Paul ET Virginie de Bernardin de Saint-Pierre

Paul ET Virginie, roman de Bernardin de Saint-Pierre (1788). Publié à la fin des Études de la nature, comme épisode destiné à illustrer la bienfaisance de la nature, le récit acquit rapidement son autonomie et fut réédité indépendamment du traité philosophique. Une première version intitulée Histoire de TU116

 

Virginie de La Tour est issue directement de l'expérience de l'auteur à l'île Maurice, alors île de France. La version définitive établit dès le titre un parallèle entre les deux personnages et leurs mères, l'une de souche noble et l'autre roturière, mais toutes deux exclues d'une société métropolitaine oppressante. Elles viennent chercher refuge dans la nature luxuriante de l'île de France, que Bernardin décrit avec une précision nouvelle dans la littérature française. Les deux enfants sont promis l'un à l'autre et rien ne semble s'opposer à leur bonheur, malgré les violences du climat tropical et les brutalités d'une société esclavagiste. Un épisode confronte Paul et Virginie à la dure condition des esclaves noirs. Une riche parente de Virginie rappelle la jeune fille en Europe. Incapable de s'adapter à l'hypocrisie européenne, elle ne prend le chemin du retour que pour périr dans un naufrage au large de l'île, sous les yeux de Paul : elle refuse de se déshabiller et de se laisser prendre par le marin qui peut la ramener sur le rivage. Martyre de la pudeur, elle est pleurée par Paul qui ne tarde pas à mourir de chagrin, tout comme les deux mères. Cette fin pathétique contribua à l'immense succès du roman, qui devint l'un des grands textes littéraires de la reconquête catholique de la France après la Révolution.