Devoir de Philosophie

PARTAGE DE MIDI de Paul Claudel (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 07/11/2018

Extrait du document

claudel

PARTAGE DE MIDI. Drame en trois actes et en prose de Paul Claudel (1868-1955), publié à 150 exemplaires (hors commerce, à la demande de l'auteur) à Paris à la Bibliothèque de l'Occident en 1906. Claudel donna une version scénique de son texte (Gallimard, 1948), lors de la création de la pièce au théâtre Marigny, le 18 décembre de la même année, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault. Enfin une troisième version parut chez le même éditeur en 1949.

 

[Nous nous référons ici au texte de la pre mière version, moins allégorique que la dernière.]

 

En plein océan Indien, dans un hors temps où tout peut se produire, sur le pont d'un paquebot qui vogue vers la Chine. Au milieu de leur vie, quatre Européens affrontent le soleil de midi : Amalric, l'aventurier qui « déteste les faibles » ; Mesa, le commissaire des Douanes, qui a manqué sa vocation religieuse ; Ysé, une très belle femme, fière et mystérieuse, mal mariée au pâle De Ciz. L'océan s'embrase et cette violence élémentaire met à nu les personnages. Trop occupé à pour suivre son monologue intérieur, Mesa, le misan thrope, ne parvient pas à rompre sa solitude. Sous la lumière crue venue du ciel, il est atteint par une passion fulgurante pour la créature, pour Ysé. Autrefois, Ysé a repoussé Amalric et lui a préféré De Ciz, dont elle a mesuré l'inconsis tance. Elle conna?t sa propre faiblesse et se défte de l'assurance d'Amalric. Elle sait, par instinct, qu'elle est destinée à Mesa, qu'elle est la pro messe tant attendue, encore inaccomplie. Mesa ne veut pas admettre la fatalité qu'elle incarne et para?t refuser cet être de chair alors qu'il a voulu se donner à Dieu, corps et âme. Quoi qu'il en soit, Ysé, la femme mariée, incarne pour lui la figure de l'inaccessible (Acte 1).

 

Dans un cimetière de Hong Kong, sous un ciel menaçant, Mesa monologue : il sait qu'il a déjà consenti au péché. De Ciz fait ses adieux à Ysé et part pour une expédition que Mesa lui a pro posée. Elle tente de le retenir et lui reproche de ne pas savoir l'aimer. Elle retrouve Mesa, à qui elle avait donné rendez vous. À son corps défen dant, Mesa accepte enftn de sceller son union avec la femme défendue mais offerte. Il reconna?t en eux le couple primitif, celui d'une Genèse recommencée, dans un temps nouveau, hors la loi morale mais en conformité avec les desseins de Dieu sur la créature. Dès lors. il faut que tom bent les ultimes obstacles et Mesa fait mine de prévenir De Ciz des dangers qui le menacent, mais le laisse aller vers son destin, la mort. Quant à Amalric, il a rejoint sa plantation (Acte Il).

 

Le soleil se couche sur un port de la Chine du Sud, alors que l'insurrection fait rage. Dans leur maison, Yse et Amalric soutiennent un siège contre les Chinois. Il l'a enlevée alors qu'elle était enceinte de Mesa, après un an de vie commune. Mettant à profrt une absence d'Amalric, Mesa apparaît et donne à Ysé un talisman qui lui per mettra d'échapper à la mort. Il lui reproche sa fuite et tente de se faire reconnaître, de lui parler de leur enfant Mais Amalric revient, l'assomme, s'empare du talisman et s'enfuit avec Ysé ; avant de partir, elle aura laissé son enfant mort. Demeuré seul, Mesa sait qu'il va mourir et il entonne le chant mystique de l'amour enfin accepté. Ysé revient pour consacrer son union avec lui. La faute et le pardon transcendent leur union ultime, en esprit, au-delà de la chair : « Ô Mesa, voici le partage de minuit! et me voici, prête à être libérée, / Le signe pour la dernière fois de ces cheveux décharnés dans le vent de la Mort! » (Acte Ill).

claudel

« loi mo rale ma is en conformité avec les dess eins de Dieu sur la créature.

Dès lors.

il faut que tom ben t les ultimes obstacles et Mesa fait mine de préve nir De Ciz des dangers qui le mena cent, mais le lais se aller vers son desti n, la mort .

