« Paysages passionnés... » de Barrés (résumé)

« Paysages passionnés... »

Sans doute pourrait-on regrouper sous ce titre, éminemment barrésien, une série d’œuvres de caractère plus personnel, au statut générique ambigu (recueils de nouvelles, d’essais, de récits de voyages), qui jalonnent la carrière de Barrés et disent la séduction des terres étrangères : au Barrés voyageur l’analyse et l’émotion inspirent quelques-unes de ses plus belles pages, libérées des contraintes formelles et des pesanteurs idéologiques.

Lorrain épris du monde méditerranéen et, par-delà, de l’Orient islamique, il aime une Italie tendre et morbide, n’oubliera jamais la fascination de Venise, si belle de se défaire (« la Mort de Venise », Amori et dolori sacrum, 1903), mais reçoit sa révélation de l’Espagne (dont le souvenir préside au début de Du sang, de la volupté et de la mort, 1894, et à laquelle il revient dans son essai sur le Greco, 1911). Sa révélation, car, dans cette terre de contrastes, lyrique et tourmentée, tendue entre l’âpreté castillane et la langueur andalouse, il se reconnaît lui-même... Le voyage barrésien, étant le moyen de « se faire une âme avec des beautés étrangères », suppose ainsi des ressemblances profondes : « Tout beau voyage est un cas de mimétisme ».