PHÉDON, ou De l’âme de Platon
Publié le 28/09/2018
Extrait du document
Dialogue.
Très beau dialogue, majeur dans l’œuvre de Platon, même si l’on a pu en suspecter l’authenticité, le Phédon met en scène les derniers instants de Socrate. Ce dernier est entouré — outre sa femme Xanthippe (rapidement reconduite !) — de ses disciples Apollodore, Cébès, Criton, Phédon et Sim-mias. C’est ce même Criton qui, dans le dialogue qui porte son nom, avait vainement tenté de persuader Socrate de s’évader.
La discussion roule principalement sur l’immortalité de l’âme. Ici s’élabore toute une théorie des rapports de l’âme et du corps, théorie que la philosophie occidentale retiendra sous le nom de dualisme. Au corps et à l’âme ne correspondent pas les mêmes plaisirs. Ceux que goûte l’âme sont seuls de nature à fonder l’existence morale, qui se caractérise par la recherche de la vertu. On n’atteint celle-ci qu’au terme de ce qu’il faut bien appeler une ascèse : un mouvement par lequel l’âme, se détachant des besoins et des jouissances du corps, peut se penser elle-même et penser toute chose dans sa réalité.
C’est après la mort, dans l’autre vie, que l’âme se possède vraiment tout entière, car elle est libérée du corps, son tombeau — Platon joue ici sur les mots grecs acopa (sôma, «corps») et aqpa (sèma, «tombeau»). Alors que, dans l'Apologie de Socrate, l’immortalité de l’âme n’était présentée que comme une hypothèse plausible, la théorie platonicienne est ici complètement constituée (sans doute depuis le mythe qui achève le Gorgias). Son immortalité, l’âme la doit à son indivisibilité, qui la rend indestructible.
Le procès et la mort de Socrate constituent, dans la culture occidentale, un événement comparable à la Passion du Christ. Comme cette dernière, quoique dans une bien moindre mesure, la fin du premier des philosophes a inspiré de nombreux artistes : David a peint, Lamartine a écrit, Erik Satie a composé une Mort de Socrate.
Liens utiles
- PHÉDON, ou De l’âme de Platon (résumé)
- Platon, Phédon, 83c-d : Le clou de l'âme
- « Il faut éviter de donner accès dans notre âme à l'idée que dans les raisonnements il y a une chance qu'il n'y ait rien de sain ; préférons cette autre idée : que c'est nous qui ne nous comportons pas encore sainement. » Platon, Phédon, ivcs. av. j.-C. Commentez.
- « Mais l'âme ne raisonne jamais mieux que quand rien ne la trouble, ni l'ouïe, ni la vue, ni la douleur, ni quelque plaisir, mais qu'au contraire elle s'isole le plus complètement en elle-même en écartant le corps, et qu'elle rompt, autant qu'elle peut, tout commerce et tout contact avec lui pour essayer de saisir le réel. » Platon, Phédon, ive s. av. J.-C. Commentez.
- C'est, vois-tu, une chose bien connue des amis du savoir que leur âme, lorsqu'elle a été prise en main par la philosophie, était complètement enchaînée dans un corps et collée à lui; qu'il constituait pour elle une sorte de clôture à travers laquelle force lui était d'envisager les réalités, au lieu de le faire par ses propres moyens et à travers elle même. Platon, Phédon, 82 e. Commentez cette citation.