Qua nt à Amalr ic, il a rejoin t sa plan tation (Acte Il).

Le soleil se couche sur un port de la Chine du Sud, alors que l'insur rection fait rage.

Dans leur maison, Ys� et Amalr ic sou tiennen t un siège contre les Chi nois .

Il l' a enle vée alors qu'elle était encein te de Mesa, après un an de vie commune.

Me ttant à profrt une absence d'Amalr ic, Mesa appar aît et donne à Ysé un talisman qui lui per mettra d'échapper à la mort .

Il lui reproche sa fu ite et tente de se faire reconnaître, de lui par ler de leur enfant Mais Amalric revient, l'assomme, s'empa re du talisman et s'enfuit avec Ysé ; avant de partir , elle aura lais sé son enfant mort.

Demeur é seul, Mesa sait qu'il va mourir et il ent onne le chant mystique de l'amour enfin accepté.

Ysé revient pour consacrer son union avec lui.

La faute et le par don transce ndent leur union ultime, en esprit, au delà de la chair : « 6 Mesa, voici le partage de minuit! et me voici, prête à être libérée, 1 Le signe pour la dernière fo is de ces cheveux décharnés dans le vent de la Mort ! » (Acte Ill).

L' écriture de la pièce répond, pour Claudel, à une urgence intérieure ; elle est inspirée à la fois par l'échec de sa vocation religieuse, malgré sa conver­ sion de 1886, et par une passion fulgu­ rante pour une femme rencontrée sur le batea u en route pour la Chine.

Une première version est rédigée entre deux voyages en Orient, du 30 août à la fin novembre 1905.

La mise en forme du drame vécu agit comme une vérita­ ble catharsis.

L'interrogation morale transcende les données biographiques et détermine le choix de l'expression, le verset notamment, et la loca lisation de l'int rigue, ouverte sur le monde .

Com posé entre l'Art poétique et les *C inq Grandes Odes, Partage de midi témoigne d'une volonté simultanée et contradictoire de renaître et de connaî­ tre le monde, de « co-na ître >> au monde comme dirait l'auteur .

11 se trouve donc au « midi » de l'œuvre, qui développe alors toutes ses virtualités ; la passion révèle la part divine de l'ho mme se croyant abandonné à sa déréliction dans un monde opaque, alors que la présence de Dieu semble s'éloi gner.

L' intrigue paraît reprendre les composantes d'un banal adultère, redoublé par le conflit entre la chair et l'es prit qui investit Mesa.

En réalité, la distribut ion des pers onnages s'inspire d'un schéma récurrent dans les textes de Claudel : le système de l'éc hang e amoureux entre quatre personnages profondément liés l'un à l'autre par une fatalité qui les dépasse (voir l' É chan ge, 1894) .

11 ne s'agit pas d'un schéma amoureux mélodramatique - d'un ménage à trois -ou tragique - comme chez Racine .

Da ns Partage de midi, deux hommes convoitent une même femme, déjà mariée à un troi­ sième.

Chacun d'eux incarne la figure différente d'un destin possible ; cha­ cun d'eux possède une force plus ou moins affirmée.

Homme sans carac­ tère, De Ciz, à l'im age de Louis Laine dans l'É chan ge, est incapable de remplir la fonction traditionnelle de soutien mora l dévolue à l'époux.

Amalric, aventurier rompu aux voyages loin­ tains, satisfait ses désirs sans réfléchir et demeure sûr de lui, même si autre­ fo is Ysé l'a repoussé : «Q uand je le voudrai, ma guerrière, je vous mettrai la main sur l'épa ule» (1) .

11 est proche des réalités, à la manière des héros bal­ zaciens qu 'aimait tant Claudel et qui lui inspirent des personnages comme Thomas Pollock Nageoire dans l' É chan ge ou Turelure dans sa trilogie à venir (l'Ota ge, 1911).

Aussi comprend­ il immédiatement que Mesa aime Ysé sans vouloir le reconnaître, et il joue un peu le rôle de Pygmalion en le co ntraignant à se révéler.

Quant à Mesa, il doit accepter de vivre dans le monde après avoir tenté d'entrer au service de Dieu ; il ne possède ni la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles