PAYSAN PARVENU ou les Mémoires de M... (le), roman inachevé de Marivaux
Publié le 12/03/2019
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PAYSAN PARVENU ou les Mémoires de M... (le), roman inachevé de Marivaux (1735-36), — la suite, publiée ultérieurement (1756-1764), étant apocryphe. Le récit retrace la carrière parisienne, sociale et amoureuse de Jacob, un jeune paysan champenois. Plus qu'aucun autre, ce roman a été lu comme une archive du roman réaliste. Il est vrai qu'il offre un tableau étonnant de la vie parisienne au début du règne de Louis XV : nobles de province, grandes dames et magistrats y côtoient chirurgiens, entremetteuses et domestiques. Mais la mode des pseudo-Mémoires offre à Marivaux une merveilleuse source de
romanesque ; l'énonciation à la première personne permet à l'auteur de se dissimuler derrière le personnage et de se passer de jugement moral à la faveur de la sincérité de Jacob. Ce « gros brunet », devenu M. de La Vallée, ne se trompe pas plus dans ses calculs que dans ses amours : c'est avec un enthousiasme gourmand qu'il épouse sa riche et fraîche quinquagénaire. Ce paradoxe de la sincérité met définitivement hors d'atteinte toute vérité qui ne soit littéraire.
«
PAYSAN
PARVENU (le) ou les
Mémoires de M***.
Roman de Pierre
Cadet de Chamblain de Marivaux
(16 88-1 763), publié à Paris chez Prault
en 1734 (quatre premières parties) et
17 35 (cinquième partie).
Qu 'est-ce que le Paysan parvenu?
Impos sible de s'y tromper : le plus
gr and récit comiq ue français depuis
Rabe lais.
Sa verve et sa virtuosité étour
dissantes consacrent un thème ma
je ur du roman mo derne, l'ascension
sociale, qui mène ici « un gros dodu »
de la ferme à la finance, des champs en
ja chère aux femmes en chaleur .
On ne
sait rien, comme d'habitude, de la
genèse, ou plutôt du surgissement, dru
et droit, de ces « Mémoires » entre la
deuxième (janvier 1734) et la troisième
pa rtie (novembre 1735) de la *Vie de
Marianne, parallèlement aux pièces de
théâtre, qui continuent leur train iné
puisable, et aux onze feuilles du Cabi
net du phil osophe, presque entièrement
rédigées avant l'automne 1734.
On ne
peut que se taire et s'étourdir devant
une fécondité, mieux vaudrait dire une
inventivité aussi prodigieuse, devant
un tel bonh eur de plume dans des
genres aussi divers.
Prem ière partie.
Riche et retiré du monde.
jacob, le narrateur de ces « Mémoires » se garde
bien de cacher son origine, affichée dans le titre,
glos ée dans un « petit préam bule » et l'his toire
de ses neveux «trop glorieux ».
Cadet du fer
mier d'un opulent pr opr iétair e champenois, le
jeune paysan, « beau garçon » de dix h uit à dix
neu f ans, décide de rester à Paris lors de sa pre
mière livraison de vin ; il devien t valet d'un enfant,
ne veu de son seigneur .
Cel uici ent end le ma rier
de force avec une suivante, Geneviève, grosse de
ses œuvres, mais sa mort délivre jacob et sa ruine
le jette à la rue.
Il re nco ntre, sur le Pont Neuf ,
une fraîche dévote de cinquante ans, Mlle Habert
la cad ete, qui l'emb auche comme valet.
Deuxième partie.
Son arrivée semant la ziza
nie, attisée par leur directe ur de conscie nce,
M.
Douci n, entre les deux sœurs dévotes,
Mlle Haber t emména ge avec jacob dans un meu blé
tenu par Mme d'Alain et sa fille Agathe, aux
quel les le jeune homme ne dépla ît pas.
Six jours
après leur rencontre, Mlle Habert, appétissante
rentière de plus de 4 000 livres, propose à jacob,
ébloui, de l'épo user.
Tr oisième partie.
À l'ins tigation de Mlle Habert
l'a în ée, jacob, devenu M.
de La Vallée, doit
s'ex pliquer devant un magi strat.
M.
le président
Il sort victorieux de l'ép reuve, et ne manque pas
d' y plaire à une fausse dévote quinquagénaire,
Mme de Ferval.
Son mariage, encore retardé par
sa partici pation invo lon taire à un assa ssina t pas
sionnel, a enfin lieu.
Habillé, métamorphosé, il
veut devenir financier.
Qua trième partie.
Sur la recommanda tion de
Mme de Fécour, deuxième femme de condit ion
séd uite en deux jours, jacob se rend à Versai lles
sol licite r un emploi auprès de M.
de Fécour.
Mais
touché par les plain tes de Mme d'Orville, qu'il y
rencontre, il reno nce à oc cuper la pla ce de son
époux malade.
Ci nquième partie.
jacob ne peu t jouir de ses
deu x liaisons : Mme de Ferval lui est volée, lors
d'un rendez vo us gala nt, par un chevalier qui
reco nna?t jacob sous La Vallée ; Mme de Féco ur
se croit mour ante.
Mais la fortune lui revient par
la rue.
Volan t au seco urs d'un homme attaqué
par trois autres, il sauve le comte d'Orsan, neveu
du Prem ier minis tre, qui lui raconte son histoire
et l'emmène à la Com édie.
La sixième partie devait faire le portrait de « la
grande actrice [ ...
] qui jouait Monime [ ...
] et celui
des acteurs et des actrices qui ont brillé de
mon temps ».
Il n'est pas bien difficile de rattacher
le Paysan parvenu à l'œuvre antérieure.
La veine comique irrigue les premiers
récits de jeunesse, et elle triomphe
dans les coméd ies.
On trouverait sans
peine dans le roman des passages
qu'on dirait sortis tout droit de la bou
che d'Arlequin (par exemple dans la
première et la troisième partie).
Comment s'en étonner, dans un récit
qui donne une telle place au diable, à
ses œuvres et à ses ruses ? Jacob, Arle
quin et le diable :le trio, qui n'entend
pas finir sur une croix, mériterait un
portrait.
Car Jacob, comme Marianne,
est une créature « dangereuse >> (le mot.
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