PAULINA 1880. Roman de Pierre-Jean Jouve (résumé & analyse)
Publié le 07/11/2018
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PAULINA 1880. Roman de Pierre-Jean Jouve (1887-1976), publié à Paris chez Gallimard en 1925; réédition revue au Mercure de France en 1959.
Avec le recueil poétique les Mystérieu-ses Noces, ce roman est le premier ouvrage de Jouve après la crise des années vingt, dont résultera le rejet en bloc de toute son œuvre publiée jusqu'alors, ainsi que sa rupture avec son ami et maître Romain Rolland. L'ouvrage porte l'empreinte de l'expérience vécue et des préoccupations majeures de l'auteur : la lecture de textes mystiques (Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila) ; la métapsychologie freudienne, à laquelle il fut initié par sa seconde femme, Blanche Reverchon, traductrice des Trois Essais sur la théorie de la sexualité (1923).
Née en 1849, Paulina, fille du « signer » Mario Giuseppe Pandolfini, grandit dans l'atmosphère « confite, conventionnelle et immuable » d'un palazzo milanais sous la tutelle jalouse de son père et de ses trois frères. De nature gaie et enjouée, pieuse mais aussi innocemment sen suelle, Paulina, toute « feu et vapeur». est entiè rement livrée à elle-même, se sentant brûlée d'une passion à la fois pure et trouble qui la pousse vers l'inconnu, qu'elle s'imagine tantôt comme soumission totale à Dieu, tantôt comme un amour dont le modèle est le couple de Paolo et Francesca campé par Dante.
À Torano, au bord du lac de Côme, lors d'un bal donné pour ses dix neuf ans, Paulina est séduite par le comte Michele Cantarini et connaît, dans ses bras, la douceur «de l'absolu bonheur près de la terre, des lacs et des arbres ». Le comte étant marié, leur amour est condamné à la clandestinité. Pour recevoir son amant dans la villa Pandolfini, la jeune fille doit tromper la surveillance de ses proches et dérober chaque fois la clé de sa chambre sous l'oreiller de son père endormi. Dévorée par la honte, elle lutte contre ce « péché » tout en multipliant les ruses pour protéger sa liaison, qui se poursuivra à Milan.
Paulina a vingt quatre ans lorsque son père meurt sans se douter de sa liaison. Bien que libre, elle continue à garder « le secret le plus complet », espérant réparer de la sorte la faute de l'avoir trompé. En 1876, le comte perd sa femme, Zina, malade depuis longtemps et peut être même folle. Paulina s'attribue la faute de cette mort. Refusant le mariage proposé par le comte, qui tente en vain de combattre ses remords, elle entre au couvent de la Visitation à Mantoue, où elle prend le nom de sœur Blandine. Trop orgueilleuse pour se plier à une simple routine conventuelle, elle se fait remarquer en prenant à la lettre la « fin » de cette maison : « Imitation des anéantissements de Notre Seigneur ». Ses mortifications extrêmes et ses élans mystiques éveillent les soupçons de la supérieure, qui au bout de deux ans, la chasse : son « rayon
«
maj
eures de l'auteur : la lecture de tex
tes mystiques (Catherine de Sienne,
Thérèse d'A vila) ; la métaps ychologie
freudienne, à laquelle il fut initié par
sa seconde femme, Blanche Reverchon,
traductrice des Trois Essais sur la théorie
de la sexualité (1923).
Née en 1849, Paulina, fille du «signer » Mario
Gi useppe Pandolfini, grandi t dans l'atm osphèr e
« confrte, conventionnelle et imm uable » d'un
pala zzo mi lanais sous la tute lle jalous e de son
père et de ses trois frères.
De natu re gaie et
enjouée, pieuse mais aussi innoc emmen t sen
suelle, Paulina, toute « feu et vap eur ».
est entiè
rement livrée à elle -même, se sentant brûlée
d'une passion à la fois pure et trouble qui la
pous se vers l'inc onnu, qu'elle s'imagine tantôt
comme soumission totale à Dieu, tantôt comme
un amo ur don t le modèle est le couple de Paolo
et Francesca campé par Dante.
