviser ses adversaires inégale­ ment blessés.

Cu ri ace meurt.

Rome ainsi triomphe d'Albe .

Camille, bouleversée par la mort de Curiace, brave son frère glorieux.

Horace la punit en la tuant de son épée.

Le proc ès du h éros fratricide s' engage alors ; Horace est acquitté mais condamné à vivre au service de l'État.

Les excès de l'héroïsme L e meurtre de Camille n'est qu'une séquelle logique de la discorde puis de la haine venues s'introduire sournoi­ sement dans une famille homogène qui connaît une guerre absurde.

Le jugement d'Horace , à la fois héros national et fra­ tricide , est néce ssaire pour résoudre le problème moral posé par sa conduite ; Corneille nous livre ici toute s ses interrogation s s ur la g randeur et les débordements d'une éthique fondée exclusivement sur la puis sance et la gloire.

Horace incarne au plus haut point les limite s de l'héroï sme cornélien : victime des ép reuve s que lui lance le destin , il ne peut que repousser les appels du sentiment.

Le meurtre de Curiace a marqué sa conscience et exacerbé sa volonté , au point que le meurtre de Camille, qu'il aimait beaucoup , n 'est qu e la conséquence d'une obéissance passionnée à so n dé sir de gloire .

A l'issue du juge­ ment , il redev ient pourtant homme, douloureux et digne , ré so lu à croire e n la vertu rédemptr ice de la souffrance .. »