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PENSÉES de Blaise Pascal (résumé et analyse de l'oeuvre)

Publié le 27/10/2018

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PENSÉES. Ensemble de fragments de Blaise Pascal (1623-1662), publiés par Port-Royal à Paris chez Guillaume Desprez en 1670; nombreuses rééditions suivant des méthodes de classement différentes : par Condorcet et Voltaire en 1778; par Brunschvicg en 1897 et 1904 (chez Hachette) ; par Chevalier (chez Gabalda) en 1925, 1936 et 1949 ; par Tourneur (Éditions de Cluny) en 1938 et 1942; par Lafuma en 1951 (Éditions du Luxembourg) et 1963 (Éditions du Seuil) ; par Sellier en 1976 (Mercure de France) ; par Le Guem (« Folio ») en 1977 et Kaplan (Éditions du Cerf) en 1982 -pour ne citer que les principales.

Ces fragments étaient destinés à une Apologie de la religion chrétienne, dont le projet remonte haut dans la vie de Pascal. Récemment converti - en 1646 -à la spiritualité de Saint-Cyran et à la théologie augustinienne, il aspire à convertir à son tour, comme on le pressent dans une lettre à sa sœur Gil-berte Périer du 26 janvier 1648 : «Je lui dis ensuite que je pensais que l'on pouvait, suivant les principes mêmes du sens commun, montrer beaucoup de choses que les adversaires disent lui être contraires, et que le raisonnement bien conduit portait à les croire quoiqu'il les faille croire sans l'aide du raisonnement. » Aussitôt après la seconde «conversion » de Pascal - en 1654 -, son dessein se confirme : l'Entretien avec M. de Sacy (posth., 1728) prouve qu'il est possible d'utiliser au profit de la religion les philosophes païens ou assimilés, en l'occurrence Épictète ou Montaigne, dont les libertins font leurs maîtres. Mais l'occasion particulière d'où naquirent les premières << pensées » fut le miracle survenu le 24 mars 1656 dans le chœur de Port-Royal de Paris : une relique, la Sainte-Épine, guérit par simple attouchement la nièce de Pascal d'une fistule lacrymale jugée incurable. Quelles preuves plus tangibles pouvait-on proposer aux incroyants que ces interventions divines dans l'histoire humaine, que l'on appelle « miracles » ? Pascal consacre plusieurs dossiers, les plus anciens des Pensées (séries XXXII à XXXIV, dans la terminologie de L. Lafuma, Œuvres complètes de Pascal, Éditions du Seuil, 1963), à définir le miracle et ses conditions de crédibilité. Le projet d'Apologie ne tarde pas, cependant, à dépasser la problématique initiale : « Comme toutes les vérités sont tirées les unes des autres, écrit Gilberte Périer dans la Vie de son frère, c'était assez qu'il se fût appliqué à une, les autres lui venaient comme à la foule. » Pascal estime avoir besoin de dix années de santé pour mener l'entreprise à terme. Il en aura une à peine, de juin 1657 à mai 1658. Une légère amélioration de son état en 1660-1661 permet de nouveaux développements - par exemple les séries V, IX, XI et XXX - mais l'Apologie n'est pas achevée lorsque la mort emporte son auteur, en août 1662. Commence alors la rude tâche des éditeurs.

 

Ils ont en face d'eux près de mille fragments, les uns étendus et élaborés, les autres fort brefs et elliptiques. La plupart se rattachent au projet apologétique, mais certains prolongent la campagne des *Provinciales, préparent les Trois Discours sur la condition des Grands (posth., 1670) ou enregistrent -comme le célèbre « Mystère de Jésus » -méditations et prières. Comment se retrouver dans une telle confusion ? Trois solutions ont été retenues. La première consiste, pour l'éditeur, à choisir son ordre. Il regroupe alors les fragments en fonction de leur sujet, de façon à offrir au lecteur sinon un texte suivi, du moins des nébuleuses de textes cohérents parce que centrés sur un thème commun. La commodité de cette méthode a pour contrepartie son arbitraire : c'est l'éditeur qui décide des thèmes et de leur ordre. Tel fut le principe de la première édition, dite de Port-Royal, qui sortit des presses le 2 janvier 1670; il inspira aussi, pour aboutir à un ordre bien sûr différent, l'édition Brunschvicg parue à l'orée du xxe siècle et qui reste toujours recommandable par la perspicacité de son commentaire. Une deuxième solution semble devoir éviter le défaut de la première : pourquoi ne pas classer les fragments selon l'ordre dans lequel Pascal lui-même les aurait rangés ? Nombre de « pensées >> contiennent en effet des indications de plan, par exemple le fragment 6 (éd. Lafuma) 1 40 (éd. Sellier), où il est question de deux

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« Ces fragments étaient destinés à une Apologie de la religion chrétienne, dont le pr ojet remonte haut dans la vie de Pas­ cal .

Récemment converti-en 1646 - à la spiritualité de Saint-Cyran et à la théologie augustinienne, il aspire à con vertir à son tour, comme on le pres sent dans une lettre à sa sœur Gil­ berte Périer du 26 janvier 1648 : «J e lui dis ensuite que je pensais que l'on pou­ vait, suivant les principes mêmes du sens commun, montrer beaucoup de choses que les adversaires disent lui être contraires, et que le raisonnement bien conduit portait à les croire quoi­ qu'il les faille croire sans l'aide du rai­ sonnement.

>> Aussitôt après la seconde «c onversion •• de Pascal -en 1654 -, son dessein se con firme : l'Ent retien avec M.

de Sacy (posth., 17 28) prouve qu'il est poss ible d'utiliser au profit de la religion les philosophes païens ou assimilés, en l'occurrence Épictète ou Mon taigne, dont les libertins font leurs maître s.

Mais l'occasion particulière d'où naquirent les premières > contiennent en effet des indications de pla n, par exem­ ple le fragment 6 (éd.

Lafuma) 1 40 (éd.

Sellier), où il est question de deux. »

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