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Petits poèmes en prose (Spleen de Paris) de Charles Baudelaire

Publié le 19/07/2012

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baudelaire

Alkhani dans sa thèse de doctorat sur Baudelaire intitulé « Les Paradis Artificiels comme moyen pour échapper au spleen dans l’œuvre de Baudelaire « fait du spleen chez le poète un élément qui « ouvre la voie de la nouveauté, de l’originalité, mobilisant toute capacité d’attention «. D’ailleurs ne se trouvait-il pas au cœur ce spleen dans les Fleurs du Mal ? Landes et Viegnes dans leur étude sur l’œuvre établissent un lien direct même entre les deux recueils. L’objective essentielle du poète dans la composition des poèmes en prose étant la représentation de la vie moderne, le reflet de la ville urbaine, on y trouve ainsi d’après les deux auteurs une amplification de l’équivalent des « Tableaux parisiens « groupes de poèmes qui ont été intégrés dans l’édition datant de 1861 des Fleurs du Mal. Cette parenté que Landes et Viegnes soulignent fut établie bien avant par un journaliste du journal le Figaro. Dans le numéro du 7 février 1864, on retrouve « l’expression la plus développée de cet étroit rapport […] entre les œuvres poétiques de Baudelaire «. L’interprétation du journaliste est comme suit : « Le Spleen de Paris est le titre adopté par M. C. Baudelaire pour un livre qu’il prépare, et dont il veut faire un digne pendant aux Fleurs du Mal.

baudelaire

« 2.

Un enfant de dix ans qui raconte une nuit passée « avec sa bonne », qui remarque que ses bras et ses tétons sont plus gros que ceux des autres femmes, que sescheveux sentent bon, etc…, etc… ; ce n'est pas un enfant de dix ans.

C'est M.

Baudelaire qui mont le bourrichon du bourgeois.3.

Enfin les « femmes qui sentent bon et l'autre odeur » encore de Salammbô, sont des moyens sadiques que M.

Flaubert (mon excellent ami) et M.

Baudelaire (monexcellent ennemi) peuvent employer dans leurs ouvrages, mais une Revue doit y mettre plus de façons.Baudelaire n'a été ni loyal ni poli : il m'a parlé de pionnerie, parce que j'ai l'honneur d'appartenir à l'Ecole normale, et m'a refusé brutalement des coupuresindispensables.

»La censure qui a retardé la publication du recueil fut l'un des sujets le plus préoccupant pour le poète.

La sensibilité donnée par le poète des Fleurs du Mal à unevirgule devrait être une douleur intraitable voire une véritable torture.

On verra d'ailleurs cette sensibilité dans sa lettre qu'il adressa au directeur de la Revue nationaledatée du 10 juin 1863 :« Je viens de lire les deux extraits (Les Tentations et Dorothée) insérés dans la Revue nationale.

J'y trouve d'extraordinaires changements introduits après un bon àtirer.

Cela Monsieur, est la raison pour laquelle j'ai fui tant de journaux et de revues.Je vous avais dit : Supprimez tout un morceau, si une virgule vous déplaît dans le morceau, mais ne supprimez pas la virgule ; elle a sa raison.

»Cette censure appliquée par les éditeurs va tourmenter le poète jusqu'à la fin de ses jours.

Son recueil deviendra une sorte de hantise qui la poursuivra le restant de savie au point de devenir une obsession.

Une obsession dont Baudelaire tâchera d'en finir avec.

Désespéré, il, lui-même, renommera son œuvre comme un « livremaudit » ; sa lettre qu'il adressa à sa mère le 8 août 1864 démontre à quel point le désespoir s'empara de lui :« Ah ! quelle joie quand ce sera fini ! Je suis si affaibli, si dégoûté de tout et de moi-même, que quelquefois je me figure que je ne saurais jamais achever ce livreinterrompu depuis si longtemps, et dont j'ai cependant tant caressé l'idée.

»A tout cela viennent s'ajouter aussi des critiques que Robert Guiette dans son article sur « Baudelaire et le poème en prose » trouve étonnant.

Mendès ou Leconte deLisle ainsi que Pierre Louÿs déclarèrent que Baudelaire ne fut pas un poète, qu'il ne pensa ‘qu'en prose', et que chacune des Fleurs du Mal ne serait qu'un poème enprose traduit en vers.

Et les petits poèmes en prose ne seraient que ces « brouillons » .

A ces critiques négatives et « étonnantes » on devra rajouter aussi celles quisont positives.

On avait déjà vu que la postérité accorda au poète une interprétation digne de son caractère rénovateur et que déjà la réception des vingt poèmes enprose publiés en 1862 dans la Presse fut un succès.

La critique positive de Théodore de Banville dans le Boulevard qui salua l'authenticité et le génie du poète futrenouvelée par celle de Sainte-Beuve qui encouragea le poète.

Ce dernier remercie le critique dans sa lettre datant de 4 mai 1865.

Pourtant on y distingue la lassitudeque le poète sent désormais : « Hélas ! les poëmes en prose, auxquels vous avez encore décoché un encouragement récent, sont bien attardés.

» Néanmoins lareconnaissance du génie du poète sera réservé dans la plupart des cas à des décennies succédant sa mort.

Gustave Kahn dans son ouvrage sur le poète rédigé en 1925y distingue les caractéristiques de la prose de Baudelaire en le comparant à Bertrand.

Pour Kahn il y a deux sortes de poèmes en prose : « L'une plastique, sobre ;stricte, apporté par Bertrand ; l'autre chantante et musicale, innovée par Baudelaire ».

Dans le même sens Pierre Jean Jouve fait l'éloge du poète et de sa prose quid'après lui représente toute la vie de Baudelaire.

L'œuvre dont fut obsédé le poète est décrit par Jouve comme suit :« Le Spleen de Paris est l'ouvrage qui marque l'utilisation géniale (entourée de profondes difficultés) que Baudelaire a faite de sa névrose.

Dans ces pièces amères, àla recherche du secret inconnu, il trouve à chaque pas son propre mal.

La prose, attentive et acharnée, opère une sorte de biopsie morale que le poème trop armé etmajestueux ne pouvait pas réaliser.

»Le commentaire et l'interprétation de Jouve concernant la poésie en prose de Baudelaire, on verra corresponde en réalité même à ce que le poète s'imagina de cegenre.

Baudelaire écrit dans sa lettre à Arsène Houssaye presque mot-à-mot ce que Jean Jouve voit dans sa poésie :« Quel est celui de nous qui n'a pas rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter auxmouvements lyrique de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience »Autrement dit ce que le poète cherche est une poésie plus libre que les vers permettent de créer et plus abrupt dans ses effets ne s'en détournant pourtant pas de lapoésie stricto sensu toujours dans le sens où elle reflète, le moi lyrique, l'âme du poète.

A ce stade l'interprétation de Suzanne Bernard sur la perception de la poésieen prose du poète semble des plus précises.

Dans sa thèse datant de 1957 intitulé « Le poème en prose de Baudelaire jusqu'à nos jours » elle donne une définition surce que Baudelaire aurait entendu par la poésie en prose :« Il aurait cherché dans la prose précisément le prosaïsme : je veux dire la liberté de la forme, en renonçant volontairement aux couplets, aux refrains, aux symétries,et la liberté du ton et de l'expression, en s'écartant de tous les effets de « prose poétique », cherchés par ses prédécesseurs.

Tentative originale, certes, et féconde enpossibilités ».Michel Viegnes et Agnès Landes dans leur étude sur les Petits poèmes en prose en partant par la définition de la poésie en prose du poète précisent que Baudelaireaurait eu le dessin de créer une prose musicale sans versification avec des placements des « échos », des sons qui se renvoient l'un à l'autre.

Aussi la prose permet aupoète de détenir un « instrument capable de rendre exactement ce qu'il ressent ».

Les deux auteurs continuent leur interprétation comme suit :« Baudelaire, rappelons-le, avait d'abord pratiqué le vers avant d'expérimenter la poésie en prose.

Dans Les Fleurs du Mal, publié en 1857, il avait expérimenté toutessortes de vers difficiles et non classique, pour obtenir des rythmes plus fluides et à même d'épouser les contours de sa rêverie.

Mail il désire maintenant aller plus loinet se libérer totalement des contraintes de la versification.

»En outre les deux auteurs voient dans l'entreprise du poète « une autre ambition essentielle […] traduire plus fidèlement le rythme propre à la vie moderne.

» Etfinalement toujours se basant sur la définition de Baudelaire, ils soulignent la souplesse et la nature indépendante de cette forme de poésie qui permet de regroupersous un même titre des textes très divers.Cette caractéristique rénovatrice, originelle et libératrice du poème en prose du poète n'était pas, on avait vu, assez apprécié ni interprété de la sorte par sescontemporains.

Ainsi Mendès, Leconte de Lisle et Pierre Lou ÿs ne voyant pas dans sa poésie en prose aucune qualité poétique le considéraient non pas comme unpoète.

