Pensées de Marc Aurèle
Publié le 30/03/2013
Extrait du document
«
.----------- EXTRAITS
Le stoïcisme a souvent
été mal jugé par la
postérité .
Nietzsche
y voyait une
« transfiguration
morale de
l'esclavage ».
Il est vrai qu'Épictète
était un esclave et qu 'il
soutenait que, du point
de vue stoïcien, son
sort n'était pas pire
qu 'un autre .
Cependant,
il faut
comprendre que
l 'ataraxie stoïcienne
(détachement par
rapport
à tout ce qui est
s uperflu)
n'e st qu'un
moyen, sa fin résidant
dans le bonheur qu'elle
peut procurer.
« La mor t, co mme
l a naissance, est un
mystère de la
nat ure .
»
Les chose s qui dépendent de nous
Il ne faut pas que l'homme vise à l' obser
vance d'aucune de ces choses qui n' appar
tiennent point à l'homme
en tant qu' homme.
Elles ne sont pas exigées de /'homme ; la
nature
del' homme ne les commande pas, et
elles ne sont point /'accomplissement de la
nature humaine .
La fin de l'homme ne se
trouve donc pas en elles, ni
le couronnement
de cette fin, qui est le bien .
De plus, si l'une
de ces choses convenait à l'homme, il ne lui
appartiendrait ni de la dédaigner ni de se
tenir
en garde à son encontre ; il ne serait
pas digne d'être loué, /'homme qui préten
drait n'en avoir pas besoin, et celui qui se
priverait de l'une ou l'autre d'entre elles ne
serait
pas homme de bien , si toutefois
c 'étaient là des biens.
Dans ces conditions,
plus on se dépouille de ces choses et.
d'autres semblables, plus on supporte d'en
être dépouillé, et plus on est homme
de bien.
Telles que sont le plus souvent
tes pensées, telle sera ton intel
ligence,
car/' âme se colore par
/'effet des pensées .
Colore-la
donc par une attention continue
à des pensées comme celles-ci :
;= là où il est possible de vivre, il
est aussi possible de bien vivre.
La mort n'e st rien
Comme touts ' évanouit promp
tement : les corps eux-mêmes
dans le monde, et leur souvenir
dans la durée
! Tels sont tous les
objets sensibles, et particulière
ment ceux qui nous amorcent
par/' appât du plaisir, qui nous effraient par
l'idée de la douleur, ou bien qui nous font
jeter des cris d'orgueil.
Que tout cela est vil, méprisable
, abject, putride
et mort, aux
yeux de la raison qui
put s'en rendre
compte
! Que sont donc ceux dont/' opinion
et la voix donnent
la célébrité ?
Qu'est-ce que mourir ? Si /'on
envisage la mort en elle-même,
et si, divisant sa notion, on an
écarte les fantômes dont elle
s 'est revêtue, il ne restera plus
autre chose
à penser, sinon
qu'elle est une action naturelle.
Or celui qui redoute une action
naturelle est un enfant.
La philosophie : le remède
Qu'est-ce donc qui peut nous
guider
? Une seule et unique
chose : la philosophie.
Et la
philosophie consiste en ceci : à
veiller à ce que le génie qui est en nous reste
sans outrage et sans dommage, et soit au
dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu'il
ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni
par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache
point à ce que les autres font ou ne font pas.
Et, en outre ,
à accepter ce qui arrive et ce
qui lui est dévolu, comme venant de là
même d'où lui-même est venu.
Et surtout, à
attendre la mort avec une âme sereine sans
y voir autre chose que la dissolution des
éléments dont est composé chaque être
vivant.
Si donc
pour ces éléments eux
mêmes, il
n'y a rien de redoutable à ce que
chacun se transforme
continuellement
en un autre, pourquoi craindrait-on la
transformation de leur
ensemble et sa
dissolution
? C'est selon la nature ; et rien
n 'est mal de ce qui se fait selon la nature.
Traduit par Mario Meunier
« A to ut momen t, so n ge avec gravi té, en Romain
et en mâle, à fair e ce
que
tu as en main.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Heureusement la petite cassette qui
renfermait les pensées des bords du Gran et
la philosophie de Carnonte fut sauvée.
Il en
sortit ce livre incomparable, où Épictète
était surpassé, ce manuel de la vie résignée,
cet Évangile de ceux qui ne croient pas au
surnaturel, qui n
'a pu être bien compris que
de nos jours.
Véritable Évangile éternel, le
livre des
Pensées ne vieillira jamais ; car il
n'affirme aucun dogme.
L'Évangile a vieilli
en certaines parties ; la science ne permet
plus d'admettre la naïve conception du
surnaturel qui en fait la base.
Le surnaturel
n'est dans les Pensées qu'une petite merveilleuse
beauté du fond.
La science
pourrait détruire Dieu et l'âme, que le livre
des
Pensées resterait jeune encore de vie et
de vérité.
La religion de Marc Aurèle,
comme le fut par moments celle de Jésus,
est la religion absolue, celle qui résulte du
simple fait d'une haute conscience morale
placée en face de
l'Univers.
Elle n'est ni
d'une race ni d'un pays.
Aucune révolution,
aucun progrès, aucune découverte ne
pourront la changer.
»Renan, Marc Aurèle
et /afin
du monde antique, Calmann Lévy,
1983.
syncrétisme
païen avec la conscience que
to us les innombrables Dieux ne sont
au
fond que l'expression de l'unique toute
puissance qui détermine l'aventure terrestre
et n'est en vérité ni saisissable ni
concevable.
Et la conviction que l'homme
participe au divin, non plus dans la
jouissance et dans l'action, mais seulement
par le renoncement, la tolérance et
l'abstinence, cache au fond une tendance
à
triompher des philosophes de la vie
classique et antique.
Marc Aurèle n'apparaît
ainsi pas comme le rédempteur ou le
triomphateur, mais comme le martyre, le
souffre-douleur du monde antique qui se
délabre.
» W.
Gorlitz, Marc Aurèle,
Empereur et philosophe,
Payot, 1962 .
tache
insignifiante, qui n'atteint pas la
« La grande diversité du ciel des Dieux
helléniques, romains, primitifs et orientalo
égyptiens se fond en une sorte de
1 Roge r-Violl et 2.
3, 4, 5, 6 gravures sur cuivre de L.
Dimanov , Le Club du Livre, Paris MARC AURÈLE 02.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Analyse "Pensées pour soi" de Marc Aurèle
- Marc AURÈLE: Pensées pour moi-même: commentaire
- PENSÉES POUR MOI-MEME, Marc-Aurèle - résumé de l'oeuvre
- PENSÉES de Marc-Aurèle
- Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, L. II, chap. XVII, trad. Mario Meunier, Garnier-Flammarion, 1992.