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PAUL ET VIRGINIE. Roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (résumé & analyse)

Publié le 07/11/2018

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bernardin

PAUL ET VIRGINIE. Roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), publié dans le tome IV des Études de la nature à Paris chez Didot le Jeune et Méquignon l'Aîné en 1788 ; réédition séparée chez Firmin Didot en 1789, et dans une version revue et précédée d'un long « Préambule» chez Didot l'Aîné en 1806.

 

« Ce petit ouvrage >>, « cette espèce de pastorale», « ce faible essai» : quand il parle de Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre ne semble sûr ni du genre auquel l'œuvre appartient ni de sa valeur réelle. Elle ne paraît en effet avoir été conçue que comme un complément au Voyage à l'île de France (1773), puis aux Etudes de la nature : illustration des lettres du Voyage consacrées à l'île Maurice (alors île de France) ou bien apologie du bonheur simple selon les lois de la nature, prôné par les Études de la nature. À cette hésitation sur le statut de la fiction correspond la difficulté de rédaction qu'a éprouvée Bernardin de Saint-Pierre. La bibliothèque Victor-Cousin à la Sorbonne et les archives du Havre (ville natale de l'auteur) conservent des liasses de brouillons et de versions préparatoires qui témoignent d'une genèse lente et laborieuse. On a publié une Histoire de Mlle Virginie de La Tour qui représente une étape, la mise au net d'une première série d'essais avant que l'ouvrage, remis sur le métier, aboutisse à la version connue.

 

Le roman remporta dès sa publication un immense succès et les rééditions se multiplièrent, sans que le romancier parvînt à en contrôler la prolifération et à éviter les contrefaçons. Il corrigea les fautes de la version de 1788 dès l'année suivante et prépara avec soin une édition de luxe, ornée de six gravures dues aux meilleurs artistes du moment (Laffite, Girodet, Moreau le Jeune, Prud'hon, Gérard et Isabey).

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« simple selon les lois de la nature, prôné par les Études de la nature.

À cette hési­ tati on sur le statut de la fiction corres­ pond la difficulté de rédaction qu'a éprouvée Bernardin de Saint- Pierre.

La bibliothèque Victor-Cousin à la Sor­ bonne et les archives du Havre (ville natale de l'auteur) conservent des lias­ ses de brouillons et de versions prépa­ ratoires qui témo ignent d'une genèse lente et laborie use.

On a pu blié une Histoire de Mlle Virginie de La Tour qui représente une étape, la mise au net d'une première série d'essais avant que l' ouvrage, remis sur le métier, aboutisse à la version connue.

Le roman remporta dès sa publica­ tion un immense succès et les réédi­ tions se multip lièrent, sans que le romancier parvînt à en contrôler la prolifération et à éviter les cont refa­ çons.

Il corrigea les fautes de la version de 1788 dès l'année suivante et prépara avec soin une édition de luxe, ornée de six gravures dues aux meilleurs artistes du moment (Laffite, Girodet, Moreau le Jeune, Prud'hon, Gérard et Isa bey) .

Le narrateur décou vre les ruines de deux cabanes dans une plaine intér ieur e de l'îl e de France.

Un vieillard lui raconte l'histoire de ses habit ants.

Deux Françaises, une jeune veuve, Mme de La Tour, et une paysanne séduite et abandonnée, Marguerite, étaient venues y cacher ce que le monde considér ait comme leur dés honneur ; el les y avaient accouché de Virgi nie et de Pau l.

Aidées par un couple de Noirs , el les y ex ploi tent la terre et élèvent leurs enf ants comme frère et sœur .

Le bonheur semble devoir les dédom mager des malheurs passés.

La vio lence vient pourt ant tout contrari er : violence nat urelle sous la fonme de la puberté de Virgi nie, puis d'un ouragan qui ravage l'exp loitation, vio lence sociale sous les traits d'une pauvre esclave noir e qui sollicite la pitié de la jeune fille.

Enf in, Virgi nie part pour la France rejoindre une riche tante qui veut l'élever selon son rang et en faire son héritière.

Brutalement séparé de celle qu'il aime, Paul est contraint à la réfi exion ; il déba t lon guem ent avec le vieill ard.

Virginie ne peut s'adapter aux manièr es eur opéennes et revient dans son �e natale.

Mais, au momen t d'abor der, le bateau fait nauf rage.

Plutôt que de se déshab il ler, Virginie préfère se noyer sous les yeux de Paul qui reste, impuissant.

sur le rivage.

Le vieil lard tente de consoler le jeune homme qui ne tarde pas à mourir comme, un peu plus tard, l'une et l'autre mère.

La crise de l'Ancien Régime avait redonné vie à la vieille tradition de l' idylle et de la pastorale, et le public se passionna pour les amours malheureu­ ses des deux adolescents, Daphnis et Chloé vertueux, dans un décor pitto­ resque de forêts luxuriantes et de tem­ pêtes brutales.

Mais à l'é poq ue où les ut opies deviennent uchronies, où les îles idéales s'installent dans le futur, la pastorale quitte une Antiquité conven­ tionnelle pour coloniser des terres bien réelles : les Cévennes natales de Florian dans Estelle et Némorin (1788), l'île de France où Bernardin de Saint-Pierre a séj our né.

Ce dernier, quand il rédige Pau l et Virgi nie, obéit aux règles du genre qui exige simplicité et dignité, mais jean Fabre remarque justement : « Comme la plupart des chefs-d'œuvre, celui-ci apporte au genre et à la mode qu'il illustre à la fois son accom plisse­ ment et son démenti .

» Si la pastorale témoignait d'un temps stable et de valeurs pérennes, Paul et Virgi nie constate l'échec du rêve idyllique.

Les Études de la nature avaient été applaudies par les milieux conserva­ teurs, qui attendaient un héraut de la réaction antiphilosophiq ue.

Le ton du roman qui leur fait suite est moralisa­ teur ; il n'est pas sûr pourtant qu'une morale s'en dégage simplement.

Mme de La tour et Marguerite ont été les vic­ times d'une société hiérarchisée et hypocrite qui exporte ses vices sous les tropiques : l'esc lavage soumet les ouvriers noirs à tous les sévices de leurs maîtres.

Les héros de Bernardin se réfu­ gient donc dans un lieu doublement insulaire, derrière l'enceinte des vagues. »

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