Leur interprétation que la postérité permet de définir d'injuste n'est néanmoins pas sans base véridique concernant la parenté avec les poèmes en vers du poète.Ils soulignaient cette parenté dans les poèmes en prose, on l'a vu, comme une reproduction des poèmes en vers du poète en allant jusqu'à déclarer que les Petitspoèmes en prose de Baudelaire n'étaient que les brouillons des Fleurs du Mal.

Rien qu'en commençant par l'un des deux titres qui sont les plus usés pour désignerl'œuvre poétique en prose de Baudelaire permet d'établir un lien entre les Petits poèmes en prose et les Fleurs du Mal.

On sait bien que le « mal du siècle » qui pesaitsur la plupart des artistes, poètes, romanciers de la période fut senti de plus belle par Baudelaire.

A un tel point que le mot « ennui » ne fut guère suffisant au poètepour décrire, exprimer, partager le mal qu'il sentit.

Il aurait recours au mot anglais Spleen pour exprimer sa pensée, sa croyance et le dégout que le monde dans lequelil vit lui inspire.

Lama Alkhani dans sa thèse de doctorat sur Baudelaire intitulé « Les Paradis Artificiels comme moyen pour échapper au spleen dans l'œuvre deBaudelaire » fait du spleen chez le poète un élément qui « ouvre la voie de la nouveauté, de l'originalité, mobilisant toute capacité d'attention ».

D'ailleurs ne setrouvait-il pas au cœur ce spleen dans les Fleurs du Mal ?Landes et Viegnes dans leur étude sur l'œuvre établissent un lien direct même entre les deux recueils.

L'objective essentielle du poète dans la composition des poèmesen prose étant la représentation de la vie moderne, le reflet de la ville urbaine, on y trouve ainsi d'après les deux auteurs une amplification de l'équivalent des« Tableaux parisiens » groupes de poèmes qui ont été intégrés dans l'édition datant de 1861 des Fleurs du Mal.Cette parenté que Landes et Viegnes soulignent fut établie bien avant par un journaliste du journal le Figaro.

Dans le numéro du 7 février 1864, on retrouve« l'expression la plus développée de cet étroit rapport […] entre les œuvres poétiques de Baudelaire ».

L'interprétation du journaliste est comme suit :« Le Spleen de Paris est le titre adopté par M.

C.

Baudelaire pour un livre qu'il prépare, et dont il veut faire un digne pendant aux Fleurs du Mal.

Tout ce qui se trouvenaturellement exclu de l'œuvre rythmée et rimée, ou plus difficile à y exprimer, tous les détails matériels, et, en un mot, toutes les minuties de la vie prosaïque,trouvent leur place dans l'œuvre en prose, où l'idéal et le trivial se fondent dans un amalgame inséparable.

D'ailleurs, l'âme sombre et malade que l'auteur a dûsupposer pour écrire Les Fleurs du Mal est, à peu chose de près, la même qui compose Le Spleen de Paris.

Dans l'ouvrage en prose, comme dans l'œuvre en vers,toutes les suggestions de la rue, de la circonstance et du ciel parisiens, tous les soubresauts de la conscience, toutes les langueurs de la rêverie, la philosophie, lesonge, et même l'anecdote peuvent prendre leur rang à tour de rôle.

Il s'agit seulement de trouver une prose qui s'adapte aux différents états de l'âme du flâneurmorose.

Nos lecteurs jugeront si M.

Charles Baudelaire y a réussi.Certains gens croient que Londres seul a le privilège aristocratique de spleen, et que Paris, le joyeux Paris, n'a jamais connu cette noire maladie.

Il y a peut-être bien,comme le prétend l'auteur, une sorte de spleen parisien ; et il affirme que le nombre est grand de ceux qui l'ont connu et le reconnaitront.

»Cette parenté entre l'œuvre poétique en vers et en prose qui fut déjà souligné à l'époque pour Vallet fait que Baudelaire ne se rompit point en composant des poèmesen prose avec le poème en vers.

Au contraire il s'agira plus d'une création parallèle.

Ce parallélisme est déjà présent entre les deux poèmes en prose « Le Crépusculedu Soir » et « La Solitude » publiés en 1855 et les deux poèmes en vers « Le Soir » et « Le Matin » qui ne sont pas encore publié qu'avant 1861 dans l'édition desFleurs du Mal où les « Tableaux Parisiens » ont été intégrés.

« Un Hémisphère dans une chevelure » et « L'Invitation au Voyage » correspondent aux deux poèmes envers des Fleurs du Mal « L'Invitation au Voyage » et « La Crépuscule ».

On trouvera d'autres poèmes en proses correspondant aux poèmes en vers des Fleurs du Mal.. »

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