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PASCAL L'Entretien de M. Pascal et de M. de Sacy sur la lecture d'Épictète et de Montaigne Pensées

Publié le 01/05/2014

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écart de valeur ? Chaque ordre est régi par un mode spécifique d'accès aux choses, incapable d'ouvrir accès aux objets de l'ordre supérieur. Les grandeurs chamelles qui sont vues par les yeux ne peuvent voir les grandeurs spirituelles que voit l'esprit, lequel ne peut être à son tour qu'aveugle à la sainteté vue par le seul regard de l'amour. L'exemple du roseau pensant nous a donné à comprendre le mode de constitution de ce jugement de valeur dans le cas des deux premiers ordres : misère du corps et gran­deur de l'âme qui pense la misère du corps. Du même coup apparaît nettement l'usage qui est fait par Pascal de la philosophie cartésienne : là où Des­cartes conçoit une distinction de nature, Pascal ins­taure une différence de valeur qui en modifie la signi­fication. Ainsi, à la différence entre âme et corps succède l'hétérogénéité des ordres. Concevoir une distinction de nature comme une différence de valeur revient à penser en termes de distance. Les rapports entre les ordres sont donc des rapports de distance.

La distance infinie des corps aux exprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la cha­rité, car elle est surnaturelle'. Et la pensée de cette distance opère figurativement : elle se donne à com­prendre et à lire comme un code. La distance 

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« 590 GRADUS PHILOSOPHIQUE dira de mener à bien.

Ce projet naît après le miracle de la sainte épine, qui a favorisé le 24 mars 1656 sa nièce Gilberte Perrier, en la guérissant d'une fistule lacrymale par l'attouchement d'une épine de la couronne du Christ et, selon toute vraisemblance, s'élabore progressive­ ment à partir d'une réflexion sur le sens et la valeur apologétique des miracles.

L'ensemble de ces textes pré­ sente un travail en cours d'élaboration, aux contours encore mal dégrossis, dont rien ne permet d'affirmer que Pascal les aurait conservés tels quels.

Il faut donc se résoudre à lire le grand œuvre de Pascal comme une œuvre inaccomplie.

Ce constat ne laissera pas de déce­ voir son entourage, auquel il avait présenté un plan de son projet au cours d'une conférence dite « à Port­ Royal »,prononcée vraisemblablement en 1657 ou 1658, et qui s'attendait à trouver dans ses papiers une ébauche amplement élaborée.

Aussi, lorsqu'en 1670 paraît la pre­ mière édition des Pensées (dite de Port-Royal), com­ mence une histoire éditoriale à ce jour inachevée dont l'enjeu essentiel demeure la fidélité à l'état historique du texte laissé à sa mort par Pascal, dans lequel l'interprète a obligation de chercher le sens de son projet.

Mais cela revient tout uniment à énoncer une première difficulté, puisque le texte même n'en retranscrit qu'obscurément la teneur.

D'où la question : selon quel ordre de lecture aborder les Pensées, dès lors que l'ordre du classement laissé par Pascal manifeste un ordre d'élaboration et non d'exposition, clair pour son auteur mais obscur pour son lecteur? À cette difficulté matérielle s'ajoute une difficulté de principe, pour autant que l'on prétend lire philosophi­ quement Pascal.

En effet, le projet d'Apologie de la religion chrétienne met explicitement en œuvre une déva­ lorisation de la philosophie : « C'est en vain, ô hommes, que vous cherchez dans vous-mêmes les remèdes à vos misères.

Toutes vos lumières ne peuvent arriver qu'à connaître que ce n'est point dans vous-mêmes que vous trouverez ni la vérité ni le bien.

Les philosophes vous l'ont promis et ils n'ont pu le faire.

Ils ne savent ni quel est votre véritable bien ni quel est votre véritable. »

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