À Torano, au bord du lac de Côme, lors d'un
bal donné pour ses dix neu f ans, Paulina est
séd uite par le comte Michele Cantarini et
conna ît, dans ses bras, la douc eur «de l'absolu
bonheur près de la terre, des lacs et des arbres ».
Le comte étant marié, leur amour est condamné
à la cland estinité.
Pour recevo ir son aman t dans
la villa Pandol fini, la jeune fille doit tromper la
surveill ance de ses proches et dérober chaque
fo is la clé de sa cham bre sous l'oreiller de son
père endormi.
Dévorée par la honte, elle lutte
contre ce « péché » tout en mul tipli ant les ruses
pour protéger sa liaison, qui se poursu ivra à
Mi lan.
Paulina a ving t quatre ans lorsq ue son père
meurt sans se dou ter de sa liaison.
Bien que libr e,
elle continue à gar der « le secret le plus
comple t », espéran t réparer de la sorte la faute
de l'avoir trompé.
En 1876, le comte perd sa
fe mme, Zina, malade depuis lo ngtemps et peut
être même folle.
Paulina s'attribue la faute de
cette mort.
Refusant le mariage proposé par le
comte, qui tente en vain de com battre ses
remords, elle entre au couvent de la Visi tation à
Man toue, où elle prend le nom de sœur Blan
din e.
Trop orgue illeuse pour se plie r à une simple
ro uti ne conventu elle, elle se fait remar quer en
pr en ant à la lettre la « fin » de cette maison :
« Im itation des anéanti ssemen ts de Notre Sei
gneur ».
Ses mort ificati ons extrêmes et ses élans
mysti ques év eill ent les sou pçons de la sup érieur e,
qui au bou t de deux ans, la chasse : son « rayon nement
pernicieu x de sensuali té » serait cause
de l'attachement trop tendre que lui porte une
autre sœur.
Désir euse d'abandon et d'oubli, Paulina vit en
re cluse dans « il Gioiello », une villa solitaire sur
la colline d'Arcetri, où elle espèr e bâtir son
« couvent intér ieur ».
Mais, au lieu de la paix, elle
n'y trouve que le «vide de l'âme » et sent renaî
tre son ancienne passion.
Cédant à l'« espri t de
mo llesse ».
elle fait appel au comte Cantarini.
Le ur liaison repr end avec « une ardeur de
démon ».
Se croyant entraînée par l'« ouragan
de la perdition », Paulina tue son amant dans un
délir e d'ango isse et de folie, le 22 août 1 880 .
Ap rès une vaine tentative de suicide, elle est
jugée et purge sa peine à la prison de Turin.
Gra
ciée dix ans plus tard, elle se retire à Settign ano,
une bourgade près de Florence, où nous la
retro uvons, en 1 896, sous le nom de Marietta.
Elle n'a pas trouvé le bonheur , mais une espèce
de sérénité faite d'usur e et d'abandon.
Se survi
vant à ell e même telle une « morte vivante », elle
a tout accepté : «j 'atte nds à ma place, je serai
ju gée comme tout le monde.
»
Composé de six chapitres, le roman,
tel un film, se subdivise en 119 scènes
plutôt courtes, où s'entrecroisent deux
voix qui se confondent parfois : celle
du narrateur (récit et commentaires) et
celle de la protagoniste (journal
intime, monologue intérieur, prières,
eff usion s).
Malgré cette dissémination,
et malgré les fréquentes ruptures de
l'ordre chronologique, Paulina 1880
témoigne d'une profonde unité.
Celle
ci est due, d'une part, à une espèce de
glissement par lequel l'action tend vers
sa fin, son sens; d'autre part, à
l'i mmense réseau de correspondances
qui se tisse entre les différentes scènes :
le meurtre de l'amant est préfiguré par
l' épisode où Paulina enfant tue le che
vreau qu'elle aimait ; le miroir devant
lequel elle tente de se suicider rappelle
celui où l'adolescente admirait son
corps ; la chambre bleue, où s'ac
complit la destinée de l'amante-péche
resse, fait, dans le chapitre liminaire,
l'o bje t d'un « inventaire >> qui, de façon.
